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Ce phénomène qui inquiète l'Europe
CONVERSION À L'ISLAM
Publié dans L'Expression le 27 - 06 - 2006

Les convertis, souvent jeunes, appartiennent généralement à des milieux intellectuels.
Le phénomène de conversion à l'Islam en France, et plus largement en Europe, connaît un tel essor que toutes les institutions, médias, pouvoirs publics, chercheurs, services des renseignements généraux, etc., se penchent sur la question. Avec 10% de la population globale, l'Islam est en effet la deuxième religion en France, après le catholicisme qui concerne 30 millions d'âmes et avant le protestantisme qui n'en comptabilise que 1 million. Il est donc très loin devant le bouddhisme (600.000) et le judaïsme (525.000), nonobstant tous les mouvements de pensée plus ou moins assimilables à une religion.
Selon des statistiques de 2003, la communauté musulmane, évaluée à quelque 6 millions de personnes, se répartit entre les Algériens (35%), les Marocains (10%), les Tunisiens et, suite à la vague d'immigration déclenchée dans les années 80 par la victoire de la gauche, les Africains du Sahel auxquels il convient d'ajouter une communauté turque, également en forte croissance.
Par rapport à cet islam originel, les convertis qui seraient environ 100.000, selon les toutes dernières estimations, ne représentent qu'un pourcentage fort modeste. Mais la tendance a de quoi inquiéter l'Eglise catholique car on observe une progression aussi régulière que généralisée, à l'ensemble de l'Europe occidentale.
En France, il y a eu, ces derniers temps, de nombreux dossiers et articles consacrés au sujet de la conversion à l'Islam, évoqués par des médias aussi disparates que l'Actualité religieuse, Le Monde, France-Pays Arabes etc. Les personnes qui se tournent vers l'Islam participent d'un mouvement complexe de «retour au spirituel», en guise de riposte à la dilution des valeurs du sacré. Les candidates et candidats à la conversion sont en quête d' absolu et sont motivés par une soif de certitude, de rigueur autant que d'humanisme, affranchis des carcans d'une foi régentée par des églises, avec leur hiérarchie, leur apparat et leur diktat. Le catholicisme, depuis Vatican II, a suscité nombre de déceptions chez les fidèles qui ont du mal à supporter les bouleversements socioculturels que l'Eglise suit avec plus ou moins de bonheur.
C'est ce qui explique que les convertis, souvent jeunes, appartiennent généralement à des milieux intellectuels, au contraire des thèses avancées par certaines associations, proches de l'extrême-droite, qui tentent de discréditer les nouveaux adeptes de la religion musulmane, accusés de provenir du milieu carcéral, des familles phagocytées par les cités-ghettos et donc soumises à une acculturation forcée du fait de la promiscuité vécue avec les familles maghrébines, des gens marginaux...
Phénomène séculaire, la conversion obéit à des pulsions difficilement identifiables mais s'appuie indéniablement sur des raisons socio-culturelles qui ont toujours poussé nombre de judéo-chrétiens à opter pour l'Islam.
Ainsi, en 1697, Bayle écrivait déjà que «sans doute, il y a plus de chrétiens qui se font mahométans que de mahométans qui embrassent l'Evangile» compte tenu du fait que «la religion mahométane est plus commode pour vivre, et que la chrétienne est plus sûre pour mourir» (Dictionnaire historique et critique).
Plus près de nous, il y a les exemples édifiants d'Isabelle Eberhard, Léopold Weiss, Pierre Loti, Etienne Dinet et quelques autres, mus par un appétit orientaliste aux fondements plus temporels que spirituels. Mais, d'autres figures compensent celles-là, telles que Vincent Monteil, Roger Garaudy, Michel Chodkiewicz, Eva Vitray-Meyerovitch, l'acteur Richard Burton, Sygrid Hunke, le chorégraphe Maurice Béjart etc. etc. Longtemps, la conversion à l'Islam a été occultée, sinon ignorée, ne présentant d'intérêt que pour quelques rares laboratoires de recherches en sociologie, théologie ou philosophie. Mais l'apparition du terrorisme en France puis en Europe, longtemps avant les événements du 11 septembre 2001, avec sa connotation islamiste, a mis sous les feux de la rampe quelques convertis passés par «les fabriques du Djihad», étudiées au sein de la Fondation de recherches stratégiques dirigée par Jean-Luc Marret.
Il se trouve que ces fabriques sont massivement instrumentalisées par des courants tels que le Tabligh (Pakistan) ou le courant salafite dont les résultats ont atteint, en 5 ans, autant de succès que le Tabligh en 25 ans ! Leur argumentaire est d'autant plus radical qu'ils préconisent, tous deux, une rupture totale avec les moeurs dissolues de l'Occident, les missions salafites ayant, en outre, pour atouts une réelle maîtrise des technologies nouvelles dont Internet ainsi qu'un savoir-faire en matière de finances et d'investissements.
Très actifs les uns et les autres au coeur et en périphérie du mouvement associatif, présents et efficients dans les cités, les salafites sont en train d'engranger les dividendes du travail mené par le Tabligh depuis trois décennies et leurs dirigeants ont créé un dense réseau commercial dans les métiers de l'édition, de la restauration hallal ainsi que de la téléphonie.
Le Tabligh, pour sa part, demeure fidèle à lui-même et poursuit un travail opiniâtre de prosélytisme, dans les universités et dans les prisons, notamment.
Pourtant, sorti de ce contexte sécuritaire, force est de constater que la grande majorité des convertis, tout comme d'ailleurs la grande majorité de la communauté musulmane, vit sa foi en toute tranquillité, sans ostentation ni conflit, consciente qu'elle pratique son culte dans une société laïque en ses principes et catholique en ses élans. Leur statut religieux est régi par les articles 10 et 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, la loi du 9 décembre 1905 relative aux cultes et la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales du 4 décembre 1950, ratifiée par la France le 31 décembre 1973.
Même si les conversions individuelles ne sont pas en théorie enregistrées officiellement, le fait qu'elles donnent lieu à un certificat de conversion établi, entre autres structures, par l'Institut de la Mosquée de Paris, sur la base d'un entretien-évaluation, permet aux autorités d'avoir un tableau estimatif crédible. C'est ce qui permet de penser que la majorité des convertis a embrassé l'Islam sunnite, majoritaire en France et en Europe, caractérisé par son légalisme et son effort d'intégration dans les sociétés d'accueil, contrairement aux thèses alarmantes qui sont agitées, ici et là, pour tenter de juguler une tendance allant du rationnel à l'émotionnel et, d'année en année, plus affirmée.


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