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«Les Algériens n'admettent pas la mémoire sélective»
Halima Moulaï, Chercheure permanente au Crasc d'Oran, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 27 - 09 - 2022

La mémoire et les archives. Une dualité explorée dans tous ses aspects par Halima Moulaï. Dans cet entretien fouillé, qu'elle a bien voulu nous accorder, elle est l'une des premières historiennes à attirer l'attention des deux côtés de la Méditerranée pour faire la différence entre la problématique complexe de la mémoire et celle des archives. À l'occasion, elle plaide avec force que l'accès aux archives doit être libre à tous les chercheurs en histoire sans distinction aucune, si l'on veut aboutir à des résultats tangibles dans ce dossier mémoriel. Halima Moulaï fait partie de cette jeune génération d'historiens capables de servir de passerelle entre les deux nations. Elle est chercheure permanente au Centre de recherche national en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d'Oran, division Histoire et Mémoire.
L'Expression: Pourquoi y a-t-il souvent cette attraction et répulsion des mémoires algéro-françaises?
Halima Moulaï: Etant historienne et non politologue, je peux à la rigueur considérer le traitement de ce dossier comme étant un joker qui a été instrumentalisé par le président de la République française au cours de sa première campagne électorale, déclarant la culpabilité de la France pour ses crimes commis en Algérie colonisée. Après sa victoire, son discours a changé dans la mesure où il ne s'agit plus d'une excuse, mais seulement d'une proposition de remise en perspective. Cependant, l'absence d'une politique bien claire concernant le traitement de ce dossier depuis l'indépendance me semble être la cause principale de ces controverses entre l'attraction et la répulsion des mémoires algéro-françaises.
Réserver l'accès et l'ouverture des archives uniquement aux historiens composant la commission mixte de mémorialistes algéro-française, tout en excluant les autres catégories, en l'occurrence les étudiants en histoire, les journalistes, les chercheurs, ne constitue-t-il pas un mauvais départ pour l'écriture d'un récit mémoriel et historique des deux pays?
Je pense que jusqu'à présent, nous n'avons pas compris la véritable intention des décideurs des deux pays sur le dossier relatif à la mémoire. S'agit-il de rétablir les relations bilatérales entre les deux peuples dans un contexte plus tolérant, ou simplement d'un discours politique qui probablement s'achèvera avec la disparition de son contexte.
Partons sur l'idée qu'il existe une forte volonté politique des deux côtés pour un rapprochement plus étroit entre les deux pays et les deux peuples en évoquant le dossier de la mémoire qui a toujours été la principale cause du conflit entre l'Algérie et la France. Nous devons admettre que l'accès aux archives n'appartient pas exclusivement aux historiens affiliés au comité mixte éventuellement désignés par les décideurs des deux rives. Il est important d'intégrer toutes les catégories intéressées par les études historiques. C'est dans ce contexte qu'il faut réécrire notre histoire dans une approche pluridisciplinaire.
La consultation des archives est le droit de tous. S'il y a une exclusion des non-historiens pour une raison quelconque, il y aura une crise éthique qui compromettra l'avenir de ce dossier sensible.
Faut-il préciser le sens de l'autonomie?
La question d'autonomie, en elle-même, nécessite parfois et même souvent une volonté politique. Pour moi, étant une scientifique spécialiste en histoire, il est important de travailler sur les questions de la mémoire en gardant à la fois l'aspect déontologique et la dimension politique dans la mesure où une conscience totale de l'enjeu politique répond aux intérêts de la partie algérienne. Les discussions, le débat entre les membres du comité éventuel ne seront pas académiques, mais seront liés à tout ce qui est politique pour servir les intérêts des deux pays.
Travailler uniquement sur les archives étatiques officielles suffit-il pour réconcilier les mémoires?
Il est admis que la pression politique des opposants dans les deux pays prend souvent une tournure inacceptable notamment sur les questions de la mémoire. Cependant, le scientifique, en particulier l'historien, peut bénéficier de ces tensions dans la mesure où il les utilise dans ses analyses. L'investigation du champ de la recherche sur la mémoire via l'archive nationale est plutôt fertile et nécessite le regroupement de tous les acteurs sans aucune exclusion. À vrai dire je ne vois pas la difficulté de traiter ce dossier par les historiens, je suis l'une d'eux, si l'on est vraiment conscient de la double dimension politique et historique de la question.
La polémique sur la mémoire ne peut être arrêtée, que ce soit en France ou en Algérie parce qu'elle est liée à une période historique très longue, nous n'avons pas encore fini d'en parler. Si l'on veut en finir avec cette polémique, il ne faut pas insérer cette notion de mémoire dans les conflits politiques ou économiques entre les deux pays. Ces provocations dans le discours politique seront la raison principale de l'échec du comité dans sa mission, et aussi pourquoi elle ne sera pas acceptée par le public, notamment en Algérie.
Le débat et les tensions politiques opposant de temps à autre Alger et Paris n'auront-ils pas une influence sur le travail des historiens des deux côtés?
La question des archives dans le dossier de la mémoire a pris une place très importante qui n'est pas à la mesure des enjeux politiques, scientifiques et historiques du dossier. Or, ce ne sont pas les archives et la polémique qui les entoure qui vont résoudre le problème de la mémoire entre les deux pays. La mémoire est liée à un ensemble d'événements, de tragédies et de peines qui ont créé les sentiments dont nous parlons aujourd'hui. Ils vivent avec nous parce qu'ils se sont transmis d'une génération à l'autre. En conséquence, même si vous orientez la mémoire par une décision politique ou par des sélections faites par des historiens, ces sentiments ne seront jamais contrôlés. Les esprits recomposent toujours les souvenirs en fonction des nouveaux enjeux et de la réalité sociale.
Si l'on veut rapprocher les deux peuples et aller plus loin dans le dossier de la réconciliation de la mémoire, les décideurs doivent s'appuyer sur un groupe d'historiens capables de comprendre les défis de cette mémoire et de satisfaire tous ceux qui la portent à travers un ensemble de propositions fondées sur des preuves scientifiques avec une éthique rigoureuse.
En tant qu'historienne algérienne, je peux vous assurer, sur la base de mes travaux sur la mémoire, que les Algériens n'admettent pas la mémoire sélective. C'est pour cela que la richesse de la mémoire accumulée dans leur esprit nécessite une connaissance approfondie par ces historiens désignés.


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