Alors que l'opération spéciale russe en Ukraine s'apprête à boucler l'année, le ballet occidental des promesses de livraison d'armement lourd à Kiev s'intensifie. Voici quelques mois, les déclarations étaient unanimes, de Washington à Berlin, en passant par Paris, pour dire que les armes fournies étaient à caractère strictement défensif alors même que le président ukrainien Zelensky ne cessait pas de réclamer des moyens d'atteindre le territoire russe. Mais, passées quelques semaines à affirmer que des missiles ne seraient pas fournis, que des chars d'assaut ne seraient jamais expédiés, et que d'autres engins typiquement offensifs ne peuvent ni ne doivent être attribués à l'Ukraine sous peine d'entrer en conflit ouvert avec la Russie, il s'avère qu'en réalité, les puissances occidentales tiennent un discours ambivalent et disent une chose pour ensuite effectuer son contraire. Ces dernières semaines, les déclarations ont porté sur l'octroi d' environ 150 chars américains, allemands et français. Dernier en date, le Portugal vient d'assurer hier qu'il compte bien ajouter quelques chars Léopard dans la cagnotte. Mais tout cet attirail est-il vraiment de nature à contrebalancer le rapport de force entre une Russie dont l'arsenal est conséquent et dont les armements de nouvelle génération attendent d'être expédiés sur les fronts d'Ukraine ou d'ailleurs? La question mérite d'être posée. Le président américain Joe Biden a, jeudi dernier, exclu «catégoriquement» l'envoi en Ukraine de F16 malgré les suppliques de Zelensky encouragé par les promesses des Européens. Sans doute, dans quelques mois, une fois l'opinion publique ferrée, les F 16 deviendront-ils, comme les missiles Patriot et autres engins de guerre totale des outils de coopération fructueuse avec une Ukraine devenue un champ d'expérimentation fort approprié. Laquelle Ukraine n'hésite pas, d'ailleurs, à chiffrer ses «besoins» par centaines d'engins, auquel cas les dizaines de milliards de dollars déjà encaissés ne seraient qu'une goutte d'eau dans l'océan des besoins réels. Et comme on parle, déjà, de la reconstruction, on imagine quelle sera la facture effective de cette mobilisation générale autour d'un confit qui se résume, en réalité, à une opération de police menée par la Russie pour protéger sa population russophone du Donbass. Ni la pluie de roquettes telles que viennent de les garantir les Etats-Unis, à hauteur de 2,2 milliards de dollars, ni les chars Leopard et autres, ni les F16 dont le moment viendra où ils seront déployés au-dessus de l'Ukraine en attendant de se fourvoyer plus loin, ne vont changer quoi que ce soit à un bras de fer entre Moscou et l'Otan, conduit au pas de charge par Washington, et le monde devra vivre avec cette nouvelle angoisse selon laquelle il suffira de presque rien pour que l'aventurisme d'un nid de faucons nazis conduise l'humanité tout entière aux portes d'un enfer apocalyptique.