La première réunion de la Commission de concertation politique au niveau des hauts responsables des ministères des Affaires étrangères algérien et saoudien s'est tenue avant-hier, à Riyadh. La partie algérienne était présidée par le directeur général des pays arabes (au ministère des Affaires étrangères), Noureddine Khandoudi, et la partie saoudienne par le vice-ministre d'Etat chargé des affaires des pays africains, l'ambassadeur Dr. Sami bin Abdullah Al-Saleh. Ont assisté également l'ambassadeur d'Algérie au Royaume d'Arabie saoudite, Mohamed Ali Boughazi, et l'ambassadeur du Royaume d'Arabie saoudite en Algérie, Abdullah Al-Busaïri. La réunion a été l'occasion de passer en revue les relations bilatérales historiques et stratégiques entre les deux pays frères. Forte du retentissant succès du dernier Sommet arabe en novembre 2022, avec une participation record et une organisation impeccable, l'Algérie a impulsé une nouvelle dynamique à l'action arabe et replacé au coeur des débats la centralité de la question palestinienne. Des acquis politiques précieux au moment où la démobilisation a gagné une majorité de pays arabes qui s'entredéchiraient. Il a fallu de l'audace et de la diplomatie pour y parvenir. Fervent défenseur de l'unité et du resserrement des rangs arabes face aux multiples défis de l'heure, le président Abdelmadjid Tebboune met à profit toutes les opportunités pour exprimer cette conviction assumée de l'Etat algérien. nL'Algérie passera le témoin le 19 mai prochain à l'Arabie saoudite dans un contexte régional très particulier. D'une part, le conflit israélo-palestinien qui s'enlise avec les actions intolérables de l'entité sioniste contre des civils palestiniens et qui se poursuivent depuis une semaine. D'autre part, le sommet intervient au moment où la région connaît un bouleversement géopolitique conséquent au rapprochement entre Téhéran et Riyadh Evènement majeur dans les relations internationales, cette normalisation aura des conséquences qui vont profondément bouleverser le paysage politique, militaire et sécuritaire au Moyen-Orient. Désormais, la région connaît l'émergence d'un nouvel acteur: la Chine qui a été longtemps confinée dans un rôle de gros client du pétrole. Les Américains ont échoué d'intégrer l'Arabie saoudite dans les accords d'Abraham. Première victime collatérale, le Makhzen. Il perd tout, y compris La Mecque. Pendant longtemps, il a usé jusqu'à l'abus de la propagande israélienne prompte à agiter l'éventail iranien pour fourvoyer l'opinion internationale et masquer ses dérives dans les territoires occupés du Sahara occidental. Le Maroc est allé jusqu'à soutenir que l'Iran a facilité la livraison d'armes au Front Polisario. Par cette frasque, le Makhzen visait un double objectif. D'abord ranger l'Algérie du côté de l'axe du mal car elle entretient des relations normalisées avec Téhéran ensuite, se rapprocher davantage de son parrain saoudien en pointant le doigt accusateur contre Téhéran, l'ennemi juré de Riyadh. Cinglant revers pour le chef de la diplomatie marocaine, Nacer Bourita qui vient d'apprendre à ses dépens que la diplomatie n'est pas de l'agitation. Avec cet accord irano-saoudien, osera-t-il un instant accuser l'Arabie saoudite de pays soutenant le terrorisme comme il a pris l'habitude de le faire avec l'Algérie? Incroyable avatar des choses. Ce n'est plus l'Iran qui est infréquentable mais c'est le Maroc qui vient de décrocher, haut la main, le trône des revers.