La tension redescend légèrement au Sénégal, où des affrontements meurtriers ont fait 15 morts depuis jeudi et la condamnation à deux ans de prison ferme du chef de l'opposition Ousmane Sonko. Des heurts ont été signalés samedi dans la banlieue de Dakar et Ziguinchor.»Six nouvelles personnes ont été tuées, vendredi, dont quatre dans la région de Dakar et deux dans la région de Ziguinchor», a indiqué Maham Ka, porte-parole du ministre de l'Intérieur, après une nouvelle journée de violents affrontements entre forces de sécurité et manifestants qui protestent toujours contre la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme. La situation était très tendue, vendredi. Des écoles et universités ont été vandalisées et des heurts ont continué dans plusieurs quartiers de la ville de Dakar jusqu'à 2h00 du matin (GMT), rapportent des médias. Les affrontements ont aussi eu lieu dans une autre grande ville de Casamance, la station balnéaire de Cap Skirring. Deux banques ont été incendiées et à l'aéroport de la ville, les vols ont été interrompus, selon des médias. Hier, plusieurs quartiers qui avaient connus des accès de violence jeudi et vendredi dans la capitale sont restés calmes, le ministre de l'Intérieur soulignant «une baisse d'intensité» des manifestations. Antoine Diome a indiqué qu'»environ 500 arrestations» ont été menées depuis le début du mouvement contestataire. Certains parmi eux appartiennent à des formations politiques mais la majorité n'ont pas d'appartenance partisane, a-t-il précisé. Il a aussi affirmé que le Sénégal avait fait l'objet d'attaques «de forces occultes». «Il y a de l'influence étrangère et c'est le pays qui est attaqué», a-t-il dit. «Des installations vitales pour le fonctionnement du pays» ont été prises pour cible pour provoquer «un chaos», a-t-il poursuivi, citant notamment une usine de production d'eau.»Nous ne céderons pas à ces groupes ni à ces étrangers venus piller notre pays», a déclaré plus tôt dans la journée le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang. Les forces de sécurité restent omniprésentes dans la capitale. Vendredi, la communauté internationale, des représentants d'associations et des stars de football comme l'attaquant vedette Sadio Mané ont appelé à la retenue et à cesser les violences. Les Sénégalais retiennent leur souffle dans la crainte d'une arrestation de l'opposant Ousmane Sonko, candidat déclaré pour la présidentielle de 2024, et condamné jeudi à deux ans de prison ferme pour avoir poussé à la «débauche» une jeune femme de moins de 21 ans. Cette décision le rend pour l'heure inéligible. Sonko crie à un complot du président Macky Sall pour l'éliminer politiquement. Il se dit «séquestré» dans sa résidence de Dakar par des forces de sécurité qui empêchent quiconque d'approcher. Sonko peut désormais être arrêté «à tout moment», a dit le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall. Son parti, le Pastef, a appelé «à amplifier et intensifier la résistance (...) jusqu'au départ du président Macky Sall», dont il a accusé le régime «de dérives sanglantes et dictatoriales», vendredi dans un communiqué. Pour le gouvernement, les événements depuis jeudi ne sont pas «une manifestation populaire avec des revendications politiques», mais plutôt «des actes de vandalisme et de banditisme».