Les autorités de transition ont procédé samedi à un remaniement partiel du gouvernement au lendemain de l'annonce du retrait de la mission de l'ONU dans le pays et huit jours après le résultat favorable d'un référendum au projet de nouvelle Constitution. Les poids lourds du gouvernement aux postes stratégiques des ministères de la Défense, des Affaires Etrangères ou de la Justice, sont reconduits mais il est fortement remanié avec 16 nominations, 13 nouveaux ministres et trois qui permutent. Un représentant emblématique de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), principale alliance des Touareg dans le nord, quitte également le gouvernement, alors que les tensions sont vives. Un autre militaire entre au gouvernement, le colonel Assa Badiallo Touré, au ministère de la Santé et du développement social. Les Maliens ont approuvé avec 97% des voix le projet de nouvelle Constitution, un plébiscite pour les autorités de transition, bien que le vote ait été entravé dans de nombreuses localités du centre et du nord, soit par la crainte des attaques terroristes, soit par des désaccords politiques. Les détracteurs du projet le décrivent comme «taillé sur mesure pour un maintien des colonels au pouvoir au-delà de la présidentielle prévue en février 2024». C'était le premier scrutin depuis le coup d'Etat en août 2020 et la refonte des institutions dans ce pays confronté au terrorisme et à une crise à la fois sécuritaire, politique et économique. Les autorités maliennes ont fait de la défense de la souveraineté l'un de leur mantra et ont poussé vers la sortie la mission de l'ONU après avoir déjà rompu en 2021 les relations avec l'ancienne puissance coloniale, la France, pour se tourner politiquement et militairement vers la Russie. Dans ce contexte, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a dit «prendre note» de la décision du Conseil de sécurité de mettre fin au mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), et rappelé l'importance de l'Accord de 2015 pour la paix et la réconciliation, issu du processus d'Alger. «Le secrétaire général prend note de la résolution 2690 par laquelle le Conseil de sécurité a décidé de mettre fin au mandat de la MINUSMA à compter du 30 juin 2023 et de superviser son retrait d'ici au 31 décembre 2023, à la demande du Gouvernement de transition du Mali», indique une déclaration communiquée vendredi par le porte-parole de Guterres. «Le Secrétaire général rappelle l'importance de l'Accord de 2015 pour la paix et la réconciliation au Mali», issu du processus d'Alger, et «exhorte toutes les parties signataires à continuer d'honorer le cessez-le-feu, alors que la MINUSMA se retire». Guterres réaffirme, en outre, la solidarité des Nations unies avec le peuple malien et les autorités dans toutes les épreuves que leur pays a subies. Il continuera à dialoguer avec le Gouvernement de transition du Mali sur la meilleure façon de servir les intérêts du peuple malien, en coopération avec l'équipe de pays des Nations unies au Mali, le Bureau des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel (BRSAO) et d'autres partenaires, selon le porte-parole. Le Conseil de sécurité de l'ONU a mis un terme immédiat vendredi à la mission de maintien de la paix des Casques bleus au Mali, un retrait réclamé par Bamako qui se déroulera sur six mois. La résolution adoptée à l'unanimité a mis un terme au mandat de la MINUSMA «à partir du 30 juin» et stipule qu'à partir du 1er juillet, les Casques bleus cesseront leurs activités pour organiser leur départ «d'ici le 31 décembre».