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«La mine de Tala Hamza va transformer la région»
Professeur Aïssa Mouhoubi, économiste de l'énergie et des matières premières, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 20 - 07 - 2023

L'Expression:Le secteur des mines a été placé par les hautes autorités du pays, au coeur de la stratégie de diversification de l'économie nationale. Quels sont les principaux projets miniers actuels de l'Algérie?
Aïssa Mouhoubi: L'Algérie, avec ses 2.382 millions km² de superficie, foisonne de réserves minérales importantes. Des dépressions géologiques de grande échelle ont permis la formation de minerais qui peuvent mettre le pays au diapason des grandes puissances minières à travers le monde. En effet, en septembre 2021, l'Etat a mis l'accent sur le secteur minier dans le cadre de sa stratégie de diversification de l'économie nationale. En plus de plusieurs projets déjà en cours ici et là, les principaux projets miniers qui devraient être développés dans le cours terme sont les suivants:
· la mine de Ghar Djebilet: situé dans la région de Tindouf, ce projet vise à exploiter les réserves de minerai de fer du site. Il s'agit d'un gisement superficiel, ne nécessitant pas des excavations profondes. Une couche de stérile de 0.5 mètre à enlever suffit pour atteindre le minerai de fer. C'est un des plus importants gisements de fer dans le monde. Le site regorge de 3 milliards de tonnes de réserves, dont près de 60% sont économiquement exploitables. Des extractions qui peuvent atteindre 50 millions de tonnes/an d'ici 2026.
· projet de Tébessa: L'Algérie possède d'importantes réserves de phosphates, et plusieurs projets d'exploitation qui sont en cours d'exploitation. Le projet de Djebel Onk à Tébessa permettra au pays de devenir un important fabricant et un exportateur de premier rang d'engrais. Avec ses 3 milliards de tonnes, le projet permettra de produire 5.4 millions de tonnes d'engrais par an. Avec un investissement qui dépassera les 6 milliards de dollars, les activités Aval du projet engendreront le développement d'infrastructures et des investissements industriels dans trois autres wilayas: la transformation chimique des phosphates à Souk Ahras, la fabrication des engrais à Skikda et l'exportation du produit finis à partir d'Annaba. · le projet de Tala Hamza-Amizour: Le gisement de zinc-plomb, situé dans la wilaya de Béjaïa, emmagasine plus de 53 millions de tonnes de minerais, dont 65% sont exploitables. Les concentrés sont composés de 78% de zinc et de 22% de plomb. Le gisement placera le pays au troisième rang mondial en matière de réserves de zinc et lui offrira un positionnement notable sur la scène internationale, vu que plusieurs mines sont en voie de fermeture.
Comment dissiper les craintes environnementales et la réticence sur les techniques d'exploitation dans le projet de Tala Hamza-Amizour?
La première technique d'exploitation du gisement était refusée par les autorités algériennes, ainsi que par les universitaires de Béjaïa en 2010. En effet, le foudroyage en masse (block caving) est un procédé qui ne respecte pas la nature. Il laisse un cratère énorme. Le procédé est remplacé par la méthode d'exploitation dite de Chambre Remblayée Descendante (CRD). L'avantage de cette technique de haute technologie (la première en Algérie) est que les stériles extraits seront mélangés avec du ciment et de la pouzzolane et utilisés afin de remblayer les galeries forées, après que l'abattage soit terminé. En fin de vie de la mine, la faune et la flore de la région ne seront pas altérés et le paysage sera préservé. En résumé, 25% du coût total du projet est dédié à la protection de l'environnement et à la sécurité.
L'exploitation de cette mine est sur le point de démarrer. Quelles seront les retombées socio-économiques directes de ce projet sur la région?
Dans l'histoire, l'industrie minière a toujours contribué au développement régional, où des villes entières se sont construites (Johannesburg en Afrique du Sud, Butte aux USA, Broken Hill en Australie, Sudbury au Canada, Kiruna en Suède, Røros en Norvège,...).
En termes de développement de l'infrastructure, le projet de Tala Hamza-Amizour a déjà participé à l'accélération des travaux de la pénétrante autoroutière et du dédoublement de la voie ferrée. Un budget spécial pour le soutien des services sociaux est prévu dans le projet. Celui-ci est inhérent au financement des clubs sportifs locaux, de la santé et de l'éducation. Le projet prévoit, a priori, la création de 780 postes d'emploi directs et plus de 4000 postes d'emploi indirects.
Donc l'exploitation de ce gisement, un impact global sur l'économie nationale, en termes de balance commerciale, de contribution au PIB et d'effets sur d'autres secteurs économiques...
Comme vous le savez, l'Algérie est un pays quasi mono-exportateur d'hydrocarbures. La transformation des bruts extraits est le cheval de bataille de toutes les politiques économiques entreprises par le pays. Le secteur des hydrocarbures occupe une place prépondérante dans les grands équilibres macroéconomiques. Ce qui rend l'économie tributaire de l'évolution des prix du brut. Dans sa politique de diversification de l'activité économique, l'Etat relance le secteur minier, lequel occupe une place dérisoire dans les agrégats économiques, à travers une redynamisation profonde et des coopérations internationales pour bénéficier du développement technologique. Dans ce cas, la décision publique doit veiller à ne pas tomber dans le piège de la recherche de la rente où les ressources minières doivent subir des transformations sur le territoire national, avant d'être exportées à l'état brut.
De cette façon, des industries qui contribueront à diversifier l'activité économique seront le moyen de résilience aux caprices des marchés internationaux des matières premières. Car les prix des minerais sont fixés internationalement, tout comme le pétrole.
L'Algérie entame doucement, mais sûrement une transition énergétique pour passer du fossile au renouvelable. Quel est le rôle que peut jouer le secteur minier dans cette transition?
D'abord, j'aimerai attirer votre attention sur le fait de parler de transition énergétique et d'énergies renouvelables. En premier lieu, le monde n'a jamais connu une transition énergétique, mais des additions énergétiques. L'humanité a commencé avec la biomasse. À l'arrivée de la révolution industrielle, on a additionné le charbon. ¨À l'invention du moteur à combustion interne, on a additionné le pétrole, puis on a additionné les énergies qui prennent source du soleil, du vent... Dans ce cas, il est plus idoine de parler de mix-énergétique. En second lieu, il est plus judicieux de faire la différence entre source d'énergie et moyen de production de l'énergie.
En effet, le soleil et le vent sont sources d'énergie permanente, mais intermittentes. Toutefois, les moyens de captation de leurs énergies sont non renouvelables. Ceci revient aux métaux utilisés pour la fabrication des panneaux photovoltaïques (PV) et des éoliennes. À titre d'exemple et sans compter tout, l'industrie du PV consomme actuellement 13% de l'argent extrait dans le monde, tout en contribuant à moins de 1% dans le mix-énergétique mondial. L'alternateur d'une éolienne contient de 1 à 5 tonnes de cuivre. Dès lors, vous remarquez que demain c'est la mine. Dans ce jeu, l'Algérie peut entrer comme premier offreur dans la chaîne de valeurs de l'industrie du «renouvelable».
L'industrie minière prend de plus en plus de l'ampleur dans le monde, depuis les quinze dernières années. Quelles sont les perspectives d'avenir pour celle-ci dans la région?
La ruée vers le numérique et les énergies intermittentes (renouvelables) ont donné, ces dernières années, à l'industrie minière un élan inégalé. En fait, la croissance exponentielle de la consommation des minerais à travers le monde promet un avenir pléthorique pour les pays riches en ces matières. Dans cet ordre d'idées, les marchés des minerais sont plus concentrés que les marchés des hydrocarbures. Des oligopoles coopératifs (cartels) restreints, dont les intérêts convergent facilement, peuvent se constituer sans coup férir sur les économies des pays membres. L'Algérie est un pays qui occupe une place géopolitique dans l'échiquier régional, voire même mondial. Sa richesse en ressources naturelles et sa position stratégique lui confèrent un pouvoir d'action notable afin de mettre son économie en avant. Le pays est en face d'un positionnement de force qu'il doit saisir afin d'être le fournisseur des puissances industrielles mondiales et le pont de passage vers l'Afrique. Les mines et les projets de mines qui sont dans le calendrier de la nouvelle politique économique sont des moyens de conquête de marchés avec une houlette de décideur. Dans cette maquette, avec le projet de la mine de Tala Hamza-Amizour, le pays peut devenir un bassin de galvanisation des pylones électriques, des supports des PV,... 65% de la consommation mondiale de zinc est orientée vers la galvanisation.
Incontestablement, la Chine est le pays qui capte le plus grand nombre des IDE. Comment est-elle devenue une destination privilégiée des entreprises?
La Chine est un pays qui a opté pour une politique de subvention de la consommation des minerais extraits ou importés et transformés nationalement. Les firmes qui s'y installent bénéficient non seulement d'une main-d'oeuvre bon marché et d'autres avantages fiscaux et sociaux, mais d'un accès plus facile à la ressource minière. C'est pourquoi on assiste à des délocalisations massives de grandes entreprises industrielles et du numérique depuis l'Europe et l'Amérique. L'Algérie peut adapter cette politique afin de permettre aux industriels étrangers de bénéficier de ses ressources minérales et de ses hydrocarbures, afin de capter le maximum d'IDE. Sa proximité des pays miniers africains est un autre avantage pour s'approvisionner de minerais bruts à transformer sur le territoire national. Pour y parvenir, les entreprises minières nationales sont dans l'obligation de développer des politiques managériales robustes. Le groupe Sonarem (ex-Manal) est dans cette phase de redéploiement de ses ressources, qui ne doit pas rester à l'état de velléités.


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