La France se préparait hier à commencer à évacuer dans la journée ses ressortissants au Niger, où un putsch a renversé le président Mohamed Bazoum, tandis que le Burkina Faso et le Mali, pays voisins également dirigés par des militaires, ont mis en garde contre toute intervention armée.»Face à la dégradation de la situation sécuritaire au Niger, et profitant du calme relatif dans Niamey, une opération d'évacuation par voie aérienne est en cours de préparation», a écrit hier l'ambassade de France aux Français du Niger, soulignant qu'elle fait l'objet «d'une coordination avec les forces nigériennes».»Cette évacuation débute dès aujourd'hui», a précisé le ministère des AE, ajoutant que la France pourrait évacuer également «des ressortissants européens». Il justifie cette décision par les «violences qui ont eu lieu contre notre ambassade avant-hier et la fermeture de l'espace aérien qui laisse nos compatriotes sans possibilité de quitter le pays par leurs propres moyens». Quelque 600 Français se trouvent actuellement au Niger. L'évacuation se déroule sur une base du volontariat, et via des petits avions de transport de personnels, semblables à des avions de ligne mais appartenant à l'armée, a indiqué une source informée de l'opération. Le ministre italien des Affaires étrangères a annoncé avoir affrété un avion spécial pour ses ressortissants souhaitant quitter le pays. La France, ex-puissance coloniale dans la région et soutien indéfectible du président Bazoum, apparaît comme la cible privilégiée des militaires. Ils l'ont accusée lundi de vouloir «intervenir militairement», ce qu'a démenti la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna. «C'est faux», a-t-elle déclaré. «Il faut démonter les intox et ne pas tomber dans le panneau», a-t-elle également déclaré à propos des slogans anti-français qui ont fleuri lors d'une manifestation devant l'ambassade de France à Niamey, dimanche. Lundi soir, Ouagadougou et Bamako ont affirmé que toute intervention militaire pour rétablir Mohamed Bazoum serait considérée «comme une déclaration de guerre» à leurs deux pays et «entraînerait un retrait du Burkina Faso et du Mali de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest), ainsi que l'adoption de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du Niger». Ils ont ajouté, dans un communiqué commun, qu'ils «refusent d'appliquer» les «sanctions illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les autorités nigériennes» décidées par la Cédéao à Abuja. Cette mise en garde survient au lendemain de la menace d'usage de «la force» proférée par les dirigeants ouest-africains, soutenus par leurs partenaires occidentaux, dont la France. Dimanche, les dirigeants de la Cédéao réunis à Abuja ont fixé un ultimatum d'une semaine pour un «retour complet à l'ordre constitutionnel». Ils ont également décidé de «suspendre toutes les transactions commerciales et financières» entre les Etats membres et le Niger, et de geler les avoirs des responsables militaires impliqués dans le coup d'Etat. Les pressions pour pousser les auteurs du coup d'Etat du 26 juillet à rétablir rapidement «l'ordre constitutionnel» s'accumulent, venant de l'ensemble des partenaires occidentaux et africains du Niger. La France et les Etats-Unis, notamment, y déploient respectivement 1.500 et 1.100 soldats qui participent à la «lutte antiterroriste». Le Niger est l'un des pays les plus pauvres du monde, en dépit de ses ressources en uranium.