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AU Coeur de la tragédie libanaise
BINT JBEIL, MARDJ AIOUN, MAROUN ERASS... ET DAHIA
Publié dans L'Expression le 03 - 09 - 2006

L'acharnement de l'armée israélienne est perceptible à travers les villes entièrement rasées du Sud-Liban
Trente-trois jours de guerre infernale, plus de 1500 raids aériens contre les principales villes du Sud-Liban et de la partie sud de Beyrouth, ayant causé la destruction de près de 30.000 maisons, des dizaines d'infrastructures de base et d'unités industrielles. Soit quelque 10 milliards de dollars de pertes, équivalant à 40% du PIB libanais. Coté humain, la tragédie, dont les retombées accentuent chaque jour les peines des populations sinistrées, a laissé des séquelles indélébiles. Plus de 1000 morts, un million de déplacés et des milliers de sans-abri est le bilan tragique d'une guerre de la «quatrième génération» d'après les experts, en raison des moyens militaires utilisés et dont une grande partie est interdite par les conventions internationales. L'acharnement de l'armée israélienne est perceptible à travers les villes entièrement rasées du Sud-Liban, à l'image d'El Khiam, Bint Jbeil, Mardj Aioun, Maroun Erras et Sour. Des images que les chaînes de télévision occidentales n'«osent» pas diffuser, préférant se ranger sur le thèses américaines, à savoir, que l'aviation israélienne avait pris pour cible les positions du Hezbollah. La manipulation de l'image et par là même de l'opinion publique internationale est l'autre «arme» utilisée par l'Etat hébreu et ses alliés traditionnels pour cacher la débâcle des troupes israéliennes sur le terrain. Le mythe de «l'armée invincible» s'est heurté à une résistance farouche, amenant l'armée israélienne à se retirer au bout de plus d'un mois de combats, certes disproportionnés, mais mieux gérés par le Hezbollah. «C'est la victoire du bien contre le mal», lance un jeune Libanais qui venait de rentrer au pays après avoir été contraint de se réfugier avec sa famille en Syrie voisine. Des dizaines d'autres de ses compatriotes se bousculent au poste de contrôle frontalier pour enregistrer leur retour. Ils sont pour la plupart des jeunes du Sud-Liban, ayant fui les bombardements. «J'ai quitté mon village (El Khiam) au dixième jour de la guerre, laissant derrière moi ma famille décimée», témoigne Fadi, ce jeune visiblement pressé de revoir son village, même en ruine. Au niveau du poste frontalier, aussi bien du côté libanais que du côté syrien, la vigilance est de mise. Nos passeports, ainsi que ceux de la délégation que nous accompagnons (les syndicats arabes) sont minutieusement épluchés par la police des frontières. Près de trois heures pour quitter les lieux et obtenir enfin le sésame d'entrée au Liban. La sécurité est renforcée, d'autant plus que notre passage aux frontières coïncidait avec la visite du vice-ministre iranien des Affaires étrangères, accompagné du chef de la diplomatie libanaise. Sur la route menant de la frontière syrienne vers le Sud-Liban, la carcasse d'un camion d'aide humanitaire pris pour cible par l'aviation israélienne est là pour témoigner de la cruauté de cette dernière. Des dizaines de ponts et d'axes routiers ont été détruits laissant de profonds cratères, qui rendent difficile tout acheminement d'aides, au moment où le pays vit sous le blocus maritime et aérien imposé par l'Etat hébreu. Ce qui se répercute sur les populations, dont le seul moyen de survie demeure la solidarité tous azimuts. En sus des cellules d'assistance mises en place par les militants du Hezbollah pour recenser les besoins et indemniser les commerçants et chefs d'entreprise, les villages sinistrés se sont vite transformés en chantiers, grâce aux bénévoles. A El Khiam, un bourg réduit en amas de pierres et de béton, on ne parle que de la victoire du Hezbollah et du sacrifice des martyrs qui ont tenu tête à l'une des plus grandes armées au monde. «Si nous donnons à chaque fois une leçon de résistance à Israël , nous sommes prêts à consentir d'autres sacrifices», affirme Jaber, un vieillard qui vient de perdre deux de ses fils au combat. L'étendard du Hezbollah côtoyant le drapeau du pays du cèdre dans tous les quartiers sinistrés, qui donnaient l'impression d'un cimetière à ciel ouvert. Sillonnant les décombres et bravant le danger de tout accident mortel, des jeunes viennent nous remettre des posters de Hassan Nasrallah, qu'ils n'hésitent d'ailleurs pas à comparer à Tarek Ibn Ziad ou surtout à Salaheddine El Ayoubi. «Il nous a rendu notre dignité, nous pouvons désormais vivre la tête haute», renchérit une mère de famille qui cherche dans ce qui fut sa maison, le moindre article de valeur à récupérer. Alors que nous nous apprêtions à nous rendre à Mardj Aioun, une patrouille de la force d'interposition des Nations unies pour le Liban (Finul) arrivait en trombe. Une présence certes, rassurante aux côtés de l'armée libanaise, mais que certains perçoivent comme un moyen pour étouffer la résistance. Pour un militant du Hezbollah, «les forces de l'ONU ont tendance à outrepasser leur mission de maintien de la paix, en évoquant le désarmement de la résistance». Et notre interlocuteur d'ajouter: «Il n'est plus question de parler de désarmement tant que l'armée israélienne ne se retire pas des fermes de Chebaâ, du Golan et des territoires palestiniens occupés.»
Nous prenons la route de Maroun Erras, en longeant la «ligne bleue» le long de la bande frontalière avec Israël. Des territoires palestiniens avec des champs des pommiers à perte de vue ; après un halte au siège de la municipalité et du cimetière des martyrs, le cap est mis sur la citadelle de la résistance ou comme l'appellent les Israéliens «Bint Jbeil la maudite».
C'est le fief par excellence du Hezbollah où des combats acharnés ont été livrés à l'armée israélienne, faisant en une journée, une quinzaine de soldats tués. Sur les lieux, des blindés portant des inscriptions en hébreu sont détruits par la résistance. «Les combattants utilisent les obus en fonction de la nature du blindé», indique notre guide, qui, apparemment, est informé du moindre détail du déroulement de opérations militaires du Hezbollah. Perchée sur le flanc ouest de Bint Jbeil, la colonie israélienne de Kafr Kille est là pour témoigner de la dépossession des Libanais de leur terre. L'armée libanaise qui a été chassée par la porte en 2002 est revenue par la «fenêtre» des deux soldats israéliens enlevés. Un avis partagé par la population, qui s'interroge sur le silence de la communauté internationale, après l'enlèvement du président du Parlement palestinien, ainsi que d'une vingtaine de députés. Par ailleurs, la tournée de Kofi Annan, le 28 août dernier, dans la région, a été mal appréciée par l'opinion publique libanaise. Les gens sont unanimes à considérer que la visite de M.Annan aux familles des deux soldats israéliens enlevés est un parti pris flagrant en faveur d'Israël. D'autant plus, affirme-t-on, que ce geste ne fait que confirmer «l'attitude complaisante du Conseil de sécurité de l'ONU à l'égard des massacres des enfants libanais». En somme, aussi bien à Mardj Aioun, El Khiam, Maroun Erras, Sour et Bint Jbeil, le décor apocalyptique est le même. La reconstruction prendra plusieurs mois, voire des années pour effacer les traces de l'agression.
A quelques jours de la rentrée scolaire, des locaux non affectés par les raids israéliens sont aménagés, alors que des salles de classe en préfabriqué seront acheminées incessamment vers les zones sinistrées. Dans ce cadre, le secrétaire général de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi-Saïd, avait annoncé, en marge de la Conférence internationale des syndicats arabes (Cisa) la construction d'une école à Bint Jbeil.
Des instructions ont d'ores et déjà été données par les responsables locaux pour dégager le terrain où sera érigée cette infrastructure.
Le réseau d'assainissement dans certaines contrées partiellement touchées par les bombardements a été endommagé. Des groupes de jeunes s'affairent à rétablir les choses avec les moyens du bord. Ce qui est frappant chez les populations du Sud, c'est le sens de l'accueil de l'étranger, mais pas n'importe lequel. Levant les deux doigts en signe de victoire, ils sont fiers de leurs martyrs dont ils brandissent les portraits. Les enfants, la frange la plus traumatisée de cette guerre absurde menée par Israël, le regard perdu, n'arrivent pas à comprendre ce qui vient d'arriver à leur village. Pour exprimer leur colère, alerter l'opinion internationale à travers les médias, des chaussures d'enfants sont attachées sur les façades des boutiques.
Sur les champs de mines, la prudence est de mise. Les bombes à fragmentation et autres mines larguées par l'aviation israélienne peuvent exploser à tout moment. Des équipes spécialisées de l'armée libanaise sont sur les lieux pour écarter le danger et éviter d'autres victimes. Il y a quelques jours, trois artificiers avaient trouvé la mort en tentant de désamorcer une bombe. Ce qui a nécessité le recours à des équipements de déminage suisses pour conférer à ces actions davantage de précision.
La situation est donc d'une extrême complexité aussi bien dans le Sud que dans la capitale, notamment, dans le quartier sud de Beyrouth. Connu sous le nom de Harat Harek, ce quartier de la Dahia abrite le quartier général du Hezbollah, ainsi que le siège de la chaîne de télévision Al Manar. Des deux infrastructures, il n'en reste que des ruines. Cependant, en dépit de la destruction de son siège, Al Manar a continué à diffuser quelques heures après. Cette zone est totalement contrôlée par les militants du Hezbollah qui épient discrètement la moindre présence. L'utilisation des caméras et des appareils photo est réglementaire. On ne vous laisse pas par exemple filmer les alentours de la télévision Al Manar, ainsi que d'autres lieux abritant les bureaux du Hezbollah. Des zones interdites «par mesure de précaution» nous apprend-on sur les lieux. Un quartier transformé en un véritable no man's land, puisque les habitants ont déserté leurs immeubles au début des bombardements. Des engins étaient en train de dégager les tonnes de béton et d'acier sous les regards abattus des familles, revenues après la guerre constater les dégâts et tenter de récupérer leurs effets personnels. Ce qui est à retenir c'est le sens du civisme des Libanais qui, contrairement aux scènes de pillage que connaissent certains pays en temps de guerre et de catastrophes, se sont organisés en comités pour préserver les biens de leurs compatriotes.
Des tentes du Hezbollah sont érigées ici et là pour recueillir les réclamations et cerner les besoins des populations. Un registre est ouvert aux chefs d'entreprises et autres commerçants en vue de leur indemnisation.
Des fonds ont même été collectés pour aider les habitants de Dahia à reconstruire leurs magasins, dont il ne reste que des montagnes de décombres. A l'entrée comme à l'extérieur du périmètre, un service d'ordre infaillible est assuré par des vigiles du Hezbollah, qui participent aussi aux opérations de déblaiement. Talkie-walkie à la main, ils informent leurs collègues du moindre mouvement suspect ou présence d'une délégation politique ou d'une équipe de journalistes. Une fois alertés, des dispositions sont aussitôt prises pour accueillir les «visiteurs». Des dizaines de chaises sont disposées sous une grande tente faisant office de salon pour accueillir les délégations sur fond de versets coraniques diffusés à travers un mégaphone ; de jeunes artistes expriment, chacun à sa façon, les différentes facettes de la tragédie, à travers des portraits, des tableaux de peinture et de la poésie. Qui a dit que le Hezbollah est un mouvement extrémiste? D'ailleurs, des jeunes filles non voilées figurent parmi le comité d'organisation, sous le regard indifférent des militants du Hezbollah. Pour eux, seuls compte la résistance et le sacrifice pour la défense du Liban. Un Liban multiconfessionnel, uni et tolérant. Pour preuve, le peuple libanais, toutes tendances comprises, rend hommage à la résistance. A commencer par le président Emile Lahoud qui a tenu à rendre hommage à la résistance libanaise et à son chef Hassan Nasrallah. C'était lors de son entretien au palais présidentiel de Baabada avec les délégations syndicales arabes.
Pour le président Lahoud, la résistance libanaise a redoré le blason de la nation arabe et détruit à jamais le mythe de l'armée invincible, comme il n'a pas manqué de rappeler que la résistance ne rendra pas les armes et «ce n'est surtout pas à l'armée libanaise de désarmer sa résistance», ajoute-t-il.
Après cette entrevue avec le président Lahoud et le meeting de solidarité avec le peuple libanais, nous avions quitté le Liban à bord de trois bus. En ces temps tendus, les voyages de nuit comportent des risques. Car, comme l'a si bien dit un de nos collègues, on pourrait être pris pour un convoi d'acheminement d'armes. Tout au long de l'itinéraire entre Beyrouth et Damas, en passant par Chtaura, Jdida, Jlala et Zehla, des affiches gigantesques célèbrent la victoire. On pouvait y lire, tout particulièrement: «Liban cimetière des envahisseurs», «Victoire divine».


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