La saison estivale tire à sa fin. À Béjaïa, elle s'est singularisée des précédentes par le lancement d'un nouveau type d'investissement sur les plages. La concession des plages a pris forme sur la côte Est de la wilaya. Deux plages ont été aménagées par des opérateurs économiques intervenant directement dans le secteur du tourisme. Si jusque-là, les concessions sont accordées aux exploitants des hôtels et complexes balnéaires, cette année même les propriétaires des hôtels urbains se sont mis dans la course. La première plage a été aménagée, dans la commune de Boukhelifa par le Groupe Hôtel Atlantis, une chaîne hôtelière appartenant à Lounis Hamitouche, fondateur et propriétaire du complexe de produits laitiers Soummam, à Akbou, qui comptent deux établissements haut standing dans la wilaya de Béjaïa. Il s'agit d'une concession accordée pour 5 ans, à raison de 5 mois d'exploitation par an, soit durant la saison estivale. Cet espace, géré par la direction de l'hôtel compte les structures démontables et récupérables à la fin de chaque saison estivale pour être de nouveau remontées la saison suivante. Un parking, des accès aménagés vers la plage, l'investisseur met à la disposition de ses clients des services de restauration, des douches, des sanitaires, des espaces spécialement aménagés et sécurisés pour les enfants, dont un manège, une aire de jeu, un espace de lecture, des toboggans et une piscine adaptée pour les plus petits. Le tout pour un tarif de 2000 DA la journée. Et le client a droit à une table, des chaises transat, un parasol et l'accès gratuit à toutes les commodités et ce jusqu'à 22 heures. Ce premier investissement privé ne manquera pas de susciter des émules et devrait inciter les pouvoirs publics à adopter une politique à même de mettre fin à l'anarchie qui règne sur ces lieux. Une innovation en somme, qui a été appréciée à juste titre par les nombreuses familles qui s'y rendent pour profiter pleinement et en toute sécurité de la grande bleue et de ses plaisirs. Jouissant d'une sécurité et d'une propreté exemplaire, ce lieu de détente diffère à plus d'un titre de tout ce qui est mis à la disposition des baigneurs jusque- là. Il ne s'agit nullement d'un squat comme cela est légion sur toutes les côtes de la wilaya, mais d'un investissement qui répond à un cahier des charges. «De toute façon, cela vaut le coup», affirme cette dame de Béjaïa rencontrée alors qu'elle rejoignait avec ces deux enfants cette plage pour la quatrième fois. «Franchement, c'est un régal de passer sa journée sur cette plage. Pour une famille, c'est le lieu idéal pour se prélasser», admettra-t-elle, précisant que «de toute façon où que vous alliez vous serez obligé de débourser au minimum 1000 DA, tout juste pour une table, trois chaises et un parasol, par contre ici vous disposez d'autres commodités qui permettent d'abord aux parents de se débarrasser du souci de surveillance de leurs enfants grâce aux espaces spécialement aménagés et sécurisés pour les enfants». Rien que pour ça, de nombreuses familles s'y rendent. Pour Salim et son épouse, il tire leur satisfaction des douches et des sanitaires. «Ces commodités sont rares sur d'autres plages et lorsqu'elles existent vous devez encore mettre la main à la poche pour en profiter», nous dit-il. Tout est compris dans le billet d'accès, exception faite de la restauration et des rafraîchissements. Quant à la propreté des lieux, l'investisseur n'a pas lésiné sur les moyens. Outre les sacs de poubelles, des agents de nettoiement reconnaissables à leurs tenues font des rondes régulières ne laissant rien au hasard. La concession des plages est une pratique qui existe généralement dans les hôtels et complexes balnéaires, à l'exemple de l'hôtel Syphax, le club Alloui à Tichy et le complexe touristique de Sahel à Aokas. Seulement les commodités mises en place profitent uniquement à la clientèle résidente et sont totalement gratuites ou alors comprises dans le prix de la location de l'hébergement. Cet engouement du public pour cette plage en question tranche déjà par sa propreté et l'ordre instauré avec le littoral «public». Restauration, parking, terrain de jeu pour enfants, sanitaires propres attendent les visiteurs. Même si une loi portant condition de concession des plages a été votée, il y a quelques années, par l'Assemblée populaire nationale, l'engouement pour ce genre d'investissement est resté longtemps timide à Béjaïa. Adoptés aux normes universellement admises, ces espaces de détente doivent être encouragés par les pouvoirs publics et c'est là une meilleure manière de lutter contre le squat des plages. Encourager les jeunes à s'associer pour investir dans ce domaine serait une autre manière d'organiser la gestion des plages. À défaut de faire intervenir à chaque fois les services de sécurité pour déloger les occupants illégaux, il serait meilleur de les réunir et leur montrer la voie réglementaire à suivre pour garantir leur business.