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Dans le sillage des pionniers
Renaissance Algerienne
Publié dans L'Expression le 24 - 04 - 2024

Impressionnante par son ampleur est la tâche qui attend l'Algérie d'aujourd'hui pour renaître et se mettre au niveau des pays qui ont réalisé d'extraordinaires progrès dans tous les domaines. Aussi, lui importe-t-il de voir clair en elle-même, en son passé, en son destin, et de se remettre à vibrer avec ce qui détermine son avenir. Il lui importe précisément de savoir par quelle manière de penser et d'agir entend-elle poursuivre le travail des pionniers de la «nouvelle société» rêvée par ses martyrs et endossée explicitement par les pouvoirs publics. Serait-ce en tournant le dos à ce qu'il y a d'inattaquable dans son expérience post-révolutionnaire pour se rabattre intégralement sur les affirmations à la mode occidentale ayant subjugué le monde vers la fin du siècle dernier? Serait-ce au contraire en trouvant un juste équilibre entre les principes et les idées qui l'ont guidée au moment de la décolonisation et ceux issus des temps de la mondialisation?
Un chemin qui monte
Certains dossiers instruits récemment par le gouvernement dénotent manifestement du souci de ne pas ignorer le potentiel constitué au lendemain de l'indépendance et qui a suscité en son temps l'adhésion populaire. C'est que ce potentiel est imprégné de l'idée de progrès qui, cahin-caha, a constamment accompagné les politiques publiques. En effet, aussitôt qu'elle est sortie de la stagnation d'avant la révolution, l'Algérie a emprunté sur le plan socio-économique un chemin qui monte, dicté par les circonstances et commandé par des nécessités objectives. C'est tout bonnement un chemin qui va du sous-développement au développement, c'est-à-dire d'une situation à l'état «rudimentaire» à une situation achevée, construite, élaborée grâce à l'essor de l'investissement, de la science, de la technique et de l'industrie. Il s'agissait pour elle, en l'occurrence, d'entrer dans l'ère dite du «développement» inaugurée en janvier 1949 par le président américain Truman dans le point 4 du traditionnel «discours sur l'état de l'Union» (cf. G. Rist, 1996). À partir de cette date en effet, une nouvelle vision du monde voit le jour selon une configuration où entrent en jeu les critères de la modernisation. Celle-ci fait référence à des changements qui élargissent graduellement les horizons de l'avenir pour les pays retardataires grâce, notamment à l'assistance technique promise par les Etats avancés dans le cadre d'une politique étiquetée depuis lors d' «aide publique au développement». Dès le début de la décennie 1950, l'élite avant-gardiste algérienne a pris déjà conscience du sens de cet âge nouveau issu de la Seconde Guerre mondiale. Elle a compris l'intérêt qu'il y a pour son pays à emprunter cette voie qui sera qualifiée d'«authentique» après la libération, car «fondée non pas sur le passé et le présent, mais sur l'avenir proche ou lointain» (H. Boumediene, décembre 1966). Les nouveaux dirigeants étaient en effet fortement persuadés que les vrais problèmes provenaient d'abord de l'absence de structures appropriées, ainsi que des carences dans la formation et l'organisation, aussi bien celle du nouvel Etat que celle du travail.
Aux dimensions du troisième millénaire
Aussi, la stratégie mise en place dès le milieu des années 1960 a-t-elle consisté à prendre une triple option:
1- orienter la réflexion et l'action dans un sens réellement prospectif;
2- observer le monde qui bouge et suivre de près ses tendances;
3- résorber le retard du pays en maîtrisant tous les facteurs du développement.
C'est en tout cas de cette manière qu'a été fait le pari de stimuler une société algérienne trop longtemps entravée. Assumant fermement la responsabilité de l'avenir, les gouvernants affichèrent une vigoureuse volonté de hisser l'économie algérienne aux dimensions du troisième millénaire dont les lueurs éclairaient déjà l'horizon. C'est bien là une réalité irréfutable des faits, gravée dans le marbre de l'Histoire, et que les controverses politiciennes qui allaient se déchaîner après- coup n'auront réussi ni à dénaturer ni à détrôner dans la mémoire et le ressenti collectifs. Tournée vers le modèle socialiste de développement à cause des circonstances, ladite stratégie n'était certes pas exempte d'imperfections. Elle n'a pas manqué non plus de détracteurs séduits par la pensée libérale qui finira par s'emparer des esprits de ceux auxquels sera dévolue par la suite la responsabilité du pouvoir économique. Il n'en demeure pas moins qu'avant de s'éroder à partir des années 1980, sa mise en oeuvre a procuré au pays une expérience riche et instructive, ainsi que des clés lui ayant ouvert bien des portes d'accès au progrès matériel et humain. À ce titre, elle a même été assimilée dans le discours officiel à une seconde révolution consécutive à celle de Novembre 1954, en même temps que très remarquée sur la scène internationale. Ne s'accommodant pas du conservatisme d'une société essentiellement rurale, les «développementalistes» algériens des deux premières décennies de l'indépendance se sont incontestablement employés à ce que leur pays soit porté par une grande ambition qui a indéniablement enthousiasmé leurs compatriotes. Rejetant nettement l'idée que le sous-développement soit une déficience ineffaçable pour les nations ayant souffert de l'assujettissement colonial, ils ont entrepris hardiment de réunir les conditions de la modernisation tous azimuts. Malgré les graves dérèglements politiques intervenus ultérieurement, une telle approche volontariste n'a rien perdu de son intérêt étant donné la décision prise récemment par les pouvoirs publics de sortir de l'oubli des projets importants comme ceux de Ghar Djebilet, du Barrage vert, de l'investissement industriel et de l'informatique dans sa version nouvelle qu'est la numérisation. De surcroît, et comme autrefois avec le modèle socialiste, l'Etat n'est pas envisagé selon le principe d'abstention où l'économie est laissée au libre jeu des lois du marché. Il est explicitement confirmé dans son rôle d'acteur à part entière, par référence au principe d'intervention et d'action dans la sphère économique et sociale, c'est-à-dire sous l'angle d'un modèle d'Etat dit Etat providence. C'est d'ailleurs un modèle qui est en vigueur dans maints pays en raison de la complexité des problèmes à caractère collectif dont la solution ne saurait incomber au secteur privé.
Une approche par la constance et la reconnaissance
C'est dire a priori la pertinence d'une telle approche par la constance et la reconnaissance de la complémentarité entre l'action fondatrice du temps de la décolonisation et celle prometteuse du temps de la numérisation. Aussi, constitue-t-elle sans doute pour l'Algérie une chance de se reprendre à l'abri des ruptures et des contradictions qui ont gravement endommagé sa cohésion et dispersé ses énergies. De ce fait, elle est de nature à lui permettre de retrouver confiance en elle-même, de renouer le contact avec son génie national et de se sentir libre de toute influence exogène par rapport à ses choix stratégiques. Car, c'est une loi indiscutable de l'Histoire que dans tous les domaines et dans le cheminement vers l'avenir, chaque étape serve de base et de prélude à celle qui la suit. À cet égard, des pays qui progressent fortement, aujourd'hui, comme par exemple la Chine, l'avaient bien compris qui ont cheminé pour ainsi dire par self confiance et accumulation, non par dispersion, caméléonisme ou défiance de soi. Après avoir effectué en peu de temps, dans les années d'après-l'indépendance, une percée considérable et sans précédent, malgré des ratages découlant de l'inexpérience, voire de l'égarement, notre pays s'est orienté quant à lui sur une route où il a eu à traverser des moments déplorables qu'il aurait sans doute pu éviter. Cet accident de parcours l'a bien évidemment beaucoup retardé sur lui-même, sur les valeurs et les principes au nom desquels il a fait sa révolution nationale (1954-1962). Aujourd'hui, les Algériens comprennent bien que l'Histoire ne se refait pas et que, ayant tout essayé, ils n'ont d'autre alternative que de retrouver les préceptes intrinsèques de Novembre tout en gardant le cap sur le but emblématique initial, assorti évidemment de règles nouvelles, celui du développement intégral dans la cohérence, la cohésion et la pleine conscience des enjeux. C'est en tout cas ce qu'il est permis de déceler dans l'agenda gouvernemental où sont inscrits significativement les anciens dossiers mentionnés plus haut à côté de ceux, nouveaux, des start-up et de la numérisation. Celle-ci est particulièrement éloquente en raison, d'abord, de son importance stratégique. En effet, «le numérique est devenu essentiel au quotidien des citoyens, à la vie économique et au développement (...). (Car, c'est) une ressource gouvernée en collectif (et qui) a bouleversé les manières de produire, de penser et de diffuser le changement» (J. Attali, 2016). Ensuite, il rappelle le fait que l'Algérie a été «un des premiers pays neufs (à se saisir de) l'enjeu informatique (et à) avoir pris conscience dès 1968-1969 de l'apport potentiel de celle-ci au développement économique, social et scientifique», avec la création en décembre 1969 du Commissariat national à l'informatique conçu comme «arme économique», «arme industrielle», «arme sociale», «arme politique enfin par la combinaison des trois facteurs précédents» (Mpat-CNI, 1978). En effet, cet organisme lui a permis de se retrouver, aujourd'hui, en état d'aborder avec assurance la phase cruciale de la numérisation. Quant aux start-up, la volonté politique d'oeuvrer à leur essaimage à partir du monde universitaire et éventuellement des grandes entreprises, à l'exemple de l'expérience américaine des imposantes technopôles, est de nature à propulser l'économie nationale dans le siècle qui vient avec son tout- informatique, ses télécommunications et ses microprocesseurs... Mais, au final, le succès de cette marche vers une renaissance algérienne tout à fait possible dépend des mesures qui seront prises pour perfectionner l'Etat en le débarrassant des entraves multiples qui jonchent sa route.
*Membre du Conseil de la nation


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