Le Niger a au cours des derniers mois, donné au monde une vraie «leçon de choses». Depuis l'été 2023, ce pays n'a de cesse, en effet, de mener à bien son processus d'affranchissement... post-colonial. Conduit par un formidable instinct de souveraineté, il a réussi des coups d'éclat incontestables, notamment en rompant net avec ce que les nouvelles autorités considèrent comme un cadeau empoisonné pouvant compromettre l'avenir de cette nation africaine. Avec un courage et une détermination infaillibles, le nouveau président, Tiani, et son équipe, ont défié les symboles même de l'Occident hégémonique et exagérément paternaliste. Fidèle à la ligne nationaliste, Tiani est resté imperméable à l'action occidentale et a pu s'extirper en un temps record du giron de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), un retrait, ô combien symbolique, car signifiant que l'Afrique peut très bien fonctionner sans la France. «En Afrique, la République d'Emmanuel Macron ne marche plus», commentait à juste titre notre confrère El Watan. «Votre conception de la démocratie ne nous a pas servis. On veut en sortir pour trouver un mode de gouvernance africain», justifiait, pour sa part, un conseiller du gouvernement. L'on reprochait, par ailleurs, via la télévision locale, à l'OIF, qui compte 88 membres, d'avoir «toujours été utilisée par la France comme un instrument pour défendre les intérêts français», Le Niger avait, en outre, annoncé, dès janvier dernier, sa volonté de quitter la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédeao), organisation régionale devenant par trop encombrante pour lui, deux autres pays lui ont emboîté le pas à la suite de cette initiative audacieuse, le Burkina Faso et le Mali, pour rejoindre l'Alliance des Etats du Sahel (AES), créée en septembre. Fort d'une légitimité à l'international et bénéficiant d'une aura interne bien assise, le Niger n'a cessé, depuis, d'aller de l'avant. Dans un manifeste publié au printemps dernier, Tiani avait annoncé l'élaboration d'un nouveau Code électoral et d'une nouvelle Constitution, suivie d' élections libres, transparentes, indépendantes. Des mesures adéquates prises sur le plan économique ont fini par conforter le Niger dans sa démarche méthodique inspirée par l'espérance d'un futur prospère partagé et équitable, ainsi que dans la quête d'une plus grande souveraineté nationale. Outre le fait d'avoir réussi à tenir les cordons de la Bourse, les autorités du pays ont mis en place un Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie. Des possibilités de financement et des gains sur la vente de l'or noir ont également été pris en compte dans ce processus d'émancipation inexorable. La Banque mondiale vient, pour sa part, d'annoncer une aide de 350 millions USD pour les secteurs de l'agriculture et de l'élevage au Niger. Dans ce nouvel élan, le projet de gazoduc transsaharien (Tsgp) reliant le Nigeria à l'Algérie s'invite à la «donne». Celui-ci connaît, désormais, de nouvelles avancées prometteuses. Le Niger vient, rappelons-le, de renouveler la disposition des hautes autorités de ce pays, quant à assurer les bonnes conditions à la réalisation du projet Tsgp stratégique pour l'ensemble des pays concernés. En témoigne la rencontre du ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab, à Niamey, avec son homologue nigérien, Mahaman Moustapha Barké, ministre du Pétrole, afin d'évoquer ce dossier d'importance cruciale pour le Nigeria, le Niger et l'Algérie.