La Russie a affirmé, hier, avoir fait échouer les plans militaires de l'Ukraine pour 2025 du fait de ses avancées sur le front, des propos intervenant au lendemain du tir d'un nouveau missile balistique et d'avertissement de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident. Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation, jeudi soir, en soulignant la responsabilité des Occidentaux dans l'escalade du conflit. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un «caractère mondial» et menacé de frapper les pays alliés de Kiev. L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver, mardi, à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques. Au lendemain des déclarations martiales de Poutine, le ministre russe de la Défense s'est rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés. «Nous avons pratiquement fait échouer toute leur campagne pour 2025», a déclaré Andreï Belooussov, affirmant que Moscou a «détruit les meilleures unités» ukrainiennes tout en maintenant des avancées sur le terrain, qui se sont «accélérées». Les forces russes ont rapidement progressé ces dernières semaines sur plusieurs segments du front, menaçant des positions ukrainiennes d'importance telles que Pokrovsk, un centre logistique de l'armée, Kourakhové, où se trouve un grand gisement de lithium et Koupiansk, un noeud routier et ferroviaire. Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison-Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe complètement l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne. Face à ces difficultés pour les forces ukrainiennes sur le terrain, les Etats-Unis ont donné cette semaine, après des mois d'hésitations, leur feu vert pour mener des frappes sur le sol russe avec des missiles occidentaux fournis à Kiev. Deux attaques de ce type ont eu lieu ces derniers jours visant des installations militaires russes: une frappe, mardi passé, sur la région de Briansk à l'aide de missiles américains Atacams et une autre jeudi sur la région de Koursk avec des missiles britanniques Storm Shadow. C'est en réponse à ces deux attaques, a dit Vladimir Poutine, que la Russie a frappé, jeudi, une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, à l'aide d'un nouveau missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5 500 km), baptisé Orechnik, qui était dans sa «configuration dénucléarisée». «Le conflit provoqué par l'Occident en Ukraine a pris les éléments d'un (conflit) à caractère mondial», a averti Poutine, jeudi, assurant que Moscou se réserve le droit de frapper les pays occidentaux qui autorisent l'utilisation de leurs armes contre le sol russe. La Russie, «prête à tous» les scénarios, selon Poutine, a récemment modifié sa doctrine nucléaire pour élargir la possibilité de l'emploi de l'arme atomique. Face à ce tir et ces menaces, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a appelé la communauté internationale à «réagir», dénonçant un «voisin fou» qui utilise l'Ukraine comme un «terrain d'essai». Les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance par Moscou de son tir, ont accusé la Russie de «provoquer l'escalade» et d'un discours nucléaire «irresponsable». L'ONU a évoqué un «développement inquiétant» et le chancelier allemand, Olaf Cholz, a regretté une «terrible escalade». La Chine, important partenaire de la Russie, accusée de participer à son effort de guerre, a appelé à la «retenue». Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette «escalade en Ukraine». Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie se poursuivent.