Après avoir pris Alep et la ville stratégique de Hama en Syrie, les terroristes de Hayat Tahrir al-Shem et les rebelles alliés poursuivaient leur avancée, hier, et seraient désormais aux portes de Homs, dernière grande ville encore aux mains du gouvernement sur la route de la capitale Damas, selon une ONG. L'objectif des rebelles emmenés par les islamistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) est de «renverser» le président Bachar al-Assad, a déclaré le chef de HTS, Abou Mohammed al-Jolani, dans une interview à CNN, hier. En moins d'une semaine, l'offensive fulgurante des rebelles a infligé un sérieux revers au gouvernement du président Bachar al-Assad qui tente de freiner leur progression rapide, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) faisant état, hier, de frappes aériennes sur un pont autoroutier stratégique entre Hama et Homs. Si les terroristes et rebelles s'emparent de Homs, seules la capitale Damas et la côte méditerranéenne seront encore aux mains du gouvernement du président Bachar al-Assad. Au cours des dernières heures, les terroristes et rebelles «sont entrés dans les villes de Rastan et Talbisseh», situées dans la province de Homs, en l'absence totale des forces du régime, a indiqué l'OSDH, ajoutant que les rebelles se trouvaient désormais à cinq kilomètres de Homs, troisième ville de Syrie. Selon cette ONG basée au Royaume-Uni et qui dispose d'un réseau de sources, le contrôle de Homs permettrait aux rebelles de «couper la route principale menant à la côte syrienne», bastion de la minorité alaouite du président Assad. Jeudi soir, des dizaines de milliers d'habitants de Homs, majoritairement issus de la communauté alaouite, ont été vus fuyant vers la côte ouest, après la prise par les terroristes et rebelles de Hama qui commande la route vers Homs, à une quarantaine de kilomètres au sud, et la capitale Damas, selon l'OSDH. Les terroristes et rebelles ont lancé le 27 novembre une offensive surprise à partir de leur bastion d'Idlib (nord-ouest), s'emparant de dizaines de localités, de la majeure partie d'Alep (nord) et de Hama. Les hostilités ont fait plus de 800 morts, selon l'OSDH, et 280 000 déplacés, selon l'ONU. Cette ONG a affirmé hier que «des avions de chasse (avaient) effectué plusieurs frappes aériennes visant le pont Al-Rastan sur l'autoroute Homs-Hama (...), tentant de couper la route entre Hama et Homs». Les forces armées syriennes ont également envoyé des renforts à Homs où les habitants n'ont pas caché craindre l'avancée des rebelles. La coalition rebelle s'est prévalue sur Telegram de la «libération totale de Hama», et d'avoir notamment fait sortir de la prison centrale «des centaines de prisonniers». es hostilités sont les premières de cette ampleur depuis 2020 dans un pays meurtri par une guerre civile dévastatrice qui a fait un demi-million de morts depuis 2011, et l'a morcelé en zones d'influence, avec des belligérants soutenus par différentes puissances étrangères. Depuis le 27 novembre, les combats et bombardements ont fait 826 morts dont 111 civils, selon l'OSDH. Sur ce total, 222 combattants sont morts depuis mardi autour de Hama, a précisé l'Observatoire. Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé à mettre un terme au «carnage» en Syrie, résultat d'un «échec collectif chronique». Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est un soutien majeur des rebelles, a appelé Assad, soutenu par la Russie et l'Iran, à trouver «d'urgence» une «solution politique». Il a «souhaité» hier que l'avancée des rebelles en Syrie se «poursuive sans incident», estimant que leur objectif est bien Damas, la capitale. «Jusqu'ici Idlib, Hama et Homs et bien sûr l'objectif, Damas: l'avancée des opposants continue. Nous souhaitons que cette avancée se poursuive sans incident», a déclaré le chef de l'Etat, proche de la rébellion tout en confirmant la tenue d'une réunion avec la Russie et l'Iran qui soutiennent le gouvernement Bachar al-Assad, aujourd'hui à Doha.