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«On a l'impression d'être des sous-humains»
Rapport d'Amnesty international sur Ghaza
Publié dans L'Expression le 07 - 12 - 2024

Après des mois d'enquête, du 7 octobre 2013 au mois de juillet 2024, les équipes d'Amnesty International ont fait des collectes d'informations qu'ils publient dans un rapport détaillé de 300 pages sur le génocide, «appelé à faire date», selon la formulation de ses rédacteurs. Le rapport est présenté sous un titre révélateur: «On a l'impression d'être des sous-humains.»
D'emblée, la secrétaire générale d'Amnesty, Agnès Callamard, annonce la teneur: «Nos conclusions accablantes doivent sonner comme un signal d'alarme pour la communauté internationale: il s'agit d'un génocide qui doit cesser immédiatement.» Le rapport révèle que «les autorités israéliennes ont commis et commettent toujours des actes interdits par la Convention de 1948 et la répression du crime de génocide». Elles sont coupables «de meurtres, d'atteintes graves à l'intégrité physique ou mentale des personnes et de soumission de Palestiniens de Ghaza à des conditions de vie destinées à entraîner leur destruction physique».
Comment déterminer le génocide? La réponse est la suivante: «Nos experts se sont concentrés sur le cadre juridique du génocide en droit international, tel qu'il est défini et érigé en infraction par la Convention sur le génocide et repris tel quel par le Statut de Rome. Ils ont d'abord vérifié que les Palestiniens faisaient bien partie d'un groupe protégé tel que défini dans la Convention?: à savoir un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Ils ont ensuite examiné rigoureusement et méthodiquement l'ensemble des faits commis par les forces israéliennes d'octobre 2023 à juillet 2024 dans la bande de Ghaza pour vérifier s'ils correspondaient bien aux actes constitutifs d'un génocide, tels qu'énoncés dans la Convention. Enfin, ils ont examiné les différentes preuves permettant de déterminer l'intention, un des critères clés de la définition de la Convention sur le génocide.»
Le rapport d'Amnesty constate qu'ils sont en effet décimés par «des bombardements massifs et incessants, tués dans un hôpital par des tirs ciblés ou pendant les opérations terrestres. En tout, en l'espace d'un an, entre les 7 octobre 2023 et 7 octobre 2024, plus de 42 000 vies ont été fauchées sur une bande de terre d'à peine 40 km de long. Des pertes incommensurables qui relèvent des actes prohibés par la Convention sur le génocide signée en 1948». Le rapport souligne: «De tous les conflits du XXIe siècle, l'offensive de l'Etat d'Israël sur Ghaza est celle qui a causé le nombre le plus élevé de morts de journalistes, de personnels de santé et d'humanitaires en un temps aussi court», 13319 enfants. 60% sont des femmes, des enfants et des personnes âgées. 307 agents humanitaires et 484 familles ont perdu entre 5 et 30 de leurs membres, au 31/08/2024. Les bombardements intenses et continus ont entraîné «des blessures profondes et irréversibles parmi la population palestinienne». Le nombre de personnes amputées est estimé à 4 500, parmi elles de nombreux enfants. Le cours de leur vie est à jamais bouleversé. L'ampleur des attaques israéliennes n'a pas seulement contribué à blesser irrémédiablement les corps.
Des prisonniers battus
Les esprits sont aussi durablement meurtris. «Entre février et juin 2024, nos équipes ont documenté 31 cas de détention au secret et ont réuni des preuves crédibles d'un recours généralisé à la torture et à d'autres mauvais traitements. Des prisonniers ont été battus, attaqués par des chiens, menottés, les yeux bandés, contraints de rester dans des positions inconfortables et stressantes pendant de longs moments. Ils ont également été privés de nourriture et détenus globalement dans des conditions inhumaines», précise le rapport.
Sur les privations, le rapport d'Amnesty rappelle: «Au lendemain du 7 octobre 2023, Israël a imposé un blocus total à Ghaza, coupant l'approvisionnement en électricité, en eau et en carburant. La soumission d'un groupe de personnes à un régime alimentaire de subsistance, la réduction des services médicaux nécessaires en deçà du minimum, l'expulsion systématique des logements, et plus généralement, la création de conditions entraînant une mort lente, comme la privation de nourriture, d'eau, de logement, de vêtements adéquats ou d'installations sanitaires relèvent de l'acte II (c) de la Convention sur le génocide.» Les destructions sont d'une ampleur jamais égalée dans aucun autre conflit du XXIe siècle. 62% des maisons ont été endommagées ou détruites en 2024. Le 13 octobre 2023, l'armée israélienne a émis son premier «ordre d'évacuation» de masse, demandant à plus d'un million de personnes de se déplacer «pour leur sécurité et leur protection», en ne prenant aucune mesure pour garantir leur accès aux produits de première nécessité. L'ordre s'applique à des centaines de milliers de personnes déjà déplacées et réfugiées dans des écoles de l'ONU, ainsi qu'à tous les patients et au personnel travaillant dans 23 hôpitaux et établissements médicaux de la région. En l'espace de neuf mois de conflit, les autorités israéliennes ont fait déplacer 90% de la population de Ghaza avec des ordres de déplacement à répétition. Certaines personnes ont été déplacées jusqu'à dix fois. Après avoir été déplacés de force, des civils ont été bombardés par des frappes alors même que l'armée israélienne leur avait indiqué une «zone sûre». Début 2024, l'armée israélienne a lancé des frappes aériennes sur des «zones humanitaires», sans avertir la population locale du changement des zones qu'elle allait bombarder.
Avant le 7 octobre 2023, environ 500 camions d'aides entraient chaque jour à Ghaza. «Dès le début de l'offensive israélienne, les points de passage vers Ghaza ont été fermés par les autorités israéliennes. L'entrave de l'acheminement humanitaire a aggravé la situation humanitaire. La population assiégée est confrontée à la famine. Les enfants et les femmes enceintes sont parmi les premières victimes de la faim qui aura de graves effets sur le long terme. Plus de 2 millions de Ghazaouis sont menacés par la famine deux mois après le début de l'offensive et 80% des habitants de Ghaza n'ont pas accès à des ressources suffisantes en eau potable», note le rapport. Deux tiers des terres agricoles de l'enclave palestinienne ont été endommagés depuis le 7 octobre 2023, compromettant durablement les capacités de production, selon l'agence des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation.
Actes génocidaires
D'abord les destructions ou graves dégâts infligés aux infrastructures médicales telles que les hôpitaux. Ensuite les raids ciblés sur ces établissements conduisant à l'arrestation, à des blessures ou à la mort du personnel soignant. Et enfin, les «ordres d'évacuation» massifs des hôpitaux et le refus des autorités israéliennes de permettre l'entrée de médicaments, et de centaines de fournitures médicales essentielles comme des bouteilles d'oxygène, des capsules de purification d'eau ou encore un respirateur. 84% des établissements de santé sont détruits ou gravement endommagés. Selon l'Unicef, en mars 2024, il y avait à Ghaza l'équivalent d'une seule toilette pour 340 personnes et d'une seule douche pour 1290 personnes. Un système d'oppression, de domination et d'apartheid, ainsi que l'occupation militaire illégale et le blocus imposé à Ghaza depuis 17 ans par les autorités israéliennes ont préparé le terrain des actes génocidaires qui ont suivi.
625 000 élèves privés d'éducation
«Nous avons identifié au moins 102 déclarations de dirigeants israéliens, notamment des membres de la Knesset ou du cabinet de guerre, qui déshumanisent les Palestiniens, légitiment le génocide, voire appellent à commettre des actes génocidaires ou d'autres crimes relevant du droit international. Parmi elles, 22 proviennent de hauts responsables directement en charge de l'offensive à Ghaza et qui semblaient demander ou justifier des actes génocidaires, ce qui est une preuve directe de l'intention de commettre un génocide», souligne le rapport d'Amnesty. L'absence de sanction a renforcé un climat d'impunité qui légitime les violences massives contre la population palestinienne et permet aux violations les plus graves d'être commises. «Parallèlement, bien que les autorités militaires aient ouvert des enquêtes sur plusieurs dizaines d'incidents graves isolés, et notamment sur des cas de détenus palestiniens morts en détention, nous estimons avec d'autres organisations de droits humains que la réponse minimale de la justice militaire israélienne, qui contraste avec l'ampleur des violations documentées, révèlent l'incapacité du système judiciaire de rendre justice aux Palestiniens»,l it-on.
625 000 élèves privés d'éducation; 85% des écoles ont subi des dommages sous une forme ou une autre. Les autorités israéliennes considèrent leurs actions militaires contre l'enclave de Ghaza comme la réponse nécessaire aux terribles attaques du 7 octobre 2023, assurent vouloir seulement détruire le Hamas et reconnaissent parfois agir ´´simplement avec imprudence´´ pour justifier les énormes pertes humaines et matérielles causées par leurs actions militaires. «De plus, l'armée israélienne utilise des armes explosives à large rayon d'impact qui touchent de larges périmètres au sein de zones surpeuplées, proches d'hôpitaux et de bâtiments civils. Nous dénonçons ce schéma répétitif d'attaques aveugles contre la population civile par l'armée israélienne, commis dans une intention génocidaire. (...) Nous avons dénoncé à plusieurs reprises la présence de combattants du Hamas et d'autres groupes palestiniens armés parmi la population civile, mettant cette dernière en danger. Toutefois, leur présence parmi la population civile n'absout pas Israël de son obligation, en vertu du droit international humanitaire, à prendre toutes les précautions possibles pour épargner la vie des civils», note le rapport.
Nos recherches et analyses ont montré que les autorités israéliennes ont utilisé à plusieurs reprises les «ordres d'évacuation» massive comme un outil de déplacement forcé plutôt que pour protéger la vie des civils. De nombreux civils déplacés ont été victimes de frappes alors que les autorités israéliennes leur avaient indiqué de se déplacer dans «un lieu sûr». Pendant des mois, les autorités israéliennes ont persisté à commettre des actes génocidaires, en ayant pleinement conscience des préjudices irréparables qu'elles infligeaient aux Palestiniens de Ghaza. Les déclarations «déshumanisantes» de responsables israéliens, l'ampleur des attaques, le nombre de victimes civiles, la répétition d'actes destructeurs visant systématiquement le même groupe indiquent une intention génocidaire. Washington n'a pas apprécié le contenu du rapport d'Amnesty International qu'elle a fortement critiqué.


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