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L'empreinte de Béchar
Les manifestations ont mobilisé tous les algériens
Publié dans L'Expression le 12 - 12 - 2024

L'Algérie tout entière, du nord au sud, de l'est à l'ouest, a été secouée en ce dimanche 11 décembre 1960, journée glorieuse. Ces manifestations populaires constituent un véritable tournant dans le processus vers la voie du recouvrement de la souveraineté nationale. Elles ont succédé au processus politique en trois dimensions:
-a) le 9 décembre 1960, l'Algérie algérienne prônée durant la tournée du général de Gaulle en Algérie.
-b) le 10 décembre 1960 à Belcourt, la démonstration de la position des colons, qui nourrissaient une Algérie française à l'apartheid (genre Afrique du Sud),
-c) enfin, le 11 décembre 1960, l'incontournable revendication de l'autodétermination d'un peuple contre l'instauration de colonies de peuplement sur sa terre ancestrale.
La position des trois parties au conflit s'est remarquablement clarifiée. Elle a permis d'éclore deux impacts:
-1) Le peuple algérien s'est exprimé en faveur de l'indépendance du pays sous l'égide du FLN permettant au GPRA et au partenaire français d'ouvrir des négociations officielles et directes.
-2) de conforter cela premièrement sur le plan international traduit par le droit du peuple algérien à disposer librement de son destin et son inscription à l'ordre du jour des Nations unies.
Mobilisation maximale
Béchar, capitale régionale de la Saoura, (région aux frontières du sud-ouest), sous occupation et administration militaire française, est située à 1100 km d'Alger. La préparation et l'organisation de la manifestation du 11 décembre 1960 a été l'oeuvre d'un comité très restreint, trié sur le volet, tous issus des masses laborieuses. Cet épisode me marqua indélébilement et profondément. La veille de cet important évènement, le responsable politique, si Abdelkamel, (que l'Eternel l'accueille en Son Vaste Paradis et dont je fus le secrétaire permanent), m'ordonna d'être prêt dans la matinée de cette journée mémorable du dimanche de décembre 1960, à la place de Debdaba, (quartier nord de la ville).
Les instructions contenaient deux éléments essentiels:
- 1) la mobilisation du maximum de jeunes, sans fournir d'explications à ces jeunes du pourquoi de leur présence sur les lieux et,
- 2) d'éviter l'affrontement avec les forces coloniales de répression ou de répondre à leur provocation, (le motif de cet ordre de retrait était sûrement la crainte d'être arrêté).
La première manifestation à Béchar, (centre-ville), où les femmes se sont distinguées: ce dimanche de décembre 1960, Béchar avait connu une première manifestation, déclenchée tôt la matinée au centre-ville, (l'unique marché aux fruits et légumes attenant à la mosquée), le seul endroit où la population civile algérienne pouvait être présente en grand nombre. Beaucoup de gens ont été pris dans la tourmente. Ils se trouvaient là pour faire leurs emplettes et avaient été vite dispersés à la suite d'une intervention musclée de la police française. Le Nidam avait préparé minutieusement cette manifestation. Il avait été prévu que les femmes ne fussent présentes sur les lieux que bien après le déclenchement. Elles ne pouvaient entrer en action qu'après la réaction des forces coloniales face à la mobilisation des hommes. Le quartier de la Chaâba, (berceau de la résistance populaire et frontalier du lieu du déroulement de la manifestation), était à la fois, le lieu de regroupement de la gente féminine avant le feu vert de l'entrée en action, mais également le terrain adéquat en cas de repli stratégique. Cette tactique avait été minutieusement étudiée et scrupuleusement suivie. Ainsi, les femmes ont succédé aux hommes après un calme précaire observé et la majorité des forces coloniales retirées en laissant sur les lieux, un minimum d'éléments répressifs. C'est ainsi que ces militantes mobilisées pour l'occasion ont tenu le coup plus longtemps par rapport aux hommes. Elles ont défié les forces de l'ordre. Elles sont demeurées sur les lieux plus longtemps que prévu. La mobilisation, le rassemblement des femmes, le déroulement, le suivi et la couverture de l'évènement par la gente féminine, ont été totalement confiés, dirigés, organisés et guidés conjointement par les militantes mémorables, feues Fellah Djemaâ et Safi Zana, sans oublier de citer celle, qui fut pour une grande part de la mobilisation des femmes à la Chaâba et a su on ne sait comment, convaincre les époux, d'autoriser leurs moitiés à assister à la manifestation, il s'agit de la grande Dame Safia bent Djelloul, veuve Zidani, sous bonne escorte et sous les ordres de Mimouna Benguerba, militante chevronnée, (que Dieu les accueille dans Son Vaste Paradis). Les femmes, («empaquetées» dans leur voile blanc), ont été fortement bousculées. Les forces de l'ordre françaises ont été surprises par la présence féminine. Elles ne s'attendaient nullement, (car en ces temps-là, la femme était cloîtrée et ne pouvait s'aventurer librement dans la rue). Elles n'avaient aucune expérience pour affronter ce genre de manifestants, ni aucune instruction pour gérer cette question d'un phénomène unique en son genre dans une ville du sud où les femmes sont claquemurées et distinctes du monde masculin. Puis, ce soulèvement populaire s'est transféré à Debdaba, l'autre quartier de la ville, situé au nord.
La manifestation dite du 11 décembre 1960 à Debdaba: (terroir d'hommes engagés et connus pour leur bravoure). Elle a pris le départ à 10 heures. Les gens ont commencé à se rassembler sur la place, située entre le commissariat de quartier et la mosquée. La jeunesse était en grand nombre. Certains jeunes essayaient de connaître le pourquoi de ce rassemblement. Si Abdelkamel, responsable politique de Béchar était présent sur les lieux. Tantôt à la tête du rassemblement, tantôt s'éclipsant parmi la foule. Quelques militants paraissaient assurer une garde rapprochée, mais changeant d'un instant à un autre, (pas toujours les mêmes), pour se mouvoir ensuite dans la masse qui continuait de grossir. Il ne cessait de gesticuler, probablement donnant des instructions à son entourage. Parfois, il donnait l'impression de sermonner. D'autres disparaissent pour ressurgir de nouveau sur un des flancs de la foule. Les gens accouraient de toutes parts. Des jeunes gens, à peine la trentaine, formaient le gros lot de la foule. Ils se trouvaient en tête du peloton encouragés par des youyous stridents qui jaillissaient de toutes parts. Des badauds finissaient par se joindre aux manifestants. Les policiers, (en civil et en tenue) se tenaient debout à l'entrée du commissariat. Ils dévisageaient sans broncher la foule. À quelques minutes du signal du départ, quelques policiers en civil, munis de matraques ont pris position au-devant des ruelles donnant accès à la voie principale sûrement pour mieux canaliser la manifestation au demeurant pacifique, comme pour lui tracer un itinéraire précis pour mieux la réprimander. Mais c'était compter sans la détermination des militants convaincus de la juste cause. Ils ont déferlé dans les rues aux cris: «L'Algérie libre, indépendante!» Des chants patriotiques ont été entamés par des adolescents, à croire qu'ils ont appris ces chants en prévision de cet évènement. Chaque fois que la foule arrivait à proximité de la porte d'une maison longeant cette avenue principale, les femmes lançaient des youyous stridents comme des sirènes. Ces chants patriotiques, ces youyous stimulaient et encourageaient les manifestants. Vers 13 heures, la colère des policiers était à son comble. Eparpillés dans les voies étroites environnantes, quelques manifestants en subissaient les retombées. Ils couraient dans tous les sens, harcelés par les forces répressives. Ces dernières frappaient avec haine, acharnement, sans discernement. Je fus personnellement piégé avec un groupe de jeunes vers 13h30 à la rue Abdelkader Adrari, (parallèle à la rue Bouhafs, ex-rue Tigline, siège de l'OCFLN, domicile du responsable politique, si Abdelkamel), reliées par une voie perpendiculaire. J'ai dû mon salut à un camion stationné sur les lieux. N'étant pas du tout un sportif avéré, je ne sais pas comment après un élan, je fis soudain un saut qui me propulsa sur le capot du camion, ou je glissai ensuite pour atterrir sur le trottoir situé entre le mur et le véhicule en stationnement. Après quoi, je me suis faufilé en prenant mes jambes à mon cou au grand dam de mes poursuivants. En quelques secondes, je fis les quelque cinq cents mètres qui me séparaient du tournant providentiel de la rue Bouhafs, lieu de mon domicile. J'ai réintégré la maison familiale, située à cent mètres de l'intersection des deux rues. La porte du domicile était ouverte probablement en attente de mon retour. J'ai eu d'ailleurs le réflexe de la fermer derrière moi. J'ai trouvé mon père debout dans la petite cour avec un bidon de peinture, un pinceau dans ses mains, un escabeau déjà installé dans la cuisine. Il m'intima l'ordre de blanchir le plafond de la cuisine. Comme paralysé par le regard sévère de mon père et le ton inhabituel exercé à mon encontre, j'ai même oublié de demander à déjeuner. Je ne savais même pas si j'avais faim ou pas. Vers 15h, les policiers frappaient aux portes de certaines maisons pour y pénétrer avec fracas, proférant des insultes et des phrases calomnieuses. Par miracle, notre maison fut épargnée de cette visite musclée. À cette heure-là, j'étais devenu blanc comme neige. Mes vêtements, mon visage, mes cheveux étaient totalement imprégnés de blanc, digne d'un professionnel de la peinture. Cette journée de décembre 1960 a été l'un des évènements qui m'a le plus marqué, incrustée à jamais dans ma mémoire. Une journée glorieuse où s'étaient entremêlés des instants d'héroïsme, des femmes «emballées» dans leur «haïk» pour la première fois en si grand nombre sur la voie publique sans être accompagnées, des jeunes gens, désarmés, bravant les forces répressives avec un courage exceptionnel. Une journée inoubliable! A


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