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«Je suis une grosse gueule»
HAMID SKIF
Publié dans L'Expression le 19 - 11 - 2006

Le poète raconte qu'il a grandi dans la douleur qui a marqué son enfance.
Qui ne connaît pas Hamid Skif? Journaliste, écrivain, il reste pour les nombreuses personnes qui l'ont connu cet écorché vif qui est entré par effraction dans la graphie du dire et de la douleur. Ses poèmes sont des récits et inversement. Il est ce laboureur qui oublie de ranger sa charrue après les travaux, ce peintre qui laisse traîner ses pinceaux après la toile, ou ce vagabond qui essaie de repousser toujours plus loin les murs d'une prison virtuelle. Si, pour beaucoup de gens, la planète est un village, pour Hamid Skif, elle est un cachot. C'est du moins l'impression qu'on peut tirer à la lecture de ses ouvrages, comme Cette géographie du danger qu'il a publié aux éditions Naïve et que les éditions Apic comptent rééditer en Algérie. Le livre raconte l'histoire d'un sans-papiers qui vit depuis des mois terré dans une chambre de bonne. A ne pas mettre entre les mains de lecteurs souffrant de claustrophobie! Le narrateur reconnaît qu'il n'est qu'un pauvre diable, le fruit pourri de la traversée, un client occasionnel d'un passeur de Tanger. Un passeur qui l'a jeté dans la gueule du loup, après avoir empoché au passage la mise, avant de le refiler, lui et ses compagnons d'infortune, à son comparse, l'Espagnol taciturne. Eh oui, s'il y a des passeurs, mercenaires patentés, c'est parce qu'il y a des harraga, et vice versa!
Et tout le drame du livre vient de ce heurt entre un homme enfermé dans sa chambre, -et qui grimpe sur une chaise pour épier les fenêtres d'en face-, et cet espace intercontinental dans lequel évoluent les autres personnages, Alexandrie, Tanger, espace éclaté, mondialisé, hors du temps. Personnages apatrides qui ne savent pas eux-mêmes qui ils sont, sauf peut-être d'être des parias, même lorsqu'ils jouent aux gigolos de fête foraine. «Je suis turc, arabe, berbère, iranien, kurde, gitan, cubain, bosniaque, albanais, roumain, tchétchène, mexicain, brésilien, chilien». Tout est dit.
L'Expression: On trouve une douleur profonde à la lecture de vos livres
Hamid Skif: Parce que j'appartiens à une génération qui porte la guerre en elle. Mon père a été condamné à 20 ans de prison dans les années cinquante. Et puis j'ai grandi dans la douleur, qui a marqué mon enfance.
Et pourquoi tant de pessimisme?
Là où elle transparaît, il y a une vieille douleur et une violence. Une grande sensibilité vis-à-vis de tout ce qui touche les hommes en général. Ça revient d'une part à mon enfance: ma famille avait été bouleversée, mais personnellement j'ai été aimé par mes parents, par ma famille. C'est cet amour que j'essaie de traduire. Un amour des autres, une main tendue. Il y a toujours une main ouverte, jamais fermée. Et puis, pour citer Sartre, la pitié d'un regard extrêmement critique.
Froid, critique, acide?
Je vais vous raconter une anecdote. Quand j'étais jeune, j'ai rencontré un cheikh zaouïa qui a essayé me sensibiliser à certaines questions, qui, à ses yeux, étaient fondamentales. J'étais demeuré froid et peu réceptif à ses circonvolutions, et après l'avoir bien écouté, je lui ai dit: «Tout cela, ce sont de beaux discours, rien de plus». J'étais jeune mais je ne m'en laissais pas conter.
Et le scepticisme, il vient d'où?
La politesse du pessimiste, c'est l'ouverture et l'optimisme critiques. Je suis issu d'une famille qui a une longue tradition historique et culturelle. J'ai eu la chance de connaître très tôt les sommités littéraires.
Vos livres décrivent une sorte de descente aux enfers, pourquoi?
Ça dépend des livres. Mais je reste toujours critique. Acide, même trop. Je suis une grosse gueule. Je crie, je dis attention. Il faut faire mieux. Clarifier les choses.
Cela dit, les oeuvres sont différenciées, quoique le fond soit le même. Mais globalement, j'adopte un style contrasté. Il y a l'ironie mêlée à la critique. On rit jaune. C'est ma façon à moi de dépasser la douleur. Nous les Algériens, on a une histoire douloureuse. Je ne fais pas dans la littérature intimiste.
Le journalisme, qu'est-ce que vous en avez gardé?
Une grande lassitude. Une déception. J'ai été l'objet de persécution de la part de celui qui devait promouvoir cette presse, à savoir le gouvernement Hamrouche.
Je suis quelqu'un d'entier. J'ai toujours assumé mes positions. Je voulais lancer un journal indépendant. On m'a fermé les portes au nez. On m'a privé de publicité, d'imprimerie. On a été jusqu'à tenir un conseil de gouvernement pour me chercher des poux sur la tête. Je tiens ces informations de la bouche des membres mêmes du gouvernement Hamrouche. Quand on pense qu'un gouvernement s'est mobilisé pour briser un journal, c'est absolument ahurissant.
Il y a eu un jour un débat à la radio avec Aziz Farès, j'avais eu le malheur de dire «Il y a des nains qui veulent nous empêcher de grandir». Hamrouche a pris cela pour lui. J'ai toujours défendu mon indépendance. J'ai dû refuser de faire des compromis et Perspectives a été obligé de fermer ses portes. J'ai refusé
d'entrer dans les luttes d'appareils. Et je reste un solitaire. Pour terminer, je dirais que la méthode Hamrouche a produit une presse hypertrophiée qui a réduit le champ de l'expression.


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