Le deuxième parti d'Afrique du Sud a averti, hier, que son soutien au gouvernement de coalition «ne sera pas tenu pour acquis» après la signature d'une loi controversée d'expropriation par le président Cyril Ramaphosa. «Que personne n'ait de doute à ce sujet, on ne sera pas tenu pour acquis, on ne sera pas réduit à des spectateurs», a affirmé John Steenhuisen, le chef du parti de centre droit Alliance démocratique (DA), principal partenaire de l'historique ANC au sein du Gouvernement d'unité nationale (GNU). «Si nos idées ne sont pas écoutées et prises en compte, il n'y a vraiment aucun intérêt à ce que nous en soyons», a-t-il insisté. «Qu'est-ce qui nous ferait partir ? Que la Constitution soit saccagée ou notre économie détruite. Tout ce qui touche à l'une de ces deux choses est une ligne rouge et on le fera savoir très clairement le moment venu.» Cette loi d'expropriation, apportant peu de nouveautés, selon la plupart des juristes, est largement fantasmée dans une partie de l'opinion qui craint des expropriations massives de propriétaires, sans compensation, comme au Zimbabwe. «Le Président aurait pu simplement nous appeler», a critiqué John Steenhuisen. «Au lieu de ça, j'ai appris sur les réseaux sociaux, en revenant de Davos, que cette loi avait été signée.» En quelques mois, elle est un énième grief de la DA, qui a récolté 22% des voix aux élections, envers l'ANC, son traditionnel adversaire politique qui demeure le premier parti du pays (40%). La signature d'une loi portant sur les langues d'enseignement à l'école, certains scandales financiers visant des ministres, maintenus au gouvernement, ainsi que la proximité sur le plan international avec la Russie ont créé des remous. Pour autant, l'Afrique du Sud, selon John Steenhuisen, «ne survivrait pas à une coalition apocalyptique comprenant les EFF ou le MK», deux partis de gauche radicale ou populiste. «La sortie du GNU ne sera pas une décision prise à la légère, de façon hasardeuse», a-t-il donc assuré en citant le cours du rand, la monnaie nationale ayant dévissé ces derniers jours. Pour rappel, en avril, l'Alliance démocratique promettait de «sortir des ténèbres» cette administration dysfonctionnelle où plus de 90 000 demandes de visas sont en attente depuis des mois, parfois des années, au grand dam des investisseurs étrangers. La DA sera également chargée de l'éducation, de l'environnement, du ministère des Travaux publics et de celui de la Communication. Il met, enfin, le pied dans la porte des très influents ministère des Finances et ministère de l'Electricité et de l'Energie avec des postes de ministres adjoints (secrétaires d'Etat). «La DA est fière de relever le défi et de prendre place, pour la toute première fois, au sein du Gouvernement national, où nous pourrons amener notre expérience d'excellence en matière de gouvernance, de tolérance zéro à l'égard de la corruption et d'élaboration de politiques pragmatiques fondées sur les résultats», s'est réjoui son chef, John Steenhuisen, dans un communiqué. Le parti est toutefois loin d'avoir obtenu tout ce qu'il désirait. Compte tenu de son score aux élections (21,8% des voix), il espérait décrocher au minimum 8 portefeuilles ministériels. Et s'il était acquis que le ministère des Finances resterait dans le giron de son actuel occupant, Enoch Godongwana, dont le sérieux est salué, la formation convoitait le ministère du Commerce et de l'Industrie.