Lourde tâche que celle entreprise, aujourd'hui, par le président français Emmanuel Macron, attendu de pied ferme par le président américain Donald Trump à la Maison-Blanche. Hier, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dit avoir «fait le point» avec lui et le Premier ministre britannique, Keir Starmer, sur «leurs contacts» aux Etats-Unis, après avoir discuté de «leur soutien indéfectible à l'Ukraine, tant sur le plan financier que militaire». Enjeu majeur, pour les trois personnalités que Trump accueille tour à tour, une discussion sur les projets de défense et de sécurité du Vieux Continent, à un moment où le grand allié américain semble opter pour d'autres choix et d'autres stratégies. Le magnat de l'immobilier est reparti vendredi à la charge contre le président ukrainien Volodymyr Zelensky, taxant sa présence à la tête de l'Ukraine de « pas importante» du tout lors des négociations en cours avec la Russie. Plus encore, il a reproché aux dirigeants européens leur peu d'empressement à agir par le passé. «J'ai eu de très bonnes discussions avec (le président russe Vladimir) Poutine, et j'ai eu des discussions pas aussi bonnes avec l'Ukraine. Ils n'ont aucune carte en main, mais ils la jouent dur», a ainsi considéré Donald Trump avant de prévenir: «Nous n'allons pas laisser cela continuer.» «Cela fait trois ans qu'il (Zelensky) est en réunion et rien n'a été fait», dit le président américain, sur Fox Radio, pour enfoncer le clou et conclure: « Je ne pense donc pas qu'il soit très important pour participer à des réunions.» Pour le chef de file républicain, il est évident que le président Poutine n'était nullement sous pression pour conclure la paix. «Il n'a pas besoin d'un accord, parce que s'il le voulait, il prendrait le pays entier», note-t-il tout en estimant que Macron et Starmer n'ont fait aucun effort pour arrêter la guerre. Cela donne un avant-goût de ce qui va se passer lors de la rencontre avec les deux hommes, attendus séparément par Donald Trump qui n'a pas l'habitude de mâcher ses mots. « La guerre continue, ils n'ont eu aucune rencontre avec la Russie, rien du tout, ils n'ont rien fait», a déploré le président américain. Ces propos reprennent en sourdine certaines des invectives de Trump aussi bien à l'égard de Zelensky que de certains dirigeants européens, même si l'émissaire américain en Ukraine, Keith Kellogg a tenté, hier, de calmer le jeu. Il semble que la colère sourde du milliardaire de la Maison-Blanche concerne le refus de Zelensky de concéder aux Etats-Unis la concession de 50% des minerais stratégiques ukrainiens en compensation de plus de 500 milliards de dollars fournis à Kiev en forme d'aide militaire par l'administration Biden. Zelensky ayant déclaré en rejetant la demande que «son pays n'est pas à vendre», tout en offrant de possibles «investissements» en contrepartie de «garanties de sécurité» face à la Russie a fait réagir le conseiller à la sécurité de Trump, Mike Waltz qui assure, lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington, que « le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine». Selon lui, Trump qui insiste fortement est «très frustré» par la réaction négative du président ukrainien. Aussi, la visite des dirigeants européens aura bien du mal à le soulager de cette frustration.