Le ministre français de l'Intérieur est incorrigible.À défaut de réussir d'avoir un bras de fer avec l'Algérie, Bruno Retailleau fait-il son bras de fer finalement avec l'Etat français? C'est ce qui semble visiblement le cas depuis la dernière sortie médiatique d'Emmanuel Macron, allant dans le sens de l'apaisement entre Alger et Paris. Une journée plus tard, le ministre de l'Intérieur se rebelle contre son propre président. Son département s'est illustré par deux actes hostiles, provocateurs envers l'Algérie et contraires à la volonté du président Macron d'apaiser le climat de tension entre les deux pays. le premier a été le fait des services de la police française des frontières qui ont renvoyé l'épouse de l'ambassadeur algérien au Mali, sous prétexte qu'elle n'avait pas d'argent. Un prétexte qui ne tient pas la route puisque «l'épouse du diplomate était en règle, elle a présenté son certificat d'hébergement, un document d'assurance et la carte de crédit de son époux», rapporte l'APS. Celle-ci estime que «c'est la provocation de trop de ce ministre de l'Intérieur, conseillé par ses amis intimes. Les choses sont désormais, claires, ce ministre de lIntérieur qui fait de l'Algérie son seul et unique programme, a décidé de jouer la carte de la rupture avec l'Algérie sur le dos de son président». Elle ajoute que «l'Algérie qui est victime de ce double langage au sommet de l'Etat français ne peut plus rester les bras croisés et va prendre toutes les mesures de riposte qu'impose cette situation». Ce double langage et le flou qui entoure la gestion de cette crise par les autorités françaises appuyé, justement, par des révélations du journal français Le Canard enchaîné. Dans son édition du 25 février, Le Canard s'interroge «si le ministre de l'Intérieur maîtrise le double langage? Ce ministre qui s'efforce de faire le dur avec l'Algérie», écrit-il. Le célèbre journal satirique révèle avoir mis la main, ou plutôt «la palme», sur deux courriers de l'état-major de la Direction nationale de la police aux frontières (Dnpaf). Le premier, signé le 5 février dernier, ordonne à tous ses correspondants de «procéder à des contrôles rigoureux à l'égard de ressortissants algériens titulaires de passeports officiels pour toutes leurs catégories de mission ou de séjour sur le territoire national». Ainsi, il est mentionné que si les voyageurs algériens de cette catégorie ne disposent pas d'un «ordre de mission», «ou de justificatifs d'hébergement», «une assurance», ou «un billet retour», les policiers aux frontières sont tenus de «procéder à une non-admission et au réacheminement nécessaire», rapporte le Canard enchaîné. Mais seulement voilà, cette circulaire n'a finalement pas fait long feu, puisque quarante-huit heures plus tard, soit le 7 février, l'état-major de la Dnpaf fait parvenir aux policiers aux frontières une nouvelle instruction. Celle-ci stipule que «sur instruction du cabinet du ministre, il y a lieu de lever les mesures de contrôle renforcé à l'égard des ressortissants algériens titulaires de passeports officiels», rapporte le journal français, précisant que «ces instructions sont d'application immédiate». C'est un fait qui semble bizarrement trancher avec les pratiques du ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, réputé raciste et profondément anti-algérien. Le refoulement de l'épouse du diplomate algérien, dans la journée d'hier, confirme donc que Retailleau n'est pas prêt à lâcher sa bataille personnelle contre l'Algérie, guidé par sa haine, et des calculs électoralistes, au détriment des intérêts de l'Etat et du peuple français. Le deuxième acte hostile envers les Algériens sent particulièrement des relents du racisme anti-algérien. Il vient de la part du représentant spécial du ministre de l'Intérieur sur l'immigration, Patrick Stéphanini. Celui-ci fait savoir que les sans-papiers algériens, contrairement à tous les autres se trouvant sur le sol français sont «exclus» du dispositif de régularisation des travailleurs dans les métiers en tension. «Les ministres de l'Intérieur et du Travail vont prochainement actualiser la liste des métiers en tension et les ressortissants algériens n'en seront pas bénéficiaires» a-t-il déclaré. Le subordonné de Retailleau, suggère que l'Algérie doit accepter de réviser les accords de 1968 pour bénéficier de ses mesures. «Cela peut être une occasion pour l'Algérie d'accéder à ces mesures qui ont fait leur preuve avec d'autres pays», dit-il encore. Ces deux événements renseignent sur une véritable guerre de tranchées dans les hauts rouages de l'Etat français. Le courant de l'extrême droite, réputé pour ses trahisons historiques envers la France et les Français, perpétue ses forfaitures politiques.