Arrivé hier à Alger pour prendre part, aux côtés de son homologue algérien, à la table ronde algéro-italienne sur l'entrepreneuriat, le chef de la diplomatie italienne, Antonio Tajani, a entamé une visite de deux jours, ponctuée par des entretiens avec le président de la République et le ministre des Affaires étrangères. Ce déplacement s'inscrit dans le cadre d'un rendez-vous périodique réunissant des acteurs économiques des deux pays. Il confirme également l'importance du partenariat algéro-italien, qui trouve ses racines dans la Révolution algérienne, soutenue par l'ancien PDG d'ENI, le défunt Enrico Mattei. Plus récemment, ce partenariat a été renforcé par la solidarité du gouvernement italien durant la décennie noire. Le président Tebboune en a témoigné. Au moment où tout le monde fuyait l'Algérie, l'Italie n'a pas rompu ses relations avec le pays et en a même payé le prix du sang, a-t-il indiqué en substance à plusieurs reprises. Hier, il a reçu, au siège de la présidence de la République, l'hôte de l'Algérie, qui vient donner tout son sens à un partenariat exceptionnel entre le nord et le sud de la Méditerranée. En effet, le volume des échanges, le caractère stratégique des investissements dans les énergies, l'industrie et l'agriculture, ainsi que le rapprochement culturel récent placent la relation algéro-italienne à un niveau inédit dans la région. Alger et Rome sont en passe d'ériger un véritable axe qui reliera l'Europe de l'Ouest, d'un côté, à travers le projet du Corridor H2, et l'Afrique de l'autre, grâce au plan Mattei, qui prévoit des investissements dans plusieurs pays du continent noir. Ainsi, la visite du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères italien à Alger ne peut, en aucun cas, être considérée comme une activité anodine du gouvernement. La consolidation de l'axe Alger-Rome a fait l'objet d'échanges entre les deux ministres des Affaires étrangères, élargis aux secrétaires généraux des ministères et aux membres des délégations des deux pays. Le partenariat algéro-italien, dans ses diverses dimensions politique, économique et humaine, a été abordé par les deux parties. Il en a résulté une satisfaction mutuelle quant à «la dynamique remarquable des relations bilatérales et l'intensité des échanges de visites et de consultations». Les deux hommes ont évoqué «les échéances à venir». Un aspect important de cet échange a été «l'actualité aux niveaux régional et international». Ils ont, à ce propos, «échangé leurs points de vue et analyses sur les récents développements dans l'espace méditerranéen, au Sahel et au Moyen-Orient», rapporte un communiqué du département d'Ahmed Attaf. Le directeur exécutif des opérations du secteur des ressources naturelles à ENI, Guido Brusco, a été reçu par le ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab. Ce dernier était accompagné du PDG du groupe Sonatrach, Rachid Hachichi, ainsi que de cadres du ministère. Les deux délégations ont abordé les projets en cours et futurs entre les deux parties dans divers domaines. Il a été question, en plus de la coopération traditionnelle dans les hydrocarbures, de la très attendue interconnexion électrique qui donnera à l'axe Alger-Rome toute la dimension historique qu'il mérite. En outre, les énergies nouvelles et renouvelables ont également figuré à l'ordre du jour de la réunion. Sur tous ces projets, Mohamed Arkab a réaffirmé l'engagement de l'Algérie à «assurer un climat d'investissement incitatif et à renforcer les partenariats existants au service des intérêts communs». C'est déjà un acquis qu'il faudra consolider, à l'image de la concession agricole à Timimoun, obtenue dans un délai raisonnablement court et qui prévoit un investissement de 420 millions de dollars. Guido Brusco s'est félicité du «niveau des relations de partenariat entre Sonatrach et ENI». Ce partenariat, qui repose sur les deux géants énergétiques algérien et italien, vise à établir un pont entre les deux rives de la Méditerranée. Au regard de l'importance économique, historique et politique des deux pays qui promeuvent ce partenariat stratégique, il est légitime de qualifier la coopération algéro-italienne d'attribut solide de ce qui pourrait se transformer à l'avenir en un axe afro-européen. Le gazoduc transsaharien reliant l'Algérie au Nigeria, l'intérêt que porte la puissance économique africaine, l'Afrique du Sud, à la constitution d'un axe Alger-Abuja-Pretoria, associés aux investissements du plan Mattei, ainsi que l'empressement de l'Allemagne et de l'Autriche à concrétiser le Corridor H2 attestent de l'ampleur de ce que construit Alger et Rome ces cinq dernières années.