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«Une réalité longtemps passée sous silence»
Benjamin Stora à propos des crimes coloniaux français
Publié dans L'Expression le 12 - 03 - 2025

Benjamin Stora en remet une couche! Après Jean-Michel Aphatie, l'historien est revenu sur les crimes coloniaux de la France. Il les qualifie de «vérité historique encore méconnue». Dans une interview au journal français, Libération, paru, hier, il rappelle que «la brutalité de la conquête coloniale française demeure une réalité longtemps passée sous silence». Ce spécialiste de la période coloniale apporte son soutien au chroniqueur Jean-Michel Aphatie qui avait fait l'analogie entre les crimes coloniaux français et le massacre d'Oradour-sur-Glane en 1944. «Jean-Michel Aphatie a eu le mérite de lever le voile sur une vérité historique méconnue du grand public», souligne-t-il.
Les exemples d'une violence extrême
Pour l'historien, cette prise de parole a mis en lumière un tabou persistant: les massacres commis en Algérie par l'armée française, qui restent largement méconnus en France. «Il faut bien sûr faire attention aux anachronismes, mais il existe des points de comparaison par l'ampleur des massacres commis», explique Stora. Les massacres coloniaux en Algérie sont pourtant amplement documentés par les historiens. «L'histoire coloniale française est marquée par des crimes de masse», affirme Stora. Il cite notamment: les enfumades des grottes du Dahra en 1845, où plusieurs centaines de réfugiés, principalement des femmes et des enfants, sont morts asphyxiés par la fumée; le siège de Constantine en 1837, qui a fait de nombreuses victimes civiles, y compris après la prise de la ville; l'anéantissement de Laghouat en 1852, où 2 500 personnes ont péri. Ou encore la répression du soulèvement kabyle de 1871, qui a conduit à la confiscation de 500 000 hectares de terres et à l'exil forcé des populations. «Ces massacres, faisant des milliers de victimes civiles, illustrent une guerre d'extermination coloniale», insiste-t-il. La mise à l'écart de Jean-Michel Aphatie par RTL met en lumière une tendance inquiétante. «La suspension de Jean-Michel Aphatie est une nouvelle tentative de restreindre le champ de la critique historiographique», estime Stora.
«Le journaliste a affirmé une vérité historique, ce qui a provoqué une vague d'injures et d'insultes à son encontre. Cela illustre clairement le danger auquel sont confrontés tous les chercheurs travaillant sur les thèmes du colonialisme et de l'esclavage», a-t-il mis en avant. Pour l'historien, cette situation démontre combien il est difficile de mener un travail serein sur ces questions. «La liberté de la recherche est menacée», alerte-t-il. «Il devient impossible de travailler sereinement pour établir ces vérités. Il y a un danger, et on le voit aux Etats-Unis, où des théories fumeuses autour du 'wokisme' se propagent». Cette incapacité à reconnaître les crimes coloniaux français a des racines profondes. «La difficulté réside dans le fait que la conquête coloniale de la France a été justifiée par une 'mission civilisatrice', et non par une prétendue supériorité raciale», explique Stora. «Ce raisonnement a conduit à une tragique conception des fins et des moyens: pour atteindre des objectifs jugés nobles, il fallait justifier l'emploi de moyens violents».
«Des gestes forts, une loi de restitution»
Un autre facteur joue un rôle clé: l'absence de représentation de cette histoire dans la culture populaire.
«Contrairement aux Etats-Unis, qui ont mis en scène la conquête de l'Ouest, la France n'a jamais porté à l'écran la conquête sanglante de l'Algérie et ses massacres», observe Stora. Cette absence d'ancrage mémoriel a eu des conséquences directes. «Jusqu'en 1930, la conquête coloniale était célébrée avec faste, à travers des parades et des commémorations, comme lors de l'exposition coloniale de 1931, à Paris», rappelle-t-il. «Bien que des voix anticolonialistes se soient élevées - de Victor Hugo à Jean Jaurès, en passant par Gisèle Halimi et Edgar Morin -, la pensée anticoloniale a toujours été minoritaire face au consensus sur la 'mission civilisatrice'.» Pour Benjamin Stora, il est urgent que la France prenne des mesures concrètes pour assumer son passé. «La reconnaissance officielle de l'assassinat de Maurice Audin, Ali Boumendjel et Larbi Ben M'hidi par Emmanuel Macron a été un pas, mais insuffisant», estime-t-il. «La France devrait aller plus loin en restituant, par exemple, des objets historiques comme les livres, les étendards et le Coran personnel de l'émir Abdelkader. Il faudrait des gestes forts, comme une loi de restitution.» Pour l'historien, la mémoire de la colonisation reste un enjeu identitaire fondamental. «Aucun discours idéologique ne pourra empêcher cette quête de vérité», affirme- t-il. «La jeunesse, en particulier, cherche à se réapproprier cette histoire», a-t-il conclu son plaidoyer. Une sortie fracassante d'un spécialiste sur des faits historiques établis. Ce sont les archives et les témoignages qui parlent...


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