Hidaoui reçoit la directrice de la Division femmes, genre et jeunesse de la Commission de l'UA    Economie de la connaissance : Ouadah met en avant à Shanghai les efforts de l'Algérie en matière de numérisation et d'IA    Karaté/Championnats d'Afrique : l'Algérie termine avec 12 médailles, dont 2 en or    Jeux scolaires Africains (Algérie 2025) : Echos des Jeux    Le président de la République préside la cérémonie de distinction des lauréats du Baccalauréat et du BEM    Persistance de la vague de chaleur sur plusieurs wilayas du pays jusqu'à mardi    Secousse tellurique de magnitude 3 degrés à Bejaïa    Foot/ CHAN-2024 (décalé à 2025): deux séances d'entraînement de plus pour la sélection nationale à Sidi Moussa    Agression sioniste: tout le monde a faim à Ghaza    Le ministre de la Justice reçoit le président du HCI    Hidaoui souligne l'importance d'encourager les jeunes dans le domaine des médias numériques    CAN féminine 2025 Le Nigeria remporte son dixième titre    L'international suédois Viktor Gyökeres s'engage avec Arsenal    Analyse des positions géopolitiques    Des soldats sionistes prennent le contrôle du bateau transportant de l'aide humanitaire aux Ghazaouis    Pour des raisons sécuritaires et économiques, l'Algérie doit repenser son système d'information    Les inscriptions sont lancées    Alger, carrefour stratégique du commerce intra-africain    Keltoum, la doyenne de l'interprétation féminine    Haut conseiller du président américain: les Etats-Unis d'Amérique attachent une grande importance à leurs relations avec l'Algérie    Crash d'un avion de ligne russe : le président de la République présente ses condoléances à son homologue russe    Programme AADL 3: plus de 870.000 souscripteurs ont consulté les résultats de l'étude de leurs dossiers    Arkab reçoit le haut conseiller du président américain pour l'Afrique, les affaires arabes et le Moyen-Orient    Attaf reçoit le haut conseiller du président des Etats-Unis d'Amérique pour l'Afrique    Le président de la République reçoit l'ambassadeur de la République tunisienne en Algérie    Oran: clôture du Festival local de la musique et de la chanson oranaises    Plus de 18 kg de cocaïne et 5,3 milliards de centimes saisis par le SRLCO    Attention à la noyade !    Dans les pas de Fernando Pessoa…    Le ministre de la Communication prend part à une cérémonie en hommage au défunt journaliste Ali Draa    1.700 athlètes attendus en Algérie pour la 1ère édition    Contact perdu avec le navire Handala transportant de l'aide humanitaire    Les impacts économiques et géostratégiques des tensions entre l'Algérie et la Commission européenne    Célébration en musique du 185e anniversaire de la naissance de Tchaïkovski    Mohamed Meziane installe le nouveau secrétaire général du ministère    Sur la voie de la fidélité    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



«Une réalité longtemps passée sous silence»
Benjamin Stora à propos des crimes coloniaux français
Publié dans L'Expression le 12 - 03 - 2025

Benjamin Stora en remet une couche! Après Jean-Michel Aphatie, l'historien est revenu sur les crimes coloniaux de la France. Il les qualifie de «vérité historique encore méconnue». Dans une interview au journal français, Libération, paru, hier, il rappelle que «la brutalité de la conquête coloniale française demeure une réalité longtemps passée sous silence». Ce spécialiste de la période coloniale apporte son soutien au chroniqueur Jean-Michel Aphatie qui avait fait l'analogie entre les crimes coloniaux français et le massacre d'Oradour-sur-Glane en 1944. «Jean-Michel Aphatie a eu le mérite de lever le voile sur une vérité historique méconnue du grand public», souligne-t-il.
Les exemples d'une violence extrême
Pour l'historien, cette prise de parole a mis en lumière un tabou persistant: les massacres commis en Algérie par l'armée française, qui restent largement méconnus en France. «Il faut bien sûr faire attention aux anachronismes, mais il existe des points de comparaison par l'ampleur des massacres commis», explique Stora. Les massacres coloniaux en Algérie sont pourtant amplement documentés par les historiens. «L'histoire coloniale française est marquée par des crimes de masse», affirme Stora. Il cite notamment: les enfumades des grottes du Dahra en 1845, où plusieurs centaines de réfugiés, principalement des femmes et des enfants, sont morts asphyxiés par la fumée; le siège de Constantine en 1837, qui a fait de nombreuses victimes civiles, y compris après la prise de la ville; l'anéantissement de Laghouat en 1852, où 2 500 personnes ont péri. Ou encore la répression du soulèvement kabyle de 1871, qui a conduit à la confiscation de 500 000 hectares de terres et à l'exil forcé des populations. «Ces massacres, faisant des milliers de victimes civiles, illustrent une guerre d'extermination coloniale», insiste-t-il. La mise à l'écart de Jean-Michel Aphatie par RTL met en lumière une tendance inquiétante. «La suspension de Jean-Michel Aphatie est une nouvelle tentative de restreindre le champ de la critique historiographique», estime Stora.
«Le journaliste a affirmé une vérité historique, ce qui a provoqué une vague d'injures et d'insultes à son encontre. Cela illustre clairement le danger auquel sont confrontés tous les chercheurs travaillant sur les thèmes du colonialisme et de l'esclavage», a-t-il mis en avant. Pour l'historien, cette situation démontre combien il est difficile de mener un travail serein sur ces questions. «La liberté de la recherche est menacée», alerte-t-il. «Il devient impossible de travailler sereinement pour établir ces vérités. Il y a un danger, et on le voit aux Etats-Unis, où des théories fumeuses autour du 'wokisme' se propagent». Cette incapacité à reconnaître les crimes coloniaux français a des racines profondes. «La difficulté réside dans le fait que la conquête coloniale de la France a été justifiée par une 'mission civilisatrice', et non par une prétendue supériorité raciale», explique Stora. «Ce raisonnement a conduit à une tragique conception des fins et des moyens: pour atteindre des objectifs jugés nobles, il fallait justifier l'emploi de moyens violents».
«Des gestes forts, une loi de restitution»
Un autre facteur joue un rôle clé: l'absence de représentation de cette histoire dans la culture populaire.
«Contrairement aux Etats-Unis, qui ont mis en scène la conquête de l'Ouest, la France n'a jamais porté à l'écran la conquête sanglante de l'Algérie et ses massacres», observe Stora. Cette absence d'ancrage mémoriel a eu des conséquences directes. «Jusqu'en 1930, la conquête coloniale était célébrée avec faste, à travers des parades et des commémorations, comme lors de l'exposition coloniale de 1931, à Paris», rappelle-t-il. «Bien que des voix anticolonialistes se soient élevées - de Victor Hugo à Jean Jaurès, en passant par Gisèle Halimi et Edgar Morin -, la pensée anticoloniale a toujours été minoritaire face au consensus sur la 'mission civilisatrice'.» Pour Benjamin Stora, il est urgent que la France prenne des mesures concrètes pour assumer son passé. «La reconnaissance officielle de l'assassinat de Maurice Audin, Ali Boumendjel et Larbi Ben M'hidi par Emmanuel Macron a été un pas, mais insuffisant», estime-t-il. «La France devrait aller plus loin en restituant, par exemple, des objets historiques comme les livres, les étendards et le Coran personnel de l'émir Abdelkader. Il faudrait des gestes forts, comme une loi de restitution.» Pour l'historien, la mémoire de la colonisation reste un enjeu identitaire fondamental. «Aucun discours idéologique ne pourra empêcher cette quête de vérité», affirme- t-il. «La jeunesse, en particulier, cherche à se réapproprier cette histoire», a-t-il conclu son plaidoyer. Une sortie fracassante d'un spécialiste sur des faits historiques établis. Ce sont les archives et les témoignages qui parlent...


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.