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Le syndicat, le compromis et les paradoxes
Publié dans L'Expression le 22 - 03 - 2007

C'est seulement après le coup d'Etat manqué de Tahar Zbiri qu'une partie de la direction de l'Ugta qui avait pris position contre Boumediène, du moins, sa manière de procéder, a été exclue et emprisonnée par le gouvernement de l'époque.
Le «j'assume» du patron de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd et les attitudes peu légales marquant la relation de l'organisation syndicale dans l'affaire Khalifa ont, encore une fois, mis en scène les lieux trop peu transparents des espaces politiques en Algérie, gravement atteints dans leur fonctionnement à la limite du légal, considéré paradoxalement comme trop encombrant. Aujourd'hui, l'Ugta, condamnée à s'ouvrir sérieusement à la société et à jouer le jeu de la démocratie, encore trop balbutiante, traverse des moments très difficiles et délicats.
Mais les pouvoirs publics sont-ils disposés à conjuguer les ébats politiques à la légitimité et au jeu de la représentation nationale libre et au discours pluraliste? La réalité du terrain donne à voir un syndicat et des pratiques opaques, excluant toute remise en question des attitudes antérieures.
L'affaire Khalifa n'est, finalement qu'un énième épisode dans la marginalisation de l'espace formel et légal dans la prise de décision.. Ce qui est, d'ailleurs une tradition dans le microcosme dirigeant de l'Ugta qui fonctionne comme un appareil coupé des espaces réels du monde du travail. On ne peut comprendre la réalité des rapports conflictuels entre l'appareil gouvernemental et le syndicat si on ne jette pas un regard sur l'histoire des relations entre mouvement syndical et espace politique.
Cette organisation, lieu et enjeu de luttes d'appareils extrêmement tendus depuis sa création, a vu ses conflits longtemps latents se révéler au grand jour, épousant les contours des espaces idéologiques et politiques traversant les structures partisanes. D'ailleurs, l'Ugta qui était ce qu'on appelait à l'époque une «organisation de masse» du FLN, a toujours regroupé diverses tendances politiques et constituait l'espace privilégié de l'entrisme.
Ainsi, trotskystes, pagsistes, ffsistes, islamistes, flnistes se retrouvaient dans cet univers où les compromis marquaient le paysage.
Univers de compromis
L'Ugta devenait un univers pluriel mais paradoxalement fonctionnant comme un lieu où se cristallisaient les luttes d'appareils et les compromis entre entités politiques. Tout cela était essentiellement dirigé de l'extérieur de cette instance qui voyait les ficelles tirées par des hommes détenant le vrai pouvoir. Les crises connues par ce syndicat ont été facilement résorbées par le pouvoir politique qui a toujours éliminé, tout simplement, les hommes considérés comme non consensuels, c'est-à-dire pouvant mettre en péril son propre équilibre.
A aucun moment, le syndicat n'a constitué un contre-pouvoir. Le discours de Sidi Saïd sur les relations de l'Ugta avec le gouvernement, qui devraient se caractériser par une sorte de compromis constant, donne à voir la nature du deal de départ marquant le sort d'une organisation, évacuant toute autonomie et vivant dans l'entrejambe du pouvoir politique. Quand Abdelhak Benhamouda a cherché à imposer une certaine autonomie, il a connu une sérieuse mise à l'écart, à tel point qu'il se serait octroyé un congé très spécial, évitant tout contact.
Il est vrai que dès sa naissance, politique et lutte syndicale se confondaient. Messali Hadj et Hadj Ali Abdelkader, fondateurs du premier parti politique algérien de type européen, l'Etoile nord-africaine, venaient de la CGT, syndicat très lié au mouvement politique français, la Sfio (section française de l'Internationale ouvrière). Ainsi, déjà, dès les origines, le syndicat n'était nullement autonome de l'appareil politique. Même, l'Ugta, née en 1956, sur injonction du FLN, ne pouvait donc qu'être assujettie à une structure partisane. Cette réalité ne changera pas après l'indépendance où tous les textes et les plateformes idéologiques la cantonnent à un rôle d'instance du pouvoir. Le programme de Tripoli(1962), les chartes d'Alger(1964) et nationales (1976 et 1986) n'ont nullement cherché à donner à l'instance syndicale une sorte d'indépendance qui l'aurait transformée en «contre-pouvoir». Loin de là, elle a toujours été un espace d'illustration du discours officiel où, parfois, dans des moments de crises, se révèlent les conflits entre diverses tendances comme en 1964, 1968, 1974.
Le syndicat, faute de partis politiques, devenait le lieu où s'exprimaient les militants des divers partis clandestins. Tout le monde le savait à tel point que les gens du pouvoir se mettaient tout simplement à négocier avec les partis dits illégaux à l'époque comme le Pags, le FFS, le PRS ou les groupes trotskistes.
D'ailleurs, en 1978, Mohamed Salah Yahiaoui, à l'époque, coordonnateur du FLN, juste avant le congrès de ce parti paradoxal, mit un terme à l'ancêtre de l'article 120 (il existait déjà un texte ne permettant pas aux non-militants du FLN de se faire élire dans les assemblées ou les «organisations de masse», depuis le fameux congrès du FLN de 1964, Mohamed Chérif Messadia n'a fait que le réactualiser tout simplement), pour permettre aux militants de différents partis politiques de participer au congrès et aux structures centrales de l'Ugta.
M.S.Yahiaoui cherchait à récupérer le syndicat qui pouvait devenir une grande machine de soutien à sa politique et à ses ambitions.
L'Ugta, certes, attaquait des ministres et certaines décisions politiques mais ne pouvait s'en prendre au président qui a toujours incarné le vrai pouvoir souvent confondu avec l'appareil militaire. C'est seulement après le coup d'Etat manqué de Tahar Zbiri qu'une partie de la direction de l'Ugta qui avait pris position contre Boumediène, du moins, sa manière de procéder, a été exclue et emprisonnée par le gouvernement de l'époque qui avait suspendu pendant plus d'une année l'organe central, Révolution et Travail. Mais il s'agissait d'une affaire entre deux colonels. Vite, le syndicat allait reprendre sa fonction de soutien au président permettant une petite marge de manoeuvre aux syndicalistes qui se retrouvaient souvent promus à des postes politiques. Ainsi, se révélait la véritable vocation des «syndicalistes». Certes, quand on critique tel ou tel ministre, on évite d'aller à l'éclatement. Quand Demène Debbih réagit aux articles de Bourouiba, il le fait, en s'attaquant à la «politique libérale» du gouvernement tout en ménageant Chadli qui était intouchable, comme d'ailleurs, par la suite, les différents présidents.
Ainsi, ce jeu de cache-cache politique finit constamment par un «dialogue» entre les deux camps à tel point que beaucoup ne s'empêchent pas de penser qu'ils ont tout simplement affaire à une mise en scène.
L'absence de légitimité de l'appareil syndical le rend très fragile. Ce qui permet au président de l'humilier publiquement sans aucune réaction du secrétariat national de l'Ugta coincé entre les ambitions démesurées des uns et les calculs pervers des autres. Le secrétaire général de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd sait qu'il n'a pas intérêt à répondre au président qui risquerait de le mettre en minorité «démocratiquement» en faisant pression sur les autres membres du SN qui doivent bien gérer leurs carrières.
Les choses deviennent difficiles pour lui. Certes, des grèves sont déclenchées ça et là, mais cela ne semble pas avoir grand effet sur le président qui semble connaître les règles du jeu en refusant de concéder à cette organisation un quelconque pouvoir tout en évitant d'en faire une force sociale importante. Ce jeu se retrouve dans tous les pays où il n'existe pas de pluralisme syndical. Nous connaissons l'expérience de Habib Achour en Tunisie dont l'action avait été, sur ordre de Bourguiba, «cassée» par ses propres compagnons du bureau de l'Ugtt. Il ne faut nullement s'attendre à un sérieux bras de fer entre le gouvernement qui a la part belle et l'Ugta qui risquerait de faire le dos rond pour sauvegarder ses intérêts, d'autant plus que l'affaire Khalifa l'a davantage fragilisée. Les attaques contre certains ministres montrent, s'il en est, les limites d'une action marquée beaucoup plus par les jeux de la périphérie que par une réelle volonté de s'opposer à des entreprises idéologiques et politiques dont le lieu central se trouve à la Présidence. Abdelaziz Bouteflika a mis en pièces l'Ugta qui devrait retrouver, selon lui, sa place qui est celle d'illustrateur des actions politiques et économiques du pouvoir. Que pourrait faire Sidi Saïd dans une situation où l'absence de légitimité limite considérablement ses pouvoirs d'autant plus qu'il a lui-même fonctionné comme appoint du «pouvoir» en soutenant chaque fois le président? Cette manière de faire n'est pas propre à Sidi Saïd. Mais, à la longue, cette absence de contre-pouvoir efficace au niveau institutionnel ne fera qu'accentuer les conflits culturels, politiques et idéologiques, menaçant même les lieux centraux de l'unité nationale.
La réalité des relations entre le pouvoir et le syndicat pose sérieusement le problème du déficit de communication et de l'absence de véritables contre-pouvoirs. Ces carences rendent plus difficiles la mise en oeuvre d'un projet cohérent.
Du fonctionnement des institutions
Ainsi, nous n'avons qu'à suivre les gesticulations des uns et des autres n'arrêtant pas de faire appel à un certain «programme» du président mais devenant paradoxalement le lieu central du discours de nombreux laudateurs, y compris l'Ugta. Cette manière de faire pousse irrémédiablement aux conflits et aux violences. En Algérie, le chef du gouvernement n'a jamais bénéficié de pouvoirs et de prérogatives importants. Nous connaissons les mésaventures de Bélaid Abdeslam et de Benbitour qui ont compris qu'ils n'étaient parfois que de simples faire-valoir. Cette réalité met en relief un autre problème, celui du fonctionnement des institutions caractérisé par des ambiguïtés extraordinaires et une pratique duale et ambivalente du pouvoir politique renvoyant au président de la République et à l'appareil militaire se proclamant comme l'espace de préservation de l'équilibre des forces du pouvoir.
C'est la question d'un vrai syndicat dépoussiéré et dépouillé de ses brise-bises avec les gouvernements successifs qui semble interpeller beaucoup de forces politiques. Pour le moment, un syndicat fonctionnant comme contre-pouvoir, n'existe pas. Arrivera-t-on à changer la donne, à la faveur de l'affaire Khalifa, en accordant plus d'intérêt aux syndicats dits autonomes qui se verraient ainsi propulsés en espaces de contre-pouvoir? La question reste ouverte dans un univers encore marqué par l'absence d'une véritable culture démocratique.
Une question qui vaut son pesant démocratique: l'Ugta, née dans des conditions historiques particulières, n'est-elle pas condamnée à disparaître de la scène pour devenir le symbole d'une union symbolique?


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