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Novembre dans la mémoire des enfants
53E ANNIVERSAIRE DU DECLENCHEMENT DE LA REVOLUTION
Publié dans L'Expression le 01 - 11 - 2007

Il serait probablement trop tôt de les informer des exactions et des crimes commis par le colonialisme et leur décrire les atrocités subies par nos pères et nos grands-pères pour arracher notre liberté.
Que représente en réalité pour un enfant de sept ou huit ans en classe de deuxième année primaire le 1er Novembre 1954? Absolument rien, me rétorquent des amis diplômés, l'un en sociologie et l'autre en sciences de la communication, les deux au chômage, et mieux informés que moi sur la question. Sur le moment, mes doutes allèrent vers la dualité qui oppose leurs affirmations à leurs conditions sociales. Pour m'en assurer et avoir le coeur net, j'ai questionné aussitôt mes propres enfants. Surpris de la concordance de leurs dires, face à leurs étonnement et stupéfaction, les yeux grands ouverts d'interrogations, elles répliquèrent immédiatement en allant m'apporter le lot de livres qu'elles portent quotidiennement sur le dos pour aller et revenir de la maison à l'école.
Deux manuels ont attiré mon attention. Entre celui de l'éducation civique et celui de la langue arabe, dont la qualité infographique et le tirage laissent à désirer, ma surprise fut encore plus grande devant la rareté de textes qui devaient relater, à mon sens, la grandeur de notre guerre de Libération nationale. Il serait probablement trop tôt de les informer des exactions et des crimes commis par le colonialisme et leur décrire les atrocités subies par nos pères et grands-pères pour arracher notre liberté. J'ai compris, en feuilletant les manuels, que le traitement de la mémoire nationale reste encore problématique, bénéficiant d'une approche très timide, voire même légère. Ce n'est sûrement pas encore l'apanage de l'école algérienne, je suppose? Ou bien je me suis trompé de palier, mais sûrement pas de date?
Le manuel un
Poursuivant ma quête, je constate que le sommaire du manuel sur l'éducation civique comprenait des textes sur le milieu social, la vie communautaire à l'école, les valeurs sociales, la démocratie et la protection de l'environnement. Des concepts qui peuvent en l'occurrence, pour certains d'entre les enfants, servir de travaux pratiques ou manuels à la rigueur. Ils pourront servir ainsi à créer l'ambiance de camaraderie et d'entraide absente au sein de l'école et à l'intérieur même de la classe, par des moyens pédagogiques à travers les activités de groupe et les BA, (bonnes actions): le volontariat, les concours d'embellissement de l'école, le reboisement des allées, la propreté des classes consacrées par des tournois sportifs avec, bien entendu, des récompenses conséquentes. Des initiatives fort plaisantes qui, en plus de servir de stimulant et de rapprochement entre les enfants, comblent fort bien le vide sidéral de l'inexistence de bibliothèques scolaires, d'ateliers artistiques (peinture et musique) et encore plus les virtuelles salles de sports dont les échos des balles de basket ou de volley, qui, autrefois, retentissaient dans les rêves achevés et inachevés de nos champions en herbe, demeurent aujourd'hui pour nos enfants un rêve impossible. A ce rythme, l'école que nous subissons, bon gré mal gré, transformera un jour nos mômes en grosses têtes aux corps chétifs et à la mémoire courte. D'ailleurs, ils se sont mis depuis quelques années à la réformer, cette école déformée, en pataugeant dans des concepts et des pédagogies importés comme cette pomme de terre avariée, qui, loin de constituer une denrée tonifiante, ne régule pas autant les équilibres micro ou macroéconomiques qui se cantonnent dans un enfermement tenace d'une régression féconde, comme l'avait dit l'autre. Rien n'échappe à la médiocrité. Ni le corps ni l'esprit. La démocratie, la mondialisation, le développement durable, la protection de l'environnement sont des enjeux mondiaux, aux lourds contentieux encore discutables pour être servis à nos enfants comme des consommables substantiellement intellectuels ou éducatifs. Ils n'y comprendront absolument rien et, aussitôt le cours fini et la classe terminée, ils se remettent à vanter les exploits de Harry Potter, de la Panthère rose et d'Ogy et les cafards. La preuve est par mille. Pour s'en convaincre, allez-y voir vous-même ce qu'ils ont planté sur les toits des maisons et bidonvilles qui jonchent encore nos cités-dortoirs et nos cités Aadl sans «Aâdle», ces assiettes de l'aumône céleste, réceptacle magique de cette solidarité mondiale qui échappe même à la capacité de nos meilleurs vigiles, pour échapper à celle qu'ils nomment «Lemhatma», l'Unique, l'imposée. Pourquoi enseigner à nos enfants aux têtes encore fraîches ces contentieux mondiaux qui ne font pas encore l'unanimité. La démocratie ne se résume pas à une simple trilogie pour être assimilée à une trottinette. Qui a décidé de la nature de leurs capacités d'assimilation pour concevoir de tels ignominies pédagogiques, à l'heure où il serait commode et méritoire de les abreuver de cette glorieuse mémoire collective qu'ils semblent rejeter à l'adolescence par manque d'adhésion à la chose publique pour n'avoir pas été préparés? Narrons-leur la Libération avant que ne disparaissent ceux qui ont lutté pour leur avoir offert ce droit au savoir et à l'éducation. La naissance de leur nation, leurs origines tant que leurs cervelles sont prêtes à recevoir ces soubassements constitutionnels. Racontons-leur les massacres de Mai 45 et du 17 Octobre 61. Les faits d'armes des généraux gaulois qui tuaient parfois par plaisir, sans regret et sans état d'âme, nos paisibles paysans pour avoir été à leurs yeux des moins que rien, des indigènes et des gueux. Il y a une manière de le faire et ce n'est pas le style qui manquera le moins.
Le manuel deux
Nos enfants vivent les paradoxes de ceux qui les refoulent par leurs incapacités à voir clair dans la formation de l'homme de demain. On aurait pu, faute de mieux faire, leur servir la Déclaration universelle des droits des enfants pour les préparer à la démocratie de demain et leur apprendre à s'opposer à la médiocrité et à l'ignorance, à la corruption et aux passe-droits, au gain facile et aux vols par effraction. Les valeurs sociales sont semblables aux nappes souterraines, elles ne tarissent jamais, celles du travail et de la solidarité fondent la constitution communautaire.
Poursuivant ma quête historiographique, je tombe sur un texte du manuel de la langue arabe, page 44. Il capte mon attention sur une visite au Musée du moudjahid à l'occasion du 1er Novembre. Enfin disais-je, un Novembre dans le texte. Les images sont d'une qualité déconcertante. «Une image vaut mieux que deux mille mots», un adage qui n'a pas l'air de faire son bonhomme de chemin au sein de notre auguste Madrassa. Celles offertes au regard de nos enfants vous laissent pantois. Dénuées de perspective et de géométrie descriptive, à l'insensibilité artistique exacerbée, les illustrations qui accompagnent les textes de fond sont faites d'un trait d'amateur, les couleurs pâles, floues et sans âme.
Le texte est court, évasif, presque sans finalité. Il se focalise sur la notion idoine de la participation de la femme dans la lutte de Libération nationale. Lors de cette visite au musée, l'enfant aperçoit la photo d'une femme; curieux, il demande à son père de la lui présenter. «Une moudjahida nommée Lala Fatma N'Soumer» avait dit le père. «Une, moudjahida?», réplique l'enfant. Oui, mon fils, les femmes ont aidé les hommes durant la Révolution pour chasser les Français de notre pays. Une temporalité qui ne semble nullement gêner nos concepteurs du manuel, un décalage de fond et de forme béant. La Révolution, «ethaoura» telle que citée dans le texte, et Lala Fatma N'Soumer sont, deux temps deux mesures qui ne font sûrement pas l'unanimité d'une probable association, même occasionnelle. Je ne pouvais imaginer l'évocation d'une date aussi importante que celle du 1er Novembre une fois par hasard dans un manuel de 174 pages et faire au même moment l'erreur monumentale de confondre les périodes et les héros d'une nation.
Par déformation professionnelle, j'ai été curieux de connaître le taux d'intérêt accordé à notre histoire contemporaine, notamment en classe de deuxième année primaire. La mesure m'a surpris encore une fois: 0,5%. Un taux plus que méditatif. D'ailleurs, mes petites filles étaient déjà au lit quand j'ai pris conscience que je suis resté presque muet devant le fait, durant des minutes entières. Ce n'est pas étonnant, si le président de la République en personne tire la sonnette d'alarme sur le sort accordé à notre jeunesse. Cette catégorie juvénile qui, pas plus tard qu'hier, était à l'école, puis au CEM. Elle est passée certainement au lycée avant d'atterrir sur les bancs de l'université pour rejoindre ceux des jardins publics ou les bordures des trottoirs, squattant les parkings informels. Une population majoritaire (70%), ce passe-partout, servant les discours partisans démagogiques, tout en bois ou en acier galvanisé, évoquée à tout bout de champ et en toutes occasions. Ces miraculés des traversées d'infortune vers des horizons incertains, ces harragas porteurs de désespoirs démesurés, qui tentent l'impossible pour avoir été spoliés dans leur propre pays.
Tous ces anciens enfants devenus grands, ce sont pour la plupart ceux qui étaient en classe de deuxième année primaire, il y a moins d'une décennie.


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