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Si...Et tout le reste est possible
DE LA TRAITE AU TRAITE DE CHEMS-EDDINE CHITOUR
Publié dans L'Expression le 28 - 11 - 2007

Il faudrait deux mains pour applaudir à un projet d'avenir.
Mais le face-à-face est-il pédagogique? Car la mémoire, ici et là, est encore sous le choc; ici «on ne regarde que la face sombre et abjecte de la colonisation, avec son cortège d'humiliation, de déni de dignité, de torture et de larmes. On ne peut pas reprocher au peuple algérien même dans cent ans de ne pas intérioriser et de revivre en permanence le traumatisme culturel et cultuel», là, «c'est au contraire l'amnésie de tout ce qui a pu dévaloriser la France. On ne retient que les belles choses "positives" paternalistes, "humanistes", en un mot, civilisatrices, en plus du regret du bon temps de la coloniale, du paradis perdu, en un mot, de la nostalgérie, où il faisait bon vivre -on faisait suer le burnous- les esclaves devaient obéir à leur maître, car selon Bossuet, "telle est la volonté divine"...»
Voilà, pourrait-on dire, résumée une opinion tenace chez tous ceux qui, de part et d'autre de la Méditerranée, le travail de mémoire est loin d'être commencé, si tant est que ceux-ci soient les véritables interprètes compétents de l'histoire, du bon sens de l'histoire et surtout qu'ils soient aptes à tracer la vraie voie de l'histoire.
L'ouvrage De la traite au traité(*) de Chems-Eddine Chitour vient à bon droit en préciser certaines notions et concepts historiques pour éclairer, s'il en est encore nécessaire, la lanterne des uns et des autres. En réalité, nul n'est dupe des intentions françaises que cache cette loi ambiguë à souhait du 23 février 2005. La repentance? A quoi bon en discuter si c'est une manière d'étouffer le débat, si, face à des Algériens préoccupés de consolider leur indépendance, les nationalistes français et les descendants des rapatriés rêvent encore d'une Algérie française?
Comme à son habitude, le professeur Chitour procède en naturaliste: point par point, il observe les faits, les analyse, les commente. Il ne conclut pas; il ne prive pas son lecteur de se faire raisonnablement sa propre opinion. Il ne se lance pas dans des explications interminables là où il faut s'arrêter au point crucial qui noue une histoire qui serait facétieuse si elle n'était le reflet exact d'une tragédie humaine: un peuple colonisé d'une part, des familles entières issues de l'immigration en colonie d'autre part, les uns escroqués et les autres bernés, plutôt que bercés, par la littérature aux accents multiples, tantôt militaires, tantôt politiques, tantôt économiques, en définitive, une littérature pauvrement humaine puisque les populations des deux rives en sont encore à souffrir d'une situation personnelle indésirable. Et maintenant, sommes-nous prêts pour «bâtir une utopie»?
Pour faire simple, rappelons que la loi du 23 février 2005 votée au Parlement français «portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés» avait fait des vagues, non seulement en France mais également dans ses départements d'outre-mer où cette loi, comme l'écrivent de nombreux historiens et universitaires, français, «impose une histoire officielle, contraire à la mission des chercheurs et des enseignants», «bafouant la liberté de pensée qui est au coeur de la laïcité». Elle réveille bien des souvenirs terribles, et pas seulement ceux des méfaits de la colonisation - car l'ambivalence de la civilisation française a sacrifié tous les idéaux de la conscience humaine qui refuse l'oppression et l'injustice. Plus encore, cette loi ranime l'extrémisme sauvage qui conduit à la déchéance de l'homme puis qui le maintient à l'état d'esclave. Aussi, comment pourrait-on se parler librement si le dialogue est truqué par une loi qui ne retient que «le rôle positif» de la colonisation comme vérité officielle, imposant un mensonge officiel sur des ignominies, une loi oublieuse des massacres multiformes de centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, des populations entières, pendant 132 ans de colonisation? Le débat n'est pas aisé, évidemment, quand la colonisation pèse encore lourd sur des mémoires douloureuses qui ne cessent de réclamer réparation, que ce soit en France ou en Algérie, - où est passé le traité d'amitié?
L'intitulé De la traite au traité, une histoire d'utopie de Chems-Eddine Chitour est un raccourci intelligent, bien que l'ouvrage soit volumineux, pour rendre compte de l'état instable des relations algéro-françaises. Il remet en mémoire un passé colonial odieux vécu par les Algériens et commente les motifs historiques ayant alimenté la cruelle déception des populations françaises d'Algérie. Il appelle à la résolution d'un dossier politique équilibré, consenti, voulu, partagé, en passant par une étude de l'histoire, par «une écriture honnête de l'histoire, pourquoi pas, à deux mains». En cela, Chitour va dans le sens des historiens français, Gilbert Meynier et Eric Savarese, qui se demandent dans un article: «A quand une concertation d'une pareille ampleur entre historiens algériens et français pour aboutir à un manuel d'histoire commun: histoire sans frontières, en arabe ta'rîkh bilâ hudûd?»
(*) DE LA TRAITE AU TRAITE
de Chems-Eddine Chitour
Casbah-Editions, Alger, 2007
407 pages


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