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Comment mourir à petit feu
ÊTRE JEUNE À TIZI OUZOU
Publié dans L'Expression le 06 - 02 - 2008

Les visas, qui ont «secouru» les pères, sont distribués au compte-gouttes. Et les promesses qui s'alignent en chiffres dans les budgets de la wilaya tardent à se matérialiser.
Alger-Tizi Ouzou. Une heure de voyage. Près dans le temps mais loin dans l'espace de développement. La wilaya de Tizi Ouzou est une région, inscrite dans la Kabylie qui s'étend depuis pratiquement les monts de Thénia jusqu'à la limite de Sétif, et de la Méditerranée aux monts du Titteri. Région montagneuse et très peu favorable à l'agriculture, Tizi Ouzou vivotait jadis de l'émigration de ses enfants et, depuis peu, du commerce informel et des pensions de retraite. Faisant, depuis quelque temps et à son corps défendant, la une de la presse, la région essaie de s'en sortir, surtout depuis les événements du Printemps noir qui ont déstructuré l'économie locale. Plusieurs entreprises ont quitté la région laissant des projets à l'arrêt.
Les villes et les villages pleurent aujourd'hui sur le sort de ces cohortes de jeunes filles et garçons. La plupart, diplômés, attendent emploi. Les visas, qui ont «secouru» les pères, sont distribués au compte-gouttes. Et les promesses qui s'alignent en chiffres dans les budgets de la wilaya tardent à se matérialiser. Certes, à l'échelle de la vie d'un homme, ces projets tardent beaucoup, mais dans le cours du développement, des énormes avancées sont attendues.
Les spécialistes se veulent optimistes en affirmant que ces promesses seront bientôt du domaine des réalités. Certes, un travail se fait, mais face à l'urgence de la situation, les jeunes perdent patience.
La wilaya compte plusieurs villages et hameaux, et c'est là que les jeunes gens semblent le plus malheureux. Dans les «djemaâs», sur les dalles schisteuses et à travers les ruelles poussiéreuses en été et boueuses en hiver, les jeunes canalisent leur ennui en attendant mieux.
Les villages sont dénués de toute commodité. Pas d'aires de jeu, encore moins de maisons de jeunes, seules les aires à battre et les oueds desséchés font la joie des adolescents et des jeunes qui passent le plus clair de leur temps à pousser du pied un ballon acheté en commun. D'autres plus «fortunés» arrivent à ramasser quelques pièces de monnaie, et avec ce modeste «pécule», descendent en ville pour essayer de se brancher par l'intermédiaire d'Internet à la...vie. Se connecter, coûte finalement cher à ces jeunes qui n'ont même pas de quoi s'acheter une cigarette et prendre un café. Le Net leur permet de rêver un moment, et ils pensent être au diapason des jeunes d'ailleurs: vivre comme eux, écouter de la musique et parler avec des jeunes de leur âge.
Le réveil est parfois brutal. Et il n'est pas rare de voir, chez ces jeunes gens, que ce laps de temps passé ailleurs grâce à Internet ajoute à la déprime ambiante.
L'Algérie, disait un de ces jeunes gens, est «finalement un pays pour retraités. Les jeunes n'y ont pas leur place». Dans d'autres villages, les comités ou «djemaâs» ont essayé de combler le vide. Mais les djemaâs n'ont finalement pas les moyens de leur politique. C'est le cas de la commune des Aït Bouaddou, dans la daïra des Ouadhias, qui, avec l'aide des émigrés et des travailleurs de cette région, a pu ériger une Maison de la culture, des espaces pour les vieux et des lieux pour les jeunes avec une bibliothèque, et cela, en sus d'autres réalisations, comme la réhabilitation des ruelles, des villages, etc. Les villages en mesure de réaliser ces ouvrages se comptent sur les doigts de la main.
Les autres, et ils sont nombreux, n'ont rien d'autre que l'attente. La majorité des jeunes, garçons et filles, instruits ou pas, espèrent un avenir meilleur. Des hameaux, comme Takhribt, dans la commune de Maâtkas, dénués de tout, n'ont même pas les moyens de finaliser l'installation de la clôture du cimetière, entamée depuis au moins trois ans, et d'espérer le bitumage de la piste ouverte après des années d'attente.
Dans ces villages, on ne voit aucune unité industrielle, aucune espèce d'entreprise, aucun chantier important à même d'absorber cette masse juvénile. Un départ vers un ailleurs devenu de plus en plus inaccessible reste l'unique espoir d'une vie meilleure. Le visa pour ces pays est une véritable loterie. Reste la harga. On se réunit entre jeunes gens. On met tout en commun. Surtout, on s'arme d'espoir. Et on va vers ces lieux connus des jeunes seuls, tant en Oranie qu'à Annaba, pour décrocher une place dans une embarcation vers l'Espagne ou la Sardaigne. L'aventure commence. Généralement, ces équipées se terminent toujours tragiquement, mais qui peut arrêter le rêve?
D'ailleurs, désormais, la wilaya compte «un port» de cette nature avec Tigzirt qui a recensé dernièrement la première traversée de jeunes vers l'Espagne.
Le tableau n'est, cependant, pas si noir. Dans cette quête d'un mieux ailleurs, plusieurs jeunes préfèrent tenter l'aventure «in-put». En effet, ils sont nombreux, malgré tout, à vouloir s'incruster et réaliser quelque chose chez soi. Ne dit-on pas qu'on n'est pas mieux servi que chez soi et par soi-même? Certains, avec l'aide de parents ou encore de l'Ansej, s'engagent sur la route de l'entreprenariat.
Une voie qu'ils pensaient facile et qui, à l'oeuvre, s'est révélée des plus coriaces. Passant leur temps à réfléchir aux moyens de s'en sortir, plusieurs ont d'abord commencé par le commerce informel ou la table à cigarettes. Un petit pécule, une dose de courage et surtout de la patience et certains arrivent à s'en sortir souvent honorablement.
Les autres arrivent difficilement à répondre aux besoins de leur famille. Et avec cela, ces jeunes sont exposés aux rafles et autres chasses de la police. Si les garçons s'essaient dans l'informel, les filles recherchent un emploi soit chez le privé soit dans les institutions étatiques et acceptent souvent le préemploi avec un salaire de misère. Un salaire qui ne leur permet pas de préparer leur trousseau.
D'autres se rabattent sur les métiers traditionnels comme la couture, la broderie et la poterie, alors que certaines ne pensent, tout comme les garçons, qu'à partir, notamment celles ayant un parent installé en Europe. Quelques-unes se marient avec un émigré.
Bref, la problématique pour les filles est plus compliquée que pour les garçons. Selon des informations, il semble que même les jeunes femmes se sont mises au trabendo. Des commerçants remettent des marchandises, généralement des vêtements ou des articles pour femmes, aux jeunes filles qui les revendent alors dans les cités universitaires.
Plus tard, ces jeunes femmes s'essaient au porte-à-porte aussi bien en ville que dans les villages. Rares sont les jeunes qui arrivent à décrocher un poste dans une entreprise, tant privée que publique, en rapport avec leur formation ou encore leur rêve. Quand cela arrive, c'est généralement grâce à des connaissances ou alors à la «promotion-canapé» pour certaines filles.
Tandis que les garçons s'offrent, grâce à un parent pensionné en euros, un véhicule pour ouvrir une ligne de transport de voyageurs.
Le fils s'oublie et après quelque temps, adieu véhicule et adieu bénéfice et c'est encore heureux s'il ne meurt pas dans un accident de la circulation!
Les jeunes gens n'ont finalement que leurs yeux pour pleurer dans une région qui essaie de remonter la pente. Saturés de violence, dramatiquement piégés dans un quotidien des plus difficiles avec, au-dessus de leur tête l'épée de Damoclès que font peser sur eux des groupuscules armés, les jeunes gens de la wilaya ont, plus que d'autres, besoin d'attention de la part des pouvoirs publics. Sur ces rocs qui font l'essentiel de la wilaya, même l'agriculture, cette activité qui ailleurs permet à tous de souffler, est tout simplement absente de la région.


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