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La famille Guermah...verse encore des larmes
LE PRINTEMPS BERBERE, 22 ANS APRES
Publié dans L'Expression le 18 - 04 - 2002


Qui donc rendra justice à ces parents éplorés ?
Une année après le terrible drame qui a mis toute une famille dans la tourmente, avec la perte d'un fils, assassiné gratuitement et sauvagement, par ceux censés le protéger, la famille Guermah, comme toutes celles des victimes du printemps noir, verse encore des larmes de sang sur Massinissa!
La famille Guermah est une famille sans histoire! Une famille de Kabylie, comme il en existe dans ces fières montagnes du Djurdjura. Jamais Khaled, le père, et encore moins la mère ou les autres membres de la petite famille ne se sont signalés, loin de là. Ils vivaient tranquillement leur vie, leurs espoirs étaient placés dans la réussite des enfants, une réussite qui allait enfin frapper à la porte de leur demeure! Massinissa devait présenter, cette année-là, l'examen du baccalauréat!
Toutes les attentes étaient permises: Massinissa allait, sans aucun doute, savourer enfin le résultat de ses nuits de veille et de travail acharné! Il faut dire que le jeune homme ne savait pas ce que se reposer voulait dire ; les livres étaient sa passion, son monde et rien d'autre ne comptait pour lui ! Certes, de temps en temps, il s'offrait un bol d'air, il lui arrivait même de faire un petit tour au village, là-bas, à Agouni - Arous près de Tizi Hibel, mais ces petits plaisirs, il avait fini par les remettre à plus tard! Pour l'heure, il lui fallait réviser! Le livre de mathématiques est là qui «lui mange» tout son temps! Souvent, quand il lui arrive de caler sur un exercice, ses deux soeurs étudiantes sont appelées à la rescousse! Mais il faut préciser que cela n'était pas fréquent! C'est que le jeune homme est, comme on dit ici, un argaz! Il n'aspirait qu'à une chose, arriver par lui-même, car, se disait-il, c'est comme cela que l'on comprend mieux!
En cette journée d'avril, le malheur allait frapper à la porte de la maisonnée. Il prend les aspects d'une dispute anodine entre des personnes ; sans comprendre exactement de quoi il en retournait, Massinissa, attiré par le bruit, sort devant le bâtiment où il habite avec ses parents. Cette petite curiosité d'adolescent allait lui coûter cher : la vie ! Avant même qu'il ne comprît ce qui lui arrivait, il se vit embarquer par les gendarmes. De quoi l'accuse-t-on? Seuls les gendarmes auraient pu le dire, mais apparemment, on est devant un cas de dépassement flagrant, un dépassement qui allait se terminer par le meurtre du jeune homme et par la suite, enflammer toute une région!
Les parents de Massinissa ne surent jamais comment leur enfant s'était trouvé dans les locaux de la gendarmerie. Lui qui jamais n'avait fait de mal à quiconque: homme, animal ou plante! Mis au courant de ce qui était présenté, alors, comme un accident, ils ne virent qu'une seule issue: sauver leur enfant, le sauver des conséquences d'un acte commis par un ou des assassins en tenue de gardiens et serviteurs de l'ordre! Toute la nuit, les pauvres parents éperdus ont veillé leur enfant. Au petit matin, Massinissa, qui avait souffert toute la nuit, agrippa la main de son père et lui murmura: «Ils m'ont tué père!» Un jeune homme venait de mourir et les supérieurs de l'assassin rendirent public un communiqué, pour le moins insultant! Massinissa était présenté presque comme un bandit de grand chemin! Quelques jours plus tard, les premières révoltes qui ont eu lieu à Béni Douala et aussi dans quelques autres lieux, amenèrent le ministre de l'Intérieur à visiter successivement Béjaïa et Tizi Ouzou.
Comme pour ne pas changer, les autorités rassemblent de soi-disant représentants de la population qui, pour beaucoup, ne représentaient même pas leur propre personne. Pis, le ministre de l'Intérieur traita ce jour-là le défunt Massinissa, presque de «voyou» âgé de 26 ans. Un peu comme si le fait que quelqu'un soit «voyou» et âgé de 26 ans diminuait considérablement la faute des gendarmes! C'était compris par la population, tout simplement, comme de l'arrogance, voire de la haine! Ces affirmations répétées de la part de hauts responsables de l'Etat étaient tout simplement insupportables! La Kabylie se souleva. Khaled, le père, maîtrisant quelque peu son immense douleur, comprit combien l'heure était grave. Il tenta, lors de l'inhumation de son enfant, de raisonner la population. Celle-ci, excédée par les comportements de certains agents de la gendarmerie, n'avait plus d'oreille pour entendre la voix de la sagesse ! Les émeutes s'étendirent à toute la région et en gagnèrent même d'autres, la Kabylie, longtemps abreuvée de «haine» et de «hogra» voulant en finir avec tout le corps de la gendarmerie.
La famille Guermah, blessée à mort, changea, c'était là sa destinée ! Le père devint un véritable cadavre ambulant, il avait perdu sa raison de vivre! Khaled se retrouvait dans tout rassemblement et toute manifestation qui demandaient justice! Il devint, à son corps défendant, le symbole de la lutte pour la citoyenneté. Une citoyenneté que des pandores en armes ont écrasée avec hargne et bêtise! Il suffisait que le père meurtri apparaisse dans un rassemblement pour compter des milliers de personnes! Jusqu'à la mère, cette mère qui, jamais auparavant, n'aurait imaginé marcher dans une manifestation, occupée qu'elle était par son seul foyer, rejeta timidité et réserve pour se jeter, armée de son seul désir de venger son enfant et de demander justice, dans la mêlée! Les parents de Massinissa battirent le pavé durant de longs mois ; aujourd'hui la blessure est encore là, le travail de deuil ne pouvant commencer que lorsque l'assassin en uniforme aura payé!
Passant, si tes pas te mènent un jour du côté d'Agouni - Arous, ce petit village mitoyen de Tizi Hibel, cet Ighil-Nezman de Feraoun, sache que dans le petit cimetière repose un enfant. Un enfant qui ne demandait qu'à vivre, et que la bêtise, doublée d'ignorance, a froidement assassiné!


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