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D'où vient l'islamophobie?
ENJEU DES RELATIONS INTERNATIONALES
Publié dans L'Expression le 22 - 05 - 2008

Les discours de la haine sont menés par ceux qui sont aveuglés par leurs appétits féroces d'asseoir leur hégémonie, qui veulent faire diversion aux problèmes politiques, au recul du droit et qui cherchent à masquer l'échec de l'ordre dominant.
Entendez-vous les hurlements des loups modernes, qui propagent la peste du racisme, la haine de l'autre, à travers tant de médias, de réseaux et de canaux, et qui se nomme aujourd'hui l'islamophobie? Qu'elles prennent la forme d'images déformées et caricaturées, d'interdits, de xénophobies, de répressions, de discriminations, d'entraves au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, les atteintes commises contre les musulmans ont atteint un niveau dramatique. Un point commun: elles constituent de graves manquements à toutes les valeurs, spirituelles, humaines et à tous les textes internationaux relatifs aux droits humains.
Les citoyens de confession musulmane en Occident et des pays arabes et musulmans, sont victimes de la politique du deux poids, deux mesures, de la propagande du choc des civilisations, d'un nouveau racisme. D'où vient ce délire islamophobe qui s'amplifie et met en danger l'avenir des relations internationales et le «vivre ensemble»? Antisémitisme, judéophobie, islamophobie, religiophobie sont d'abord des délits d'ignorance, signe d'un oubli généalogique désastreux.
La propagande haineuse est ancienne. Dès la naissance de l'Islam, des courants d'autres religions s'y opposèrent pour tenter de préserver leurs intérêts étroits et empêcher que le message libérateur ne se propage. Des procédés odieux ont été employés pour essayer, en vain, de le dévaloriser. Il a été traité d'hérétique, de déviation, d'imitation, en lui accolant l'image d'une religion violente, fataliste et sectaire. Malgré des avancées historiques marquées par la Déclaration universelle des droits de l'homme à l'ONU en 1948, les acquis positifs du Concile Vatican II depuis 1965 exprimant une nouvelle position catholique ouverte en direction des musulmans, et le processus de décolonisation au XXe siècle, la haine que l'on croyait bannie, a repris contre les musulmans. Dans le journal français Le Monde, en 2004 on pouvait lire, dans une opinion, un titre significatif: «Je hais l'islam.» Les discours de la haine sont menés par ceux qui sont aveuglés par leurs appétits féroces d'asseoir leur hégémonie, qui veulent faire diversion aux problèmes politiques, au recul du droit et qui cherchent à masquer l'échec de l'ordre dominant. La haine de la religion, de toute valeur transcendante, la haine indistincte de la différence. Cet ordre est en train de déshumaniser les gens, de folkloriser la religion et de porter atteinte à la vie sur terre et à des siècles d'histoire de l'humanité en idolâtrant le veau d'or et la mort.
Ils s'inventent un nouvel ennemi
Le premier vil procédé est celui de la peur. On veut faire croire que les musulmans ont pour souci d'islamiser le monde par tous les moyens. L'Union européenne, puissante sur tous les plans, avec ses 27 Etats, les USA première puissance mondiale, la Chine et l'Inde avec leurs près de trois milliards d'habitants et riches cultures, l'Amérique latine fortement chrétienne, toutes ces régions qui entretiennent une relation avec l'Islam et sa civilisation ancrée dans l'histoire, seraient tout à coup menacées. Le fantasme sur la soi-disant «islamisation» forcée du monde est alimentée sans coup férir. Les contrevérités sont légion. Il y a quelques semaines, le journal Belgique libre diffusait par exemple un article déclarant que Bruxelles -dont les musulmans constituent pourtant moins de 20% des habitants- sera musulmane dans vingt ans. Des pseudo-chercheurs considèrent que d'ici vingt ans, les musulmans seront majoritaires dans plusieurs pays européens du fait de leur croissance démographique. Le journal français Le Figaro écrit que le nom «Mohammed» est devenu, depuis l'année 2001, le premier nom dans les classes des écoles françaises. La pratique assidue des musulmans inquiète ceux qui constatent la perte de la foi en Occident. Une «étude» réalisée par le Centre de recherche chrétienne à Londres, mentionne sans preuves que le nombre de croyants fréquentant les mosquées en Europe dépasserait celui des chrétiens fréquentant les églises.
Des discours s'adonnent à la stigmatisation, cherchent à produire la honte d'être musulman. Stigmatisation de tout musulman, enfermant chacun d'eux dans une infâmie originaire. L'amalgame: islam-islamisme-terrorisme est ravageur. Certes, tous ceux qui critiquent l'Islam et les musulmans ne sont pas forcément des dénigreurs diaboliques, des propagandistes islamophobes. Certains sont même des amis qui nous veulent du bien. Quiconque a le droit de donner son point de vue critique et de dénoncer nos contradictions. On doit comprendre que le droit de critique des croyances, des religions, à commencer par leurs dérives, est légitime, comme pour tout autre pratique. Nous savons bien qu'être en démocratie c'est accepter que des paroles, des écrits, des dessins critiquent nos faiblesses, soient irrespectueux et contestent des états de faits supposés. Mais nous avons aussi le droit de penser que cela doit se conjuguer avec discernement et responsabilité.
Depuis les criminels attentats du 11 septembre aux USA, ensuite à Madrid et à Londres, ceux qui avaient fabriqué au début des années 1990 l'idée sordide du «choc des civilisations», pour s'inventer un nouvel ennemi après la fin de la guerre froide, ont sauté sur l'aubaine. Ils feignent d'oublier que les plus nombreuses victimes de l'extrémisme sont des musulmans. Ils multiplient les discours qui amplifient et cherchent à justifier la mainmise violente sur le monde en prenant pour première cible les musulmans. L'autre, différent, devient sous-humain, préhumain, infrahumain.
Aucune règle ni limites n'organisent le débat. Tout devient permis pour le nier. Des écrivains de culture musulmane, appâtés par le gain facile et des sentiments de vengeance, sont utilisés comme des chevaux de Troie pour dénigrer à mort la religion de leurs origines. Ils proposent de rendre caduc une partie ou tout le Coran, et louent les vertus du libéralisme sauvage et de la laïcité outrancière. Les médias leur ouvrent leurs colonnes et des institutions officielles les récompensent. Depuis le délire cynique de Salman Rushdie, sous couvert de liberté de création, la liste s'est allongée. Ils critiquent violemment non seulement les interprétations littérales du Coran et s'attaquent, à juste titre, aux pratiques extrémistes, mais ils dénigrent sans discernement la politique palestinienne et les critiques concernant la colonisation sioniste qui pratique le nettoyage ethnique insidieux.
Les «Fils d'Israël» et «Fils d'Ismaël»
Prenant prétexte de l'archaïsme de régimes arabo-musulmans et des errements de groupes fanatisés, qui sont les causes internes qui alimentent l'islamophobie, en mars 2006, 11 intellectuels de ce type, tels que Salman Rushdie, Ayaan Hirsi Ali, Taslima Nasreen, Irshad Manji, signent une lettre intitulée ´´Ensemble contre le totalitarisme´´, en réponse aux violentes réactions envers les vulgaires et racistes caricatures danoises du Prophète. Ces propagandistes à la solde des islamophobes affirment que l'Occident doit cesser de se laisser endormir par l'idée du multiculturalisme et du droit à la différence. Ils ajoutent, avec une hypocrisie sans pareille, qu'ils ne feront jamais le pèlerinage à La Mecque, car on y interdit l'entrée aux juifs et aux chrétiens. Ce délire de transfuges rejoint la littérature haineuse que des antisémites produisaient au siècle dernier. Ils affirment sans honte: «Nous sommes en guerre contre l'Islam» ou jugent que les causes de la maladie sont intrinsèques. Ils sont propulsés du fait qu'ils traitent tous les musulmans de malades mentaux. Taslima Nasreen écrit: «Je crois que le monde musulman a perdu son équilibre moral.» Elle fait campagne de manière aveugle pour de nobles sujets comme l'émancipation des femmes et contre l'oppression des minorités non-islamiques, en pratiquant l'amalgame féroce, cherchant à faire croire que les inadmissibles dérives découlent des textes fondateurs. Ils délirent sous tous les tons: «Il n'y a rien à garder du Coran, L'Islam est une torture contre les femmes. Les médias occidentaux et les intellectuels font preuve de lâcheté concernant l'Islam et ses dogmes.»
Deuxième procédé islamophobe, la remise en cause ou le doute au sujet de faits irréfragables. Ils prétendent: primo que l'Islam est une civilisation qui n'a rien apporté à l'Occident, secundo qu'il n'est pas le troisième rameau monothéiste, tertio qu'il est un frein au progrès. En France, des apprentis sorciers va-t-en guerre, qui se targuent d'être de nouveaux philosophes, soutiennent toutes les actions qui visent l'écrasement ou la dévalorisation des musulmans. D'autres pseudo-convertis à l'Islam prétendent inventer un soi-disant nouvel Islam soft et jettent de l'huile sur le feu en tenant des discours qui plaisent aux extrémistes antireligieux.
Rien ne peut justifier ces attaques haineuses, ni l'obscurantisme des extrémistes politico-religieux qui instrumentalisent la religion, ni les contradictions bien réelles des sociétés arabo-musulmanes, ni les incertitudes et impasses de notre temps. Heureusement, de nombreux intellectuels occidentaux épris de justice existent encore, même si les médias leur sont trop souvent fermés.
A une campagne de presse qui promeut un livre islamophobe, édité récemment, et qui prétend que les sciences et les cultures arabes et islamiques n'ont rien apporté à l'Occident, un collectif international de plusieurs dizaines de savants et chercheurs occidentaux en histoire et philosophie du Moyen Age ont répondu dans les médias avec un haut sens de l'impartialité et de la rigueur. Ils relèvent les incohérences, les graves erreurs de contenu ou de méthode de l'auteur. Ils dénoncent, preuves à l'appui, un exposé qui relève de la pure idéologie. Les chercheurs rétablissent la vérité et confirment ainsi que la démarche de ce pseudo-historien, comme celle de Huntington, l'auteur du choc des civilisations, n'a rien de scientifique.
L'islamophobie, sur certains aspects, est comme le prolongement de l'antisémitisme. Le racisme est aussi un business qui alimente le complexe militaro-industriel «d'Etats voyous», avec les mêmes recours pour stigmatiser, faire peser l'opprobre qui concerna hier les Fils «d'Israël» et qui concerne aujourd'hui les «Fils d'Ismaël». Le comble, c'est l'exploitation et le recyclage politique du discours de la Shoah pour ne pas critiquer l'Etat hébreu qui, depuis 60 ans, détruit la Palestine. Malgré des résolutions de l'OCI et la Ligue arabe et des efforts de l'Osce, l'islamophobie gagne du terrain.
L'urgence est de se réformer afin de ne pas prêter le flanc et de tout faire pour expliquer à nos partenaires occidentaux que le devenir est commun. Un travail de fond doit être mené en direction du peuple américain ami, attaché à la démocratie
Ce qui se profile avec la banalisation de l'islamophobie sous toutes ses formes c'est bien ce que redoutent les intellectuels objectifs du monde entier, musulmans, chrétiens, juifs, c'est-à-dire le déplacement de l'axe dans la haine des Juifs, des responsabilités européennes sur la figure des «Arabes», ces «fils d'Ismaël», figure musulmane qui, pourtant, reconnaît une juste place au noble représentant des «Fils d'Israël», Moïse.
Une grande philosophe juive Annah Arendt in Eichmann à Jérusalem (De la banalité du Mal) évoque comment la ruse sioniste tente de faire vivre l'apparition forcée du spectre du «musulman» comme figure du «nouvel ennemi».
Après Auschwitz, Hiroshima, le colonialisme rapace, le Goulag, l'apartheid, ces tombeaux de la modernité, la violence aveugle des puissants et des faibles, de Ghaza à Baghdad, quel devenir se présage? Il y a lieu de se demander si l'humanité n'a pas choisi la voie de son anéantissement. Que faire pour changer le regard sur les musulmans? Dans la plus grande des vigilances, il faut arrêter de prêter le flanc. Il est urgent de corriger nos insuffisances qui sont politiques.
On a besoin d'une «libération», nous renforcer en démocratisant. Il n'y a pas de réponse plus décisive.
(*) Professeur des Universités
Site www.mustapha-cherif.net


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