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Comment mettre fin à la tension?
ISLAM-OCCIDENT
Publié dans L'Expression le 12 - 06 - 2008

Depuis quelques années, «l'Occident», après l'accalmie de la période post-décolonisation, s'invente de nouveau un ennemi.
Par-delà les altercations et les divergences entre les deux rives de la Méditerranée, durant quinze siècles la cohabitation était une réalité. La situation aujourd'hui est inadmissible. Jamais l'ignorance, les anathèmes, voire la haine n'ont atteint un tel degré, alors que tout devrait amener les uns et les autres à négocier, dialoguer et réguler les conflits avec raison. Il est urgent de déconstruire le regard que chacun porte sur l'autre. Depuis quelques années, «l'Occident», après l'accalmie de la période post-décolonisation, s'invente de nouveau un ennemi, pratique la loi du plus fort et paradoxalement se fait «peur». Forme inédite de ressentiment à l'égard du dernier monothéisme qui rappelle aux précédents un certain nombre de vérités, d'exigences, de valeurs spirituelles oubliées dont il est temps de faire l'inventaire en termes de droits communs pour l'humanité face aux périls de la marchandisation du monde. «L'Orient» réagit par la «colère» sourde ou directe. Peur et colère, deux mauvaises conseillères. Est-ce pour l'Occident la remise en cause des valeurs modernes et libérales, qui s'éprouvent en impasse dans le village planétaire? Et comme le remarquent des intellectuels européens vigilants, «le ressentiment d'anciens empires coloniaux drapés dans leur arrogance, qui commencent à prendre conscience de leurs limites?» Est-ce pour l'Orient la rupture entre foi et raison, le suivisme aveugle ou les replis obscurs qui démontrent le degré de la décadence? Dans ce contexte, la vivacité spirituelle des musulmans, surtout si elle dévie et instrumentalise la religion, effraie l'Europe dont les paradigmes s'essoufflent, et inquiète les USA dont les valeurs se crispent.
Diversion aux problèmes politiques
Pour faire diversion aux graves problèmes politiques qui secouent le monde, comme l'aggravation des inégalités, les guerres et la destruction de la nature, certains après la fin de «la guerre froide» s'inventent un nouvel ennemi et pratiquent la politique du deux poids, deux mesures. Le 11 septembre 2001 a donné une occasion en or à la théorie fumeuse du choc des civilisations et à l'obsession sécuritaire. Ce n'est pas un hasard que dès 2002 on évoque un soi-disant antisémitisme au sein des milieux issus de l'immigration maghrébine, que l'on diabolise. Nous sommes dans la phase de la seconde Intifada. Tout concourt à faire de l'Islam le coupable idéal, l'ennemi de l'Occident et par là, empêcher l'opinion publique internationale de soutenir la Résistance palestinienne et de s'intéresser à l'Islam, en tant que culture de la fraternité. C'est, précisent des intellectuels juifs engagés pour le vivre ensemble «l'entrée dans l'ère du soupçon. Le "choc des civilisations" se transforme en argument imparable dans certains cercles». Dans ce climat de chasse aux sorcières, des médias et politiciens, en termes de fonds de commerce ou de campagne électorale, agitent les vieux fantômes de la peur et de la soi-disant islamisation rampante pour les uns, et de l'occidentalisation perverse pour les autres.
Eclate alors l'affaire des caricatures, une provocation grossière et vulgaire. Les manipulations par des régimes de la colère des musulmans, apportent de l'eau aux moulins des xénophobes, dont les idées se banalisent. L'invasion brutale de l'Irak, l'exacerbation des discriminations que subissent les migrants dans les quartiers défavorisés en Europe, l'affaire de la loi interdisant le foulard dans les écoles en France, l'agression du Liban, et les actions coloniales continues qui spolient, nient et répriment les Palestiniens, et les poussent aux actes désespérés et suicidaires, illustrent la tragédie. La censure s'abat sur ceux qui osent rendre compte des faits et tentent d'expliquer la réalité politique. C'est seulement aux pyromanes islamophobes et va-t-en-guerre que la parole est octroyée. La liberté d'expression est défendue lorsque les musulmans sont stigmatisés. Des médias satellitaires arabes ne sont pas en reste; ils accentuent le sentiment de victimisation et préfèrent aussi donner la priorité aux images et aux messages «huile sur le feu». Comme les loups, les réactionnaires crient plus fort que les personnes sages. Ces derniers savent que la sécularité, la liberté et le sens de l'ouvert sont des valeurs abrahamiques, quoique certains en disent. Ils tentent par le dialogue de parvenir à une parole commune et font la différence entre résistance légitime et atteinte aux droits humains.
La démocratie est affaiblie dans le monde occidental et la bonne gouvernance est faible dans le monde arabe incapable de faire face à ces défis. Plus la démocratie faiblit, moins elle tolère la critique. Paradoxalement, plus les défis se compliquent et le besoin de changement se fait sentir en rive Sud, plus les pouvoirs se paralysent et ferment le jeu, au risque de pousser au pire. Dans le monde, les extrémistes des deux camps, souvent manipulés, finissent par imposer un faux théâtre d'opérations, de faux dilemmes fondés sur l'idée folle de confrontation permanente et prennent en otages des valeurs universelles pour les défigurer, les uns la «liberté», les autres la «dignité». Ils font feu de tout bois. Le dernier exemple en date du délire islamophobe, lié à des préjugés haineux sur l'Islam: l'annulation volontaire en France d'un mariage d'un couple de confession musulmane. La raison invoquée est que l'épouse a menti, contrairement à ce qu'elle avait affirmé avant son mariage, elle n'était pas vierge. Divorcer est un droit, mais la démarche du mari est infantile, aucune raison de procéder ainsi pour rompre.
Cela a eu pour effet négatif de mettre sur la place publique l'intimité de sa conjointe. Il a donné prétexte à nombre de voix de crier au scandale, qui feignent d'oublier que le fondement de la décision de justice est le mensonge, l'abus de confiance. Ils se focalisent sur la seule question de la virginité, liée à la vie privée. Dans toute l'Europe, les islamophobes et autres féministes en mal de sensation s'emparent de l'affaire pour de nouveau distiller leur venin. Cette histoire lève le voile sur le mensonge et l'hypocrisie. Dans cette affaire, ce n'est pas seulement de l'islamophobie, mais aussi de la religiophobie, car l'appartenance religieuse de l'individu pose problème à la société européenne. Il est croyant et lui donner raison dans ce type de revendication, ce serait admettre que les principes de conviction peuvent être légitimes au regard de la loi. Les politiques ont multiplié les déclarations pour un «Islam d'Europe», pour que le troisième rameau monothéiste ne soit pas stigmatisé. Alors, pourquoi ces campagnes et remises en cause? Ce jugement donne pourtant, un moyen de démontrer que être musulman n'est pas en contradiction avec les lois de la République. Il montre la possibilité d'une cohabitation possible et pacifique. Prenant prétexte des actions des extrémistes politico-religieux, qu'ils amplifient à dessein, les islamophobes cultivent l'amalgame et suscitent la peur de l'Islam et de ses valeurs abrahamiques. On piétine la liberté de ce jeune homme maladroit, lui déniant le droit de déterminer les qualités qu'il souhaite trouver chez une épouse. Le magistrat a eu la probité d'appliquer la loi, en dehors de toute considération. Les propagandistes de la géométrie variable sont prêts à changer la loi, pour prouver qu'ils ont raison d'avoir peur de l'autre.
Des signes d'ouverture
La France des Lumières, de la Philosophie, de la Révolution, des droits de l'homme, est laissée un temps, au bord de la route, et une autre dans laquelle aucun être objectif ne peut se reconnaître, s'emballe et oublie toutes les attitudes déshumanisantes et aliénantes qui courent les rues pour instrumentaliser un fait divers. Significatif de l'air du temps, le débat est tombé au plus bas niveau jamais atteint dans l'histoire des polémiques. La nausée et le dédain face à cette dérive sont la réponse naturelle des personnes qui ne méprissent pas l'autre. Heureusement, des signes d'ouverture autour de «la Méditerranée» et dans le monde au sujet des rapports entre les peuples, se font jour, et permettent d'espérer. Le premier est le fait que de plus en plus de groupes de citoyens de toutes confessions et cultures se rencontrent, dialoguent et remettent en cause les «murs» que d'autres veulent ériger. De même, tout projet sur la Méditerranée espace commun, malgré les arrière-pensées des uns et les réticences des autres, suscite des discussions à tous les niveaux. Preuve que les gens ont conscience des enjeux et soif de justice et de partage. Le deuxième concerne «l'interconnaissance»; en novembre prochain aura lieu à Rome le premier Forum mondial «Islam-Catholicisme», suite à l'initiative en 2007 de notre lettre de 138 savants musulmans, (aujourd'hui 225) coordonnée par la Fondation «Ahl el Bayt pour la pensée islamique» à Amman, adressée à tous les dignitaires chrétiens. Dans ce sens, sur sollicitation du pape Benoît XVI qui semble tirer des leçons, se prépare un document du Vatican qui définira les lignes directrices pour renforcer le dialogue interreligieux. Le texte sera inspiré des Dix Commandements et partira de l'idée que tous les croyants ont des points importants en commun: la foi en un Dieu unique, la sacralité de la vie, la nécessité de la fraternité, l'expérience de la prière qui est la langue de la religion. Il sera une sorte de grammaire universelle que les chrétiens pourront utiliser dans leur rapport avec leur prochain. Le troisième signe d'ouverture est le fait que même l'Arabie Saoudite rigoriste et des savants traditionnels ont pris conscience de la nécessité de communiquer et de dialoguer. A La Mecque a eu lieu, la semaine dernière, une conférence mondiale sur le dialogue interreligieux. Les participants ont confirmé l'importance de l'instauration du dialogue entre les adeptes des différentes religions afin de barrer la route au choc des civilisations et à ceux qui font sa promotion. Parce que, reconnaissent-ils, le dialogue est le moyen de répondre aux calomnies auxquelles est en butte l'Islam, et de corriger l'image que les masses occidentales ont de lui.
Ils ont demandé aux pays du monde entier et aux organisations internationales, à leur tête l'ONU, d'assumer leurs responsabilités pour lutter contre la culture de la haine entre les peuples, du rejet de l'autre qui a pour effet de menacer la paix et la sécurité dans le monde. Visant spécifiquement la montée de l'islamophobie en Occident, les participants à la conférence disent attendre de l'ONU et des organismes mondiaux de défense des droits de l'homme qu'ils interdisent les campagnes de dénigrement menées contre l'Islam, le Prophète et le Coran et qu'ils fassent campagne pour l'adoption de lois punissant les dénigrements faits aux prophètes et à leurs messages, de façon à ne pas se servir de la liberté d'expression pour remettre en cause la coexistence et la paix dans le monde. Ce point apparaîtra pour certains comme limitant la liberté d'expression. Il est un sujet de débats sans fin. En outre, la nécessité du dialogue à l'intérieur de la communauté musulmane a été perçue. Les théologiens ayant participé à la conférence islamique de La Mecque, ont préconisé de résoudre les différends qui surviennent entre les musulmans et d'aider les adeptes de différentes écoles de pensée islamiques à avoir des relations pacifiques entre eux et ce, dans l'objectif de réaliser l'unité morale de la communauté et d'alléger les tensions entre eux, provoquées par le fanatisme, le sectarisme et les divergences d'opinions. Parmi les recommandations arrêtées par les participants à la conférence islamique de La Mecque, figure la création d'un organisme mondial pour le dialogue et celle d'un centre pour la relation entre les civilisations. En outre, il a été créé le Prix du roi Abdellah ibn Abdelaziz pour «le dialogue entre les civilisations» afin de récompenser les personnes et organismes pour leur participation au développement du dialogue et à la concrétisation de ses objectifs. Reste que la première condition pour faire reculer l'islamophobie et bâtir le vivre ensemble est de donner l'exemple, se réformer sur le plan interne, pratiquer l'autocritique et libérer les citoyens, afin de sortir de l'autoritarisme, du sous-développement et des arriérations et réaliser les principes civilisationnels.
(*) Professeur des Universités
www.mustapha-cherif.com


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