Le père du Moulin de Monsieur Fabre et l'Opium et le bâton, le réalisateur algérien Ahmed Rachedi, a bien voulu répondre à nos questions, à la fin de la cérémonie d'ouverture... L'Expression: Un mot sur votre participation à ce festival et l'hommage qu'on vous a rendus... Ahmed Rachedi: Participer à un festival du film arabe est une occasion rare. La famille du cinéma arabe n'a pas l'occasion de se rencontrer. Curieusement, ce festival d'Oran est le seul consacré au cinéma arabe dans le monde. Il en existe en Amérique, en Asie, etc. C'est important d y participer. Pour moi, il y a un plus. Ce festival a tenu à me rendre hommage malgré que je sois occupé par le montage du film Ben Boulaïd. Justement où en êtes-vous? Je suis au plan de la finition, en post production. Le problème essentiel est que l'acteur principal s'est cassé le col du fémur. Le film a dû s'arrêter pendant 5 mois pour que l'acteur se rétablisse. Si ce nétait pas ce problème, le film aurait pu être projeté durant ce festival. Vous avez eu, je pense quelques difficultés financières...? Ce n'est pas ça le problème essentiel puisque les ministères des Moudjahidine et de la Culture ont aidé au financement du film. Le président de la République s'est même intervenu pour que le film puise disposer de moyens nécessaires à sa finition. Le film sortira quand? Au mois de novembre prochain. C'est une date décisive dans l'histoire de l'Indépendance de l'Algérie. Il s'agit d'un film sur l'homme qui a été un facteur déterminant pour le déclenchement de la lutte armée. Un petit retour en arrière sur votre début et le cinéma de combat... C'est peut-être cela qui a fait que je m'intéresse de plus près à l'histoire récente et essentiellement aux hommes qui ont fait accoucher l'histoire. Comme Elias Quazan, je vous repose la question, si vous n'étiez pas cinéaste qu'auriez-vous fait comme métier? J'aurais été sincèrement cinéaste. Ce ne sont pas des choix, ce sont des choses qui s'imposent à vous. On rentre dans ce métier comme on rentrerait en religion, une sorte d'apostasie. Qu'allez vous faire après ce film? J'en prépare un autre sur une autre personnalité importante de l'histoire de la révolution algérienne. Il s'agit de Abdelkrim Belkacem. C'est l'homme qui a négocié les Accords d'Evian. Le scénario est écrit par le commandant Azzedine et Boukhalfa Amazit. Vous continuerez dans le même registre du cinéma de lutte... Je considère même que si ce n'est pas la mission du cinéaste d'écrire l'histoire, je pense que le cinéma pourrait créer de l'intérêt et contribuer à créer une mythologie à travers laquelle pourrait s'identifier la nouvelle génération qui ne sait rien ou presque du passé de son pays; en plus si on lui demandait qui est Ben Boulaïd, elle répondrait un moudjahid et le nom d'une rue sans plus...Le cinéma donne un visage à ces personnages de l'histoire.