Huit jours après son départ de l'Exécutif, le désormais ex-chef de gouvernement rompt le silence et choisit de s'exprimer dans un cadre strictement partisan. Officiellement, c'est le club de la presse du FLN qui invite Abdelaziz Belkhadem, à l'occasion du 4e anniversaire de l'Indépendance, pour une conférence sur les défis de la mondialisation. Officieusement, c'est une conférence de presse pour s'expliquer sur plusieurs dossiers. Le plus «chaud» de ces dossiers reste évidemment, celui de son départ du gouvernement et les reproches qui lui ont été faits quant à la gestion des affaires du pays. Les adversaires politiques de Belkhadem, et il en a, se sont donné à coeur joie lors de son départ. Ils lui reprochent un immobilisme inexpliqué au double plan politique et économique. Alors que toutes les conditions étaient réunies pour un réel démarrage économique, c'est le contraire qui s'est produit. Le passage de Belkhadem à la tête du gouvernement a été frappé du sceau d'une détresse sociale, une stagnation économique et une terrible régression politique. C'est exactement sur ce flanc qu'il a attaqué l'actuel chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, il y a deux ans. Une fois la chefferie du gouvernement récupérée, en 2006, il est arrivé à M.Belkhadem un peu comme ce chasseur qui ne sait plus quoi faire de sa peur une fois l'ours abattu. Belkhadem ne s'attardera certainement pas sur ces imperfections puisqu'il a toujours affirmé que des réalisations ont été concrétisées. Le second dossier sur lequel devrait s'étaler, aujourd'hui, le secrétaire général de l'instance exécutive du FLN, est celui des affaires internes de son parti qui ne sont pas reluisantes. Hier, a eu lieu la réélection des instances du parti au niveau de l'APN. Excepté le président de la commission des affaires étrangères, Abdelhamid Si Affif, et M. Allioui, qui n'ont pas été reconduits, tous les autres membres ont été réélus à leurs postes. Aussi, les membres des commissions sont toujours MM.Kara, Bentifour, Chihab et Dif. Pour le chef du groupe parlementaire M.Daâdoua, il a gardé son poste qui n'est pas soumis à des élections mais nommé par le secrétaire général de l'instance exécutive. Il est à retenir cependant que la non-reconduction de Si Affif est une surprise dans la mesure où ce dernier est l'élément le plus proche de M.Belkhadem. Il y a fort à parier donc qu'il sera repêché, sachant que M.Belkhadem a cette prérogative. Mais ce n'est pas pour autant que le brasier du FLN se soit éteint. Il faut rappeler que l'alerte à une nouvelle crise style FLN a été déjà donnée la semaine passée. Réunis jeudi dernier, des membres du parti dans les wilayas centre du FLN passent à l'offensive et appellent «tous les militants au niveau des mouhafadhas à se préparer pour un rassemblement au niveau du siège du parti». Offensifs et critiques envers les actuels dirigeants du parti, ces militants conduits par Ahmed Arbouche, remettent en cause nombre de résolutions du 8e congrès réunificateur. «Nous appelons à l'organisation d'un congrès extraordinaire qui étudiera toutes les questions organisationnelles et organiques et qui clarifiera les horizons du parti et le fera sortir ainsi de sa coquille (...)» Dans cet appel, on ne retrouve pas un mot sur les échéances politiques nationales, à savoir la révision de la Constitution et la préparation du troisième mandat pour le Président Bouteflika. C'est un tout nouveau langage au sein du FLN qui a fait de la révision de la Constitution et du troisième mandat pour le Président Bouteflika son cheval de bataille. Le pari de ressouder les rangs du parti n'est pas facile pour Belkhadem qui passe de mauvais moments au sein de son parti.
