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Le parcours du combattant
ORIENTATION POUR LE SUPERIEUR
Publié dans L'Expression le 17 - 07 - 2008

"Le problème de l´orientation est crucial, tant il conditionne l´avenir de milliers de jeunes. Et les déperditions par frustration doivent être l´un des problèmes de fond de toute réforme...Cependant, il ne sera pas facile de concilier la formation générale avec la spécialisation, lorsqu´il s´agit d´éduquer un individu particulier, et non plus transmettre à toute une génération un certain nombre de valeurs collectives communes ou spécialisées. Il faut bien convenir que, dans la pratique, l´orientation future de l´élève est avant tout affaire de tradition familiale et de considérations économiques de classe". Piaget.
Traditionnellement, avec les résultats du baccalauréat commence le parcours du combattant des lauréats et des parents pour chercher l´itinéraire miracle qui permette de passer à travers "les gouttes de pluie" et assurer, ce faisant, un itinéraire le plus proche possible de celui désiré. 342.000 bacheliers, c´est l´équivalent de tous les étudiants du supérieur en 1994. En France, 83,3% de réussite au baccalauréat toutes filières confondues pour l´année 2008. Que peut encore valoir et signifier ce diplôme. En Algérie, nous sommes à 50%. C´est à la fois peu par rapport aux autres pays et beaucoup par rapport au niveau de ces bacheliers et surtout au problème qu´ils posent à l´enseignement supérieur. Sommes-nous dans la logique du culte du chiffre ou dans celle de l´efficacité? Le baccalauréat est-il une condition nécessaire et suffisante pour l´entrée à l´université?Ou sanctionne-t-il un cycle d´études, l´entrée à l´université obéissant à d´autres critères.
Car, au-delà de la satisfaction de façade, l´on est contraint de concéder que l´on fait surtout oeuvre de comptabilité sans trop se soucier ni de la qualité réelle du diplôme ni du devenir de ceux qui en sont devenus les détenteurs. Un proverbe du terroir dit: "Koumcha nhal khir man chouari dhabban" (Une poignée d´abeilles vaut mieux que des couffins de mouches). On est tenté de dire que ce que l´université souhaite ce n´est pas tant un record concernant le nombre, mais des têtes bien faites, même en faible quantité, car on est pratiquement sûr que ces bacheliers termineront leur cursus sans problème,ce qui n´est malheureusement pas le cas. En moyenne, il y a dans le meilleur des cas un bachelier sur trois qui termine ses études dans les délais. Une grande partie d´entre eux quitte l´université sans diplôme! même s´il reste plusieurs années dans le pipe (filière). Certains deviennent des étudiants professionnels, triplants, quadruplants, ils stationnent pour disposer des facilités offertes aux étudiants (restauration, transport et surtout hébergement). Ils ont naturellement d´autres centres d´intérêt...
La quantité d'abord
Conséquence logique de cet afflux de nouveaux bacheliers, une inflation qui se traduisit année après année, par une dévaluation de celui-ci. De plus, s´opère un engorgement dans les filières généralistes, à savoir les sections littéraire, économique et scientifique, délaissant les Bacs mathématiques et Mathématiques-techniques que le ministère a laissé mourir inexorablement, tarissant ainsi les candidatures naturelles vers les disciplines des sciences exactes- nous avons laissé péricliter les mathématiques- et aussi les disciplines d´ingéniorat. De plus, les baccalauréats de technicien en principe pour des cursus courts, sont insidieusement glissés dans les circuits des Bacs classiques, certes avec une exigence de moyenne. Il est vrai qu´au lendemain de l´Indépendance, l´aspiration tout à fait légitime à un mieux-être culturel et à une réappropriation de l´identité a mené les politiques de l´époque à pousser vers une scolarisation tous azimuts, basée plus sur la massification de l´enseignement que sur sa dimension qualitative. Car le Bac de nos jours n´est aucunement une garantie contre l´échec au niveau supérieur, loin de là. Il n´est que le viatique menant aux études supérieures, rien de plus. Malgré la gratuité de l´école, les enfants venant des couches déshéritées, (très souvent rurales) quittent l´école très tôt. Ils ne bénéficient, en fait, d´aucune prise en charge sérieuse du rattrapage. L´école deviendra ainsi, et pour un certain temps, un exutoire du repos après la corvée au sein de la famille.
Cette fausse démocratisation du savoir ne doit pas cacher le fait que les enfants de la nomenklatura et même ceux des cadres, voire des enseignants, ont toujours et par la force des choses, disposé de conditions d´enseignement avantageuses et autrement plus performantes (choix judicieux des enseignants, nombre d´élèves réduits par classe, outils pédagogiques de qualité; en un mot, leur environnement était protégé).
En matière d´éducation nationale, aucune recette miracle n´existe et nul de par le monde n´a encore réussi à faire en sorte que l´égalité des chances puisse être respectée, en permettant à tous d´acquérir les savoirs fondamentaux indispensables. A l´issue de la neuvième année, l´échec signifie l´exclusion...Or nul ne peut aujourd´hui, ne doit normalement se satisfaire de cette relégation qui accentue les clivages sociaux et qui se traduit comme ont le sait et on le vit, par des phénomènes de violence incontrôlés, imprévisibles et qui peuvent être incontrôlables. Face à cette réalité, certains parents "bien informés" ont tendance à envoyer leurs enfants dans des établissements à bonne réputation même loin de leurs domiciles. Ainsi, une petite élite se retrouve entre elle et avance de cette façon jusqu´au baccalauréat.
En organisant ainsi et peut-être sans le vouloir les clivages sociaux précoces, on prive les enfants du nécessaire contact avec les autres, ceux dont le parcours ou l´histoire sont différents. Il est donc permis de s´interroger sur ce que sera, à terme, le comportement d´adultes ainsi privés d´un nécessaire brassage social. Il y a là donc un risque supplémentaire d´accentuer le caractère dual de notre société et d´organiser ce faisant, les clivages générateurs de tensions.
Outre-Atlantique, les universités les plus prestigieuses, à court d´argent (du fait du désengagement des Etats de l´Union),viennent de décider de favoriser l´inscription, non des plus brillants des étudiants mais des plus fortunés. En fait, il ne faut pas confondre cohabitation entre secteur public et privé, et privatisation. Les deux types d´établissements peuvent coexister; ils contribuent à une nécessaire émulation. Par contre, la privatisation de l´Education est un tout autre problème qui ne saurait être traité à la légère, car la culture ne peut en aucun cas, dans un pays qui se veut démocratique, être abandonnée aux lois du marché. L´Etat doit donc continuer, sans relâche et malgré les aléas, à jouer dans ce domaine un rôle important en faisant un effort constant et pérenne envers les plus démunis.
Comment enseigner dans un monde en perpétuel changement? Dans les pays développés, l´enseignant est de nos jours fortement concurrencé dans son domaine, par les nouveaux modes de communication. L´enseignant n´est plus de ce fait, comme par le passé, l´unique pourvoyeur du savoir. Son rôle loin de disparaître, a évolué. Il faut qu´il acquière alors, deux types de compétence: d´abord la connaissance technique fine de ces NTI, ensuite la nécessité de traiter toutes les informations formidables de ces NTI, qui doivent être transformées par le maître en savoirs pertinents et utiles. Enfin, l´enseignant doit disposer d´une autonomie méthodologique dans la façon de prendre en charge la classe. Il cessera alors d´être un orateur pour tendre à devenir un accompagnateur. La flexibilité est devenue le terme le plus fréquemment employé pour décrire le nouvel ordre économique.
La mondialisation n´est pas innocente, elle véhicule aussi un projet culturel, c´est-à-dire une culture de masse occidentale, pour l´essentiel américaine. Nous passons d´un système de croyance et de certitudes relativement "stables" à des systèmes de croyance pluriels et changeants. Le doute se répand en même temps que les repères traditionnels des sociétés, la tradition, la raison et les valeurs ancestrales perdent leur aura et leur crédibilité.
Le problème de l´orientation
"Ce qu´il y a de triste, écrit Carl Rogers, et de pénible dans la plupart des systèmes d´éducation, c´est que lorsque l´enfant a passé un certain nombre d´années à l´école, cette motivation spontanée se trouve pratiquement étouffée."
L´école est alors chargée d´une tâche lourde et difficile; celle de sélectionner et d´orienter, en vue non seulement des études supérieures mais de toutes les formes d´activités professionnelles revêtues d´une égale dignité; et par conséquent, celle de découvrir et de développer les aptitudes individuelles les plus différentes au lieu de les évaluer sous le seul angle de ses succès potentiels ultérieurs, c´est-à-dire sur le seul et unique chemin menant à l´université. Comment évaluer l´aptitude? on se base généralement sur l´analyse du travail accompli durant le cycle et sur les examens. L´analyse du travail accompli ne doit pas se ramener à une évaluation des tests subis par l´élève, ce qui ramènerait aux examens, mais à une évaluation de l´activité proprement dite et en partie spontanée de l´élève portant sur le comportement intellectuel de l´élève et sur son aptitude à "l´abstraction" ou à la pratique.
On l´aura compris, il n´est pas évident que l´élève puisse, en fonction de ses aptitudes -a moins qu´elles ne soient exceptionnelles- faire la filière au lycée de son choix. De fait, les cohortes qui vont dans les filières "lettres" sont destinées à des métiers qui ne débouchent pratiquement sur rien, du fait que les filières scientifiques et médicales leur sont interdites. Pourtant, plusieurs parmi nos plus brillants professeurs de médecine disposent d´un Bac. lettres. Le but de l´éducation est d´oeuvrer pour gommer ces différences sociales pour ne faire émerger que le critère de l´aptitude et du mérite, seuls paramètres à prendre en compte dans l´orientation des élèves. Il s'avère que l´orientation post-secondaire n´est pas aussi déterminante que celle qui mène du moyen au lycée. Il n´empêche, que le parcours du combattant des parents et des bacheliers pourrait être diminué si au niveau de la terminale voire plus tôt, des explications sur les métiers étaient données.
Le baccalauréat étant un examen, il est injuste d´indexer l´entrée à l´université qui est, dans les faits, un concours sur des épreuves dédiées à un examen. De ce fait, on brutalise des milliers de bacheliers en les obligeant à concourir sur des critères qui ne sont pas ceux sur lesquels ils ont été préparés toute l´année. Combien de parents d´élèves attestent que leurs enfants n´étaient pas dans de bonnes conditions psychologiques le jour du Bac (suite au trac), et ne demandent qu´à ce qu´on leur donne une chance de montrer enfin ce qu´ils valent.
On comprend dans ces conditions le désarroi des parents. Des milliers d´étudiants ne seront assurément pas motivés et sont candidats à l´échec, s´ils décident à s´inscrire dans la filière qui leur a été "proposée". Dans ces conditions, les parents protestent et essaient, chacun à sa façon, de s´en sortir, au besoin en mendiant une place chez nos voisins qui, il n´y a pas si longtemps encore, faisaient le chemin inverse pour s´instruire en Algérie...
Les 10 choix proposés ne sont pas bien évalués par les bacheliers qui ne s´intéressent- à tort- qu´aux premiers choix. Il faut savoir, par exemple, que le tronc commun de sciences exactes et technologie peut permettre l´entrée dans les grandes écoles en troisième année sur concours, si le bachelier veut rentrer en première année. L´orientation des bacheliers devrait être revue fondamentalement car une grande partie des échecs des étudiants vient d´un mauvais aiguillage. Une solution consisterait dans un premier temps, comme cela a été fait il y a longtemps, à aller dans les lycées parler avec les lycéens des futurs métiers proposés par les universités et grandes écoles. On peut aussi mettre à profit l´Internet pour expliquer les débouchés de chaque filière en termes de métiers.
En fait, il n´y a pas de pédagogie sociale et rien n´incite à la valorisation de tous les métiers. Les métiers autres que le médecin, l´ingénieur ou l´avocat, n´ont pas de visibilité sociale. Les pouvoirs publics ont le devoir de revaloriser l´effort et d´affirmer haut et fort que tout le monde ne peut pas faire des études longues; non que cela soit interdit, mais par une série d´instruments à la fois financiers et juridiques, on peut imprimer des tendances. De ce fait, au lycée aucune information pertinente n´est donnée sur les métiers, sur les réels débouchés. Les écueils à éviter, les voies de garage...
Il n´y a pas de solution magique à ce problème d´inscription, cependant, il paraît de ce fait urgent de réfléchir à une formule qui donne satisfaction de façon tout à fait légitime à l´immense majorité des parents qui accepteront sereinement les délibérations de concours spécifiques pour chaque discipline. Chaque établissement aura la responsabilité de faire son concours sur la base de quotas décidés sur la base d´arguments objectifs.
Cependant, il ne faut pas se leurrer, la rentrée sera pédagogiquement insoutenable. Une accumulation nette de 200.000 nouveaux bacheliers, soit l´équivalent de 20 universités de 10.000 places à apprêter, est impossible à mettre en oeuvre. Qu´il nous suffise de savoir qu´avec un taux d´encadrement même faible de 1 pour 50 étudiants, c´est près de 5000 nouveaux enseignants de "qualité" qu´il faut recruter. Il faut savoir que le budget de l´enseignement supérieur de l´ordre de 120 milliards de DA, amène le coût étudiant à 120.000 DA. A titre d´exemple, il est autour de 25.000 euros en moyenne en Europe, soit 20 fois plus! Et encore dans le coût en Algérie, l´hôtellerie, le transport, la restaurations et les bourses comptent pour la moitié. On comprend qu´il ne reste pas grand-chose pour l´acte pédagogique.
Enfin, il est un autre sujet d´inquiétude, c´est celui de l´hémorragie des diplômés. Chaque année, des centaines de diplômés sont perdus par l´Algérie au profit de l´Europe et de l´Amérique du Nord. L´émigration choisie est une réalité. Alors que les jeunes Algériens sans diplômes subissent un passage dans des centres de rétention rendus encore plus inhumains depuis la dernière directive européenne, tout est fait pour aspirer nos jeunes diplômés notamment des grandes écoles. On constate d´ailleurs que les parents - il ne faut pas leur jeter la pierre - mettent en place des stratégies pour "lubrifier" les parcours de leurs enfants et faciliter leurs départs à la fin de leur diplôme d´ingénieur. A 100.000 dollars le coût unitaire de la formation, c´est au total plusieurs millions d´euros par an que l´Algérie perd. Il faut s´interroger s´il est moral que l´on propose à un Bac +5 un CDD à 8000 DA (80 euros) à quelques encablures de l´Europe. C´est toute la problématique de l´emploi des diplômés qui est posée.
(*) Ecole nationale polytechnique


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