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Plaidoyer pour un plan marshall (1e partie)
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
Publié dans L'Expression le 09 - 08 - 2004

le système éducatif est un «système à temps de réponse long». Il est donc, miraculeux de passer en l'espace d'une année de 32% à 42%.
Deux cent deux mille bacheliers ont décroché leur droit d'entrée à l'université. S'il faut féliciter les lauréats pour ce record de 42,3 %, chose jamais vue jusqu'à présent, il y a lieu de s'interroger sur leur prise en charge. Ce raz de marée risque de dévaster une université algérienne qui n'en peut plus de travailler dans des conditions catastrophiques malgré les efforts louables de l'Etat et toute l'intelligence de la tutelle et des gestionnaires sur le terrain.
Cependant, il faut bien convenir que malgré tous les efforts de la tutelle, l'augmentation amène des questionnements. Chacun sait que le système éducatif est un «système à temps de réponse long». Il est donc, miraculeux de passer en l'espace d'une année de 32% à 42%. Notre avis est qu'il sera difficile de reproduire cela. Il faut plaider pour la levée des tabous qui permettront enfin aux départements ministériels de mettre en oeuvre après une approche didactique et perenne des grands axes de la réforme élaborée par une commission d'experts en 2000.(1).
Evolution de la politique d'éducation
Au lendemain de l'indépendance, l'aspiration tout à fait légitime à un mieux-être culturel et à une réappropriation de l'identité à travers la réappropriation de l'école, a mené les hommes politiques de l'époque à pousser vers une scolarisation tous azimuts, basée plus sur la massification de l'enseignement que sur sa dimension qualitative. Le besoin d'apprendre était irrépréhensible. Pour pouvoir mesurer cette soif d'apprendre, il est important d'avoir en tête les chiffres tout au long de la colonisation, des élèves admis dans le système éducatif français. En 1901, il y avait à peine 24.712 élèves algériens sur un total de 115.000 élèves (enfants de colons compris). En 1959-1960, les 513.911 élèves algériens ne représentent en fait qu'un seizième, soit 6,2 % de la population totale et environ 20% de la population en âge d'être scolarisée.(2).
Le pari du système éducatif post-indépendance était partant pratiquement de zéro avec une poignée de pionniers de construire un système éducatif. Tout était à faire au niveau des programmes, de la formation des formateurs, et des infrastructures. Il fallait de plus tenter de contenter toutes les frustrations accumulées pendant cent trente années. Il était très difficile d'échapper de ce fait à la solution de facilité que représentaient les appels tels que la massification de l'éducation, l'arabisation à outrance, la défrancisation systématique de tout ce qui pouvait rappeler l'ancienne puissance coloniale.
Par ailleurs, à cette date, l'Algérie était caractérisée comme l'écrit Mahfoud Bennoune, par «un dualisme économique, linguistique, éducatif et culturel. Deux élites qui étaient quantitativement et qualitativement faibles et limitées, formées dans deux types d'établissements différents: l'école et l'université française et la zaouia/médersa et l'université arabo-musulmane traditionnelle. Parmi les deux «élites», se trouve un nombre insignifiant de bilingues ayant le privilège de posséder une double culture française et arabe».(3).
La politique d'arabisation tout à fait légitime, au niveau des principes, du fait qu'elle a été le credo permanent de la revendication du mouvement national, a connu des dérives graves, les personnels enseignants recrutés à outrance à partir de 1964 ne présentaient pas les critères obligatoires s'agissant de l'apprentissage d'un savoir à des enfants. L'appel à une coopération massive du Moyen-Orient a, par ailleurs sans garde-fou, mis une multitude de jeunes entre les mains de missionnaires qui ont largement diffusé des courants idéologico-politiques qui ont fleuri au Moyen-Orient: baathisme Nasserisme et surtout le fondamentalisme islamique.
Pour Mostefa Lacheraf: «L'arabisation improvisée et sentimentale ne parvenant pas à maîtriser l'enseignement et à faire corps avec lui risquera tôt ou tard d'être l'objet d'une injuste désaffection de la part des siens... Pour ce qui est de l'Algérie, ou de tout autre pays arabophone, il est indéniable que la langue arabe est innocente des méfaits et de la criminelle inertie des siens. Ce n'est pas elle qui est en retard sur le siècle, ce sont eux qui l'ont rétrogradée et maintenue parfois dans l'infantilisme et en font un objet de chantage inadmissible».(4).
La disponibilité financière aidant, cette massification des enseignements a permis de «parquer des cohortes» importantes sans pour autant leur apporter une vraie instruction. La légitimation du pouvoir va dans les années 80 être sublimée par une rente pétrolière conséquente (le baril était en 1982 à 40$ et le dollar valait 10 francs). La mise en place d'une école sociale va permettre la prise en charge quantitative des élèves de plus en plus nombreux. Sur le plan qualitatif, c'est une autre histoire. Nous sommes loin des performances minima en terme de niveau en clair à peine un élève sur 25 arrive après douze ans d'études à décrocher le baccalauréat. Concernant les cohortes du secondaire seuls en moyenne 22 à 25% des candidats au baccalauréat décrochaient le bac, les résultats de 2003 et 2004, au demeurant modestes, ne doivent pas faire illusion. Il faut attendre les années prochaines car rien ne permet a priori de penser que ces résultats montrent un changement de tendance dû à une amélioration spectaculaire des performances. A titre d'exemple et dans les pays développés, les résultats ne se voient pas d'une façon aussi brutale, le système éducatif étant un système à temps de réponse long. Aucun événement pédagogique fondamental n'a été mené.
C'est une évidence: le monde qui nous entoure change, et très vite, de plus en plus vite, grâce à la diffusion de nouveaux moyens de communication et d'information. De grandes forces sont à l'oeuvre et nous emportent dans des mouvements qui ont comme noms internationalisation, mondialisation et planétarisation. Comme l'écrit Hargreaves, «Le temps et l'espace se compriment».(5).
La flexibilité est devenue le terme le plus fréquemment employé pour décrire le nouvel ordre économique: la flexibilité des processus et de l'organisation du travail, la flexibilité de l'accumulation des produits comme de la consommation. Cette flexibilité de l'économie et des entreprises - on pense à l'adhocratie - aurait la vertu de rendre possible l'innovation, la rapidité de l'adaptation à des conditions sans cesse changeantes et des gains de productivité dans un marché mondial de plus en plus compétitif et intégré.
Cette mondialisation n'est pas innocente, elle véhicule aussi un projet culturel, c'est-à-dire une culture de masse occidentale, pour l'essentiel américaine. Si les mutations dans l'Occident industrialisé sont rapides, dans les PVD, le temps n'a pas la même durée, il est hors du temps des pays industrialisés, il ne gène aucun Occidental de parler de pays en développement depuis quarante ans, des pays, qui probablement ne pourront jamais être développés ayant raté le train du développement. Nous passons d'un système de croyance et de certitudes relativement «stables» à des systèmes de croyance pluriels et changeants. Le doute se répand en même temps que les repères traditionnels des sociétés, la tradition, la raison et les valeurs ancestrales perdent leur aura et leur crédibilité. C'est ce que Hargreaves nomme le passage d'une culture de la «certitude» à des «cultures de l'incertitude».(5).
Le problème de l'orientation
«Le problème de l'orientation, écrit Piaget, est crucial, tant il conditionne l'avenir de milliers de jeunes. Et les déperditions par frustration doivent être l'un des problèmes de fond de la réforme.» Cependant, il ne sera pas facile de concilier la formation générale avec la spécialisation, lorsqu'il s'agit d'éduquer un individu particulier, et non plus transmettre à toute une génération un certain nombre de valeurs collectives communes ou spécialisées. Il faut bien convenir que dans la pratique, l'orientation future de l'élève est avant tout affaire de tradition familiale et de considérations économiques de classes. Malgré la gratuité de l'école, les enfants venant des couches déshéritées (très souvent rurales) quittent l'école très tôt. Ils ne bénéficient en fait d'aucune prise en charge sérieuse du rattrapage. L'école deviendra en fait et pour un certain temps un exutoire du repos après la corvée au sein de la famille. Cette fausse démocratisation du savoir ne doit pas cacher le fait que les enfants de la nomenklatura ont toujours et par la force des choses disposé de conditions d'enseignement avantageuses et autrement plus performantes (choix judicieux des enseignants, nombre d'élèves réduits par classe, outils pédagogiques de qualité en un mot leur environnement était protégé).
On l'aura compris, il n'est pas évident que l'élève puisse en fonction de ses aptitudes - à moins qu'elles ne soient exceptionnelles- faire la filière au lycée de son choix. De fait, les cohortes qui vont dans les filières lettres sont destinées à des métiers qui ne débouchent pratiquement sur rien, du fait que les filières scientifiques et médicales leur sont interdites. Pourtant plusieurs parmi nos plus brillants professeurs de médecine disposent d'un bac lettres. Le but de l'éducation est d'oeuvrer pour gommer ces différences sociales pour ne faire émerger que le critère de l'aptitude et du mérite, seuls paramètres à prendre en compte dans l'orientation des élèves. L'accès à l'université doit être fonction du seul mérite.
Par ailleurs, le baccalauréat étant un examen, il est immoral d'indexer l'entrée à l'université qui est un concours sur des épreuves dédiées à un examen. De ce fait, on brutalise des milliers de bacheliers en les obligeant à concourir sur des critères sur lesquels ils n'ont pas été préparés toute l'année. Combien de parents d'élèves attestent que leurs enfants n'étaient pas dans de bonnes conditions psychologiques le jour du bac (suite au trac), et ne demandent qu'à ce qu'on leur donne une chance de montrer enfin ce qu'ils valent. On comprend dans ces conditions le désarroi des parents que l'on tétanise en leur martelant d'une façon lancinante :on ne peut rien faire: c'est l'ordinateur! Des milliers d'étudiants ne seront assurément pas motivés et sont candidats à l'échec, s'ils décident à s'inscrire dans la filière qui leur a été infligée. Dans ces conditions, les parents protestent et essaient chacun à leur façon de s'en sortir, au besoin en mendiant une place chez nos voisins qui, il n'y a pas si longtemps encore, faisaient le chemin inverse pour s'instruire en Algérie...
Le rêve des parents et du candidat n'est malheureusement que de courte durée : on s'aperçoit bien vite; qu'avec moins de 11 de moyenne on ne peut pas s'inscrire en niveau 6, en clair on n'a droit qu'au niveau 5: quelle horreur!Faire 12 ans d'études pour être technicien! Je préfère que mon fils ou ma fille fasse du trabendo ou refasse le baccalauréat. Ce qui explique le nombre élevé de candidats libres déjà bacheliers.
En fait, il n'a pas de pédagogie sociale et rien n'incite à la valorisation de tous les métiers. Les métiers autres que médecin, ingénieur, ou avocat, n'ont pas de visibilité sociale. Les pouvoirs publics ont le devoir de revaloriser l'effort et d'affirmer haut et fort que tout le monde ne peut pas faire des études longues, non que cela soit interdit, mais par une série d'instruments à la fois financiers et juridiques on peut imprimer des tendances. De ce fait, au lycée aucune information pertinente n'est donnée sur les métiers, sur les réels débouchés. Les écueils à éviter les voies de garage...
Il n'a pas de solution magique à ce problème d'inscription, cependant, il paraît de ce fait urgent de réfléchir à une formule qui donne satisfaction tout à fait légitime à l'immense majorité des parents qui accepteront sereinement les délibérations de concours spécifiques pour chaque discipline; chaque établissement aura la responsabilité de faire son concours sur la base de quotas décidés sur la base d'arguments objectifs.
Le nombre total d'inscrits était de 238.427 en 1994/1995. Dix ans plus tard, il risque de dépasser les 800.000; soit une multiplication record par 3,5. L'Etat ne pourra pas avec la meilleure bonne volonté suivre ce rythme et ce n'est pas la mobilisation des technicums, des institutions inadaptées qui pourront permettre de répondre à ce raz de marée imprévisible. Par ailleurs, le nombre total de diplômés en vingt-cinq ans de 1962 à 1986 a dépassé les 100.000 (exactement 104.024). De 1991 à l'an 2000, le nombre de diplômés a atteint 323 000. Au total, l'université algérienne aura délivré depuis l'indépendance près de 800.000 diplômés.
Il est nécessaire avant toute chose de recentrer les missions de l'enseignement supérieur sur la formation et la recherche et non pas sur l'hôtellerie, le transport, et la restauration. Il est scandaleux de payer un ticket de restaurant à 12 DA. Chacun sait que l'étudiant n'en profite pas vraiment. Il y a une opacité qui ne profite à personne sinon aux profiteurs qui ont intérêt à faire perdurer cette situation Tout doit être payant selon le niveau de vie. Remettre en place le système de prêt d'honneur valable aussi pour la formation supérieure.
(1).C.E. Chitour. Le système éducatif algérien à l'heure de l'internet et de la mondialisation. Editions Marinoor. 2000.
(2). Annuaire statistique de l'Algérie .p.67. 1960, rapporté dans Dj.Sari, M.Kaddache. L'Algérie dans l'histoire p.245. Editions OPU. Enal Alger. 1989.
(3). M. Bennoune : Pour une école et une université modernes. El Watan. p.5. Lundi 24 mai 1999.
(4). M. Lacheraf : Les problèmes de l'enseignement et de l'éducation : des malentendus à dissiper, une voie rationnelle à tracer dans l'intérêt de l'enfance scolaire». El Moudjahid Alger. 9, 10, 11 août 1977.
(5). Hargreaves. Changing teachers, changing times : Teachers' work and culture in the postmoderne âge. Oise Press.Toronto 1994.


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