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Dans les quartiers chauds de Tizi Ouzou
UNE NUIT AVEC LA POLICE JUDICIAIRE
Publié dans L'Expression le 21 - 07 - 2008

La tournée s'est soldée par la saisie de 34 caisses de bière, l'arrestation de 3 personnes et plusieurs interpellations.
21h 30. Dix véhicules de la police judiciaire arrivent à l'entrée ouest de la ville de Drâa Ben Khedda (DBK). Le trajet Tizi Ouzou-DBK a pris moins de dix minutes. Pourtant, les 4X4 n'avancent pas à vive allure.
En plus, une distance de sécurité est laissée entre eux. «Il est indispensable de laisser un espace important entre deux véhicules. On ne sait jamais ce qui peut arriver», explique Yazid, le chef de la brigade économique de la police judiciaire, titulaire d'une licence en droit et d'un Capa. Il a troqué une carrière d'avocat qui aurait pu lui rapporter argent et prestige contre celle d'officier de police. «Depuis mon enfance, mon rêve était de devenir policier. Je suis amoureux de ce métier. Même s'il nous arrive, à la fin d'une journée éreintante, de nous dire que ce métier est difficile et qu'il faudrait arrêter, le matin, au réveil, nous avons hâte d'arriver à notre bureau pour entamer une nouvelle journée de labeur. C'est un métier très passionnant. Mais pour l'exercer, il faut l'aimer», explique-t-il.
Un collègue à lui, agrée ces propos. Notre interlocuteur explique que leurs services interviennent dans plusieurs localités: Tizi Ouzou, Drâa Ben Khedda, Tadmaït, Maâtkas, Ath Douala...
L'ancien quartier de Drâa Ben Khedda aurait pu être paisible et respirer la quiétude, jour et nuit, n'eut été un bar clandestin, très fréquenté, qui empoisonne la vie aux riverains. C'est cet établissement qui est choisi par les services de la police judiciaire comme première escale.
Notre accompagnateur attire notre attention sur le fait que les premières personnes qui nous aperçoivent font immédiatement usage de leurs portables: «Ils appellent les autres pour les informer que la police est là.» Il n'est pas exclu que, dans des endroits pareils, la consommation de la drogue soit courante. Quand les dizaines de policiers, encadrés par l'officier Madjid, responsable de la police judiciaire de la wilaya de Tizi Ouzou, pénètrent dans le bar, certains clients présents sont visiblement inquiets mais la majorité, étant déjà dans un état d'ébriété avancé, semble insoucieuse.
C'est le gérant de l'établissement qui a l'air véritablement déstabilisé par cette descente inopinée. Les services de sécurité, comme premier réflexe, fouillent tous les recoins du bar, y compris les frigos. Ils demandent au gérant de compter l'argent qu'il y a dans la caisse et de le garder à son niveau: 35.000 dinars. C'est la recette de la soirée et il n'est pas encore 22 heures. Le chef de la police judiciaire ordonne la saisie des caisses de bière, trente quatre au total. «Elles seront remises à un établissement hôtelier étatique», explique Yazid. Conformément à la réglementation.
Quant au gérant ainsi que le barman, qui dit travailler pour 400 dinars la journée, ils seront conduits au siège de la Sûreté de wilaya pour être présentés devant le procureur le lendemain. Les coordonnées de cinq clients sont prises afin qu'ils soient convoqués pour témoigner. Le gérant de cet établissement est un récidiviste. Il y a un mois et demi, lors d'une descente similaire, il a été procédé à la fermeture de la brasserie, très fréquentée. Au moment de notre passage, il y avait une quarantaine de consommateurs.
Il troque sa tenue afghane contre la bouteille
La majorité dit faire partie des habitants de la ville. «Nous prenons notre petit coup tranquillement et nous entrons chez nous, sans jamais poser problème», disent-ils à la police. Ce n'est pas l'avis des quelques citoyens habitant dans le quartier: «Ils nous empoisonnent la vie. Souvent, il y a des rixes. Ils crient et prononcent des vulgarités. Imaginez quelle peut être notre réaction, nous qui vivons en famille!».
Le convoi quitte Drâa Ben Khedda à 22h 30. La ville est quelque peu animée. Ce qui atteste d'une certaine quiétude par rapport à il y a quelques années de cela où il n'était point recommandé de sortir la nuit. Si la situation sécuritaire a pu être maîtrisée, la lutte contre la délinquance reste encore à mener avec fermeté. Une seule Sûreté de daïra est insuffisante car il s'agit d'une grande ville. Il faudrait toutefois se réjouir car la grande criminalité est inexistante malgré un climat favorable: taux de chômage élevé, absence d'activités sportives...
La deuxième destination est un quartier très fréquenté par les délinquants, affirme notre guide. Il s'agit du lieudit Sud-Ouest de la ville de Tizi Ouzou. Le siège de la nouvelle gare ferroviaire est devenu le refuge de plusieurs jeunes qui tentent de fuir la réalité de leur vie difficile. L'absence d'une prise en charge sérieuse de cette tranche d'Algériens a fait de ces derniers des désespérés qui tentent de noyer leur solitude dans la boisson alcoolisée pour certains et fuir la vie dure en avalant des psychotropes ou de la drogue pour d'autres. Les jeunes trouvés sur les lieux ont le visage émacié. La vie ne les a pas gâtés. Malheureusement, ils ont choisi, à leur corps défendant, un chemin qui compliquera leur situation. Quand la police les appréhende, elle découvre qu'ils ne sont même pas munis de pièces d'identité. Ils sont donc conduits au siège de la Sûreté pour un examen de situation. Les éléments de la police se montrent plutôt compréhensifs avec ces jeunes. Ils vont même jusqu‘à user de l'humour avec eux. Les policiers semblent connaître la majorité des personnes retrouvées dans ces paradis artificiels. «Il s'agit de récidivistes». Les policiers sont surpris de découvrir un jeune qui, il y a à peine deux semaines, était barbu et vêtu d'une tenue afghane. En quinze jours, il a versé dans l'autre extrême. Un policier lui dit: «Il y a quelques jours, tu étais barbu et tu priais et maintenant tu bois! Qu'est ce qui t'est arrivé?». Le malheureux jeune homme répond que c'est vrai mais il semble incapable de dire ce qui s'est produit exactement. Un cas plutôt psychologique. L'absence de repères et la solitude sont les seules explications, affirme notre accompagnateur, rappelant que les officiers, dans le cadre de leur formation, ont suivi des modules de psychologie afin de pouvoir gérer ce genre de situations. Souvent, les délinquants ont vent de l'arrivée de la police, grâce à l'usage des téléphones portables. Ceci rend la mission des hommes en bleu difficile. L'officier Yazid affirme que ce genre de descentes ne peuvent pas être quotidiennes car le citoyen se sentirait agressé dans sa liberté individuelle.
Chaque policier connaît sa propre cadence
Retour au siège de la Sûreté de wilaya. Une jeune fille n'a pas trouvé de moyen de transport pour se rendre chez elle. Elle se présente à la police qui la conduira à l'auberge de jeunes où elle pourra passer la nuit. Notre prochaine étape n'a plus trait au banditisme mais au terrorisme. Une opération de reconnaissance est prévue dans un endroit fréquenté par les terroristes. Il s'agit d'un couloir situé entre le pont de Boukhalfa et le lotissement de Tala Allam.
Un endroit boisé. C'est ici qu'un ingénieur égyptien, travaillant chez un opérateur de téléphonie mobile, a fait l'objet d'un rapt il y a un peu plus d'une année, rappelle l'officier Madjid. Les terroristes utilisent ce couloir pour passer vers la forêt surplombant Boukhalfa. Plus de soixante éléments de la police judiciaire et de la brigade mobile sont mobilisés pour cette sortie. Les véhicules sont stationnés à hauteur du pont. Pendant quelques secondes, des orientations sont données. Plusieurs mots de passe sont utilisés par les officiers. Les éléments de la police s'ébranlent en file indienne.
Une distance de sécurité est laissée entre deux agents. Tous sont armés et sur le qui-vive. La majorité est munie de kalachnikovs. Quelques-uns seulement ont des pistolets automatiques. L'obscurité ne facilite pas le déplacement. Mais les policiers sont expérimentés. C'est du moins la conclusion qu'on peut tirer à leur façon très ordonnée et disciplinée d'avancer. Chaque policier sait à quelle cadence il faudrait se déplacer et quand son tour arrive pour assurer la couverture et tous les autres petits secrets de ce travail passionnant mais très dangereux. A n'importe quel moment, des tirs peuvent survenir, une bombe peut exploser. Nous ne pouvons nous empêcher d'interroger l'officier Madjid sur la réaction qu'il faudrait adopter en cas d'attaque terroriste. Il répond avec sérénité que la première chose que les policiers doivent faire consiste à trouver des positions pour pouvoir en premier lieu, déterminer l'origine des tirs. Ensuite viendra la, riposte. Pendant plus de trente minutes nous continuons notre avancée. Les feux des lampadaires finissent par éclairer un tant soit peu les lieux. Nous sommes au lotissement de Tala Allam. Un quartier résidentiel. Une fois la montée parcourue, on signale, via la radio, une violente rixe à quelques centaines de mètres de là, plus exactement devant le lycée Amirouche. Une fois sur les lieux, des policiers descendent de leurs véhicules pour interpellent les bagarreurs. Un imprévu va compliquer les choses. Les protagonistes, en voyant les services de sécurité, prennent la poudre d'escampette. La poursuite est lancée. Ce n'est qu'après avoir parcouru des centaines de mètres que les policiers parviennent à mettre la main sur les fuyards. L'un d'eux est grièvement blessé au visage. Sa figure est pleine de sang. Il tente de résister violemment aux policiers. Il lance même des insanités. Les éléments de la sécurité gardent leur sang froid. Les cris du délinquant attirent la curiosité de dizaines de citoyens du quartier de Talla Allam. Trois jeunes sont arrêtés suite à cette intervention. Le blessé est emmené par les policers tout droit vers l'hôpital Nedir-Mohamed et deux autres au poste.
Une ronde est annoncée dans le lotissement Hammoutène. Les services de sécurité sont sur le qui-vive en traversant ce quartier. «Juste après, il y a la dangereuse forêt de Harouza», explique l'officier qui est avec nous, l'index sur la gâchette. Toutes les ruelles sont parcourues. Il est minuit. Plusieurs jeunes sont encore dehors pour profiter de la fraîcheur. Certains jouent aux dominos, d'autres aux cartes. Il y en a d'autres qui discutent seulement. Le passage d'un cortège de dix 4X4 de policiers ne semble pas susciter leur curiosité.
Le convoi continue la route vers le lieudit la Pompe Chabane, puis vers l'Habitat, la route Amyoud, la cité EPLF, l'ex-marché de Gros, le Boulevard Stiti et retour au bercail. En arrivant devant le siège de la Sûreté de wilaya, le chef de la police judiciaire remercie les journalistes et leur signifie que leur mission est terminée. Celle des journalistes. Pas la leur. Un citoyen faisant l'objet de six mandats d'arrêt vient d'être signalé au lotissement Hammoutène. Un 4X4 démarre à vive allure vers cette destination. Pour les policiers, la nuit sera encore longue.


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