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Adieu Si El Hadj
HOMMAGE À BELKACEM AZZOUT
Publié dans L'Expression le 10 - 08 - 2008

Qu'il est lourd à porter, disait le poète, le poids de l'absence de l'être aimé. Le professeur Belkacem Azzout vient de s'éteindre. Il est mort comme il a vécu, dans l'humilité et la discrétion. Il est parti sans mot dire et sans faire le moindre bruit. C'est sans doute parce qu'il s'est toujours défié de l'exubérance dont il disait qu'elle était l'indice d'un infantilisme intellectuel, qu'il avait choisi de taire ses angoisses, soucieux qu'il était de ne jamais incommoder sa famille, ses amis aussi bien.
C'est qu'il répugnait à parler de lui- même et que, par-dessus tout, il détestait se plaindre. L'humilité, il faut bien le dire aujourd'hui, était chez mon défunt ami comme une seconde nature de laquelle il s'autorisait, en contrepartie, de cette retenue qu'il s'imposait par ailleurs, à tourner le monde en dérision. A railler le mot qu'il savait pourtant être, à en croire Victor Hugo, «un être vivant». La dérision? Il avait su en faire presque un art de vivre. Il pouvait se moquer de tout mais à la condition de ne jamais feindre: de la politique autochtone en qui il voyait l'art de «l'impossible», des objecteurs de conscience qu'il exécrait souverainement, des bien-pensants et des tartuffes en tout genre, auxquels il imputait les raisons de l'involution sociale et du sous-développement. Homme sans nul excès, il avait, cependant, la boulimie du savoir, celle du livre notamment: il lisait, lisait. Et, en bon pédagogue qu'il fut de métier, il conviait, imperceptiblement, ses amis à lui emboîter le pas. Il faisait ce que les spécialistes de l'éducation nomment pédagogie heuristique. Le fait est qu'à l'exception de Dalila, son épouse et de sa fille Inès, la quête obsessionnelle du savoir était, pour cet homme assoiffé de culture, la passion de sa vie. Ainsi, par exemple, me confiait-il tout récemment, qu'ayant décidé de se lancer dans une relecture méthodique de la mythologie grecque, il m'expliquait doctement pourquoi le génie d'Homère le subjuguait littéralement. Et -dipe lui dis-je, question à deux sous posée par un freudien en mal d'objet symbolique d'analyse? Derechef j'eus droit, comme il fallait toujours s'attendre avec sa formidable puissance de répartie, à un véritable cours sur les fondements de la tragédie grecque et sur la mystique qui en formait l'ossature littéraire. Tout cela en prélude à une brillante analogie avec la culture soufie dont mon ami était, comme peu de gens le savent, particulièrement féru: Djouneid, El Ghazali, Ibn El Arabi furent ainsi tour à tour convoqués à la rescousse du vieux Homère qui a dû, malgré tout, se demander ce qu'il pouvait bien faire dans cette galère! Sacré Azzout au mysticisme à fleur de peau et pourtant si discret sur la densité de ses angoisses existentielles.Faut-il pour autant s'étonner de l'érudition d'un homme dont l'itinéraire intellectuel et professionnel fut entièrement consacré au lourd métier d'apprendre et de donner à apprendre? Docteur d'Etat et professeur à l'Ecole nationale d'agriculture dont il en deviendra le directeur, il sera ensuite nommé secrétaire général au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, fonction qu'il occupera longtemps en concomitance avec celle de président de l'Académie d'Alger. Ses collègues enseignants, ses étudiants et administrés sont donc fondés aujourd'hui à pleurer la perte d'un homme aux qualités professionnelles et humaines sans commune mesure avec la modestie de l'image qu'il aimait, plus volontiers, offrir de lui-même. Son humanisme était, pour un homme qui exécrait, par ailleurs, la comédie sociale et les faux-semblants, profondément sincère. Un humanisme qu'il doit autant à une tradition familiale dont il n'était pas peu fier, qu'à une conscience morale en permanence en éveil. Bien qu'il s'en défendait lorsque je lui en faisais parfois l'observation un peu pour le taquiner, je demeure néanmoins convaincu que dans les tréfonds de son être, il se sentait, confusément, comme donné à l'existence pour être mis au ser-vice de son prochain. Quant à son pays pour lequel il vouait un amour incommensurable, je garderais toujours en mémoire le commentaire studieux et particulièrement avisé qu'il fit de mon dernier livre sur le désordre social en Algérie. S'il en partageait la substance et l'opportunité épistémologique, il me fera tout de même le grief quant à la radicalité de certaines analyses qu'il me recommandera de nuancer, juste pour faire preuve d'équilibre, me faisait-il remarquer.
Repose, donc, en paix, l'ami et permets-moi, avant de saluer ton départ le coeur en berne, de te retourner, une dernière fois, la fameuse litote dont tu aimais tant affubler tes amis: Adieu Belkacem, adieu «Si El Hadj»!


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