De graves événements, depuis samedi pour la première et hier pour la seconde. Les événements se sont précipités à Ouacifs. Un sit-in pacifique a vite tourné à l'émeute. Une émeute qui n'a pratiquement pas cessé depuis samedi. Tout a commencé, selon un délégué des Ouacifs, quand la population est allée voir le chef de daïra. Sur place, les citoyens ont improvisé un meeting où ils ont renouvelé leur rejet des élections. Toujours selon le même délégué, «le chef de daïra, mis en quarantaine depuis au moins vingt jours, est sorti pour parlementer». Un renfort de police est dépêché sur les lieux. Une voiture banalisée a voulu forcer la barricade érigée par les manifestants. Les jeunes, ayant remarqué que les personnes à bord étaient armées, ont déclenché l'émeute. La ville baisse rideau, d'autres renforts de police arrivent, des batailles rangées sont signalées ici et là. La nuit se termine dans la fureur. Le lendemain, la colère reprend. La ville est livrée aux seuls manifestants et aux forces antiémeutes. La violence monte d'un cran. De véritables corps à corps opposent les antagonistes. Sous la fureur, les gens s'en prennent à l'ancien CEM, devenu poste de la police communale après avoir abrité la gendarmerie. La bâtisse est incendiée. Des blessés sont évacués soit vers le centre de santé local, soit, tel le cas de quatre autres atteints par balles en caoutchouc, vers le CHU de Tizi Ouzou. On parle de 30 blessés dans les rangs des émeutiers, comme on évoque également des blessés chez les policiers. Devenus furieux par l'incendie d'un fourgon de transport de troupes, les policiers auraient traqué les jeunes, allant jusqu'à encercler quartier dit Les 50 Villas. Des enfants et une vieille femme ont été brutalisés, des panneaux routiers et des plaques de signalisation arrachées, un spectacle de ville assiégée. Les voies de communication menant et partant du centre-ville sont fermées par des barrages de la police. Les écoles, collèges et lycées sont également fermés. Bref, Ouacifs revit les temps du printemps noir. Par ailleurs, c'est à Irdjen qu'ont éclaté, hier en matinée, d'autres émeutes. Là aussi, le spectacle est insoutenable: routes coupées, villes fermées, échauffourées... 2 blessés ont été signalés à Irdjen. La colère ne semble pas retomber en Kabylie.