«La décision de l'Opep de baisser sa production ne pourrait avoir d'impact dans l'immédiat», a estimé jeudi Ahmed Ouyahia. Le Premier ministre reste lucide face à la préoccupante dégringolade des cours de l'or noir. Même si la conjoncture actuelle ne se présente pas sous les meilleurs auspices, sans voir la vie en rose, le patron de l'Exécutif ne désespère pas de voir la situation se redresser: «Les véritables effets de la baisse ne pourront être ressentis que dans quelques mois, probablement au mois de mars prochain, si toutefois les membres de l'Opep respectent les engagements pris», a tenu à souligner M.Ouyahia. A cet effet, deux conditions au moins doivent être satisfaites. La discipline au sein de l'organisation doit régner en maître, d'une part, et laisser d'autre part, le temps à la baisse, décidée entre autres à Oran le 17 décembre, de devenir effective, réelle. Des données que le marché pétrolier doit absolument intégrer. Un parfait scénario qui a suscité un optimisme certain chez le Premier ministre. «Le prix du baril de pétrole pourrait remonter à 60 ou 70 dollars d'ici mars 2009, si les pays membres de l'Opep respectaient toutefois les engagements pris de baisser la production de pétrole», a pronostiqué Ahmed Ouyahia. La réalité du terrain est malheureusement tout autre. Le prix du pétrole brut, pour la première fois depuis le mois d'avril 2004, chutait brutalement. Il est tombé sous le seuil des 34 dollars, atteignant les 33,44 dollars en fin de matinée à New York. «La récession mondiale continue à saper la demande», a fait observer Davis Evans, analyste chez Beton Markets qui a tenu à rappeler que le baril de «Light sweet crude» avait déjà passé la barre des 40 dollars mercredi à New-York. Vers 13h00 GMT, le baril de pétrole se négociait à 34,18 dollars sur le marché new-yorkais. Depuis Londres où il tenait une conférence, le président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole réagissait à cette subite et inattendue tendance baissière: «Nous poursuivrons cette réduction jusqu'à ce que les prix se stabilisent», a déclaré à la presse Chakib Khelil. Le ministre algérien de l'Energie et des Mines s'est exprimé deux jours après la réunion extraordinaire de l'Opep qui s'est tenue à Oran. Une baisse de la production de 2,2 millions de barils par jour fut décidée le 17 décembre par les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Elle intervient après celle de 1,5 million de barils par jour qui a été décidée le 24 octobre à Vienne en Autriche. L'Opep semble avoir raté sa cible. Elle n'a pas réussi à renverser la vapeur en sa faveur. Ahmed Ouyahia quant à lui, s'inscrit dans l'après-pétrole et pense à l'avenir. Le Premier ministre a estimé que dès 2030 la production de pétrole en Algérie subira un recul sans précédent. «Le danger auquel fait face l'Algérie ne réside pas dans la chute des prix du pétrole mais dans l'épuisement de cette ressource», a fait constater Ahmed Ouyahia. En ce sens il appelle à la mobilisation de tous les acteurs de la société: «La crise des prix du pétrole nous a conduit à réfléchir à libérer l'Algérie d'une économie basée sur les hydrocarbures...», a-t-il fait remarquer. Comme quoi, à chaque chose malheur est bon.
