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Il faut un «24 février» de l'intelligence
POUR TOURNER LE DOS À LA RENTE
Publié dans L'Expression le 26 - 02 - 2009

«Nous ne pouvons nous permettre de nouveaux retards par rapport au reste du monde qui avance. Il est vital pour nous de valoriser au mieux nos moyens et nos atouts pour résorber nos déficits sociaux mais aussi pour construire une économie diversifiée, source de revenus additionnels à ceux des hydrocarbures.»
Abdelaziz Bouteflika, 12 janvier 2009
38 ans après le fameux «Quararna ta ‘emime el mahroukate», événement majeur du XXe siècle où un petit pays du tiers-monde osait défier les puissances occidentales en complétant avec succès, mais aussi, il faut bien le dire, avec témérité, son indépendance politique par son indépendance économique. Cet enjeu était d'autant plus symbolique que moins de vingt ans auparavant le docteur Mossadegh, Premier ministre en Iran, avait tenté, sans succès, de nationaliser les ressources pétrolières. On sait comment il fut attaqué et «remplacé» par le général Zahedi nommé par le Shah parce que plus conciliant envers les compagnies américaines et britanniques.
Où en sommes-nous? La situation pétrolière mondiale est devenue plus incertaine que jamais. Le prix du pétrole est dangereusement bas et les conséquences n'arrangent, en fait, ni le camp des rentiers ni celui des consommateurs -bien qu'ils y trouvent un certain profit à très court terme- ni et c'est le plus important, l'avènement des énergies non carbonées qui pourraient atténuer les dangereux changements climatiques de plus en plus menaçants. Ces dernières ne pouvant être compétitives qu'avec un prix du pétrole autour de 80 dollars. Qu'en est -il du prix du pétrole qui a perdu en l'espace de sept mois 70% de sa valeur de juillet? Le prix actuel de 37 dollars équivaut à moins de 10 dollars de 1986 en dollar constant. En clair, nous nous trouvons dans la situation d'il y a vingt ans avec une population qui a augmenté de plus de cinq millions de personnes avec une industrie inexistante et une dépendance plus accrue que jamais des hydrocarbures et des produits du sous-sol et du sol (métaux ferreux non ferreux, dattes...)
Crise de confiance
Ce ressourcement rituel à propos du 24 Février est important, notamment avec la proximité de l'élection présidentielle où les candidats à la candidature devraient plus que jamais prendre en compte, d'une façon fine, les convulsions du monde. On ne peut pas dire que l'Algérie n'est pas touchée par la crise puisque, à titre d'exemple, les statistiques de janvier montrent une chute drastique des exportations.
Par ailleurs, comment se présente la situation mondiale et quelles sont le retombées pour l'Algérie? En clair, quels sont les écueils à éviter pour s'en sortir à moindre coût et donner une perspective au pays pour un horizon d'une génération? Car il faut le savoir, certaines prévisions ou scénarios ne s'accomplissent que dans la durée. Il est éminemment important de prendre, dès le départ, la voie la moins coûteuse sur tous les plans.
La crise financière qui sévit actuellement dans les pays développés est avant tout une crise de confiance en face d'un système bancaire de plus en plus critiqué. Personne n'a plus confiance dans personne. Il vient que le capitalisme prédateur a montré ses limites. Tout devient erratique. Les pays du G20 tenteront la semaine prochaine de proposer «un nouveau système» monétaire qui devrait prendre la suite de Bretton Woods mis en place après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le capitalisme américain triomphant a imposé le dollar comme monnaie mondiale d'échange. A cette époque un gramme d'or valait un dollar. Après 1971, les premiers craquements du système, la situation économique peu enviable des Etats-Unis qui venaient de sortir du bourbier vietnamien ont amené le président Nixon à supprimer la parité et du même coup, le dollar a commencé à «flotter» au gré des événements et des convulsions de la scène économique américaine. Résultat des courses: l'once d'or n'a cessé de prendre de la valeur. Ainsi, si on prend en compte seulement la dernière période de 2000 à 2009, les prix de l'or par rapport aux indices boursiers sont passés de 272 dollars à 999 dollars vendredi 20 février après avoir dépassé 1000 dollars en mars 2008. Le prix à été multiplié par près de quatre!!! D'un côté le pétrole a un coût qui est inférieur à celui d'il y a vingt-cinq ans en dollars constants, de l'autre il faut avoir à l'esprit que les 32 dollars de 1982- 1983, valent les 90 dollars actuels. Une première question qui vient à l'esprit: pourquoi ne pas convertir une partie de nos réserves de change en or au lieu de s'effriter en consolidant les banques américaines avec un intérêt dérisoire et une inflation importante. Un petit calcul montre que si on convertissait «patiemment» les 150 milliards de dollars de change, cela ferait 4500 tonnes qui tiendraient dans une surface de 1000 m2!! Toute la richesse du pays dans «un Fort Knox algérien» de 1000 m2
La deuxième question de bon sens qui nous vient à l'esprit est la suivante pourquoi continuer cette «hémorragie du pétrole algérien» avec un prix aussi dérisoire? Un petit calcul montre que nous avons perdu près de 10 milliards de dollars durant cette chute du deuxième semestre 2008! Nos réserves de change peuvent nous permettre d'attendre des jours meilleurs sans puiser, voire compromettre dangereusement le niveau de nos réserves. Dans ces conditions ne peut-on pas penser que notre meilleure banque c'est encore notre sous-sol et qu'il faut n'y avoir recours qu'en cas de nécessité en «bon père de famille» qui gère le budget familial en évitant les gaspillages?
De par le monde et bien que les pays industrialisés s'en défendent, le protectionnisme dur est de retour. Quand le président Obama décide de taxer l'acier étranger, il privilégie l'acier américain. Quand il décide de taxer le Roquefort à 300% c'est pour protéger la production nationale. La France a beau se plaindre à l'OMC, elle en fait de même en traînant les pieds pour l'ouverture du capital d'EDF l'un de ses champions. Pour la France, chaque pourcentage d'ouverture devra être compensé par une prise de participation à l'extérieur. Au nom du «patriotisme économique», le Sénat américain a refusé à une société émiratie la concession de ports américains. Les Etats développés tournent le dos sans vergogne, sans état d'âme à tout ce qu'ils ont adoré, le capitalisme sauvage, le libéralisme, la mondialisation. Nous avons été trompés par les riches et les puissants qui nous ont obligés à sacrifier notre tissu industriel au nom «de la mise à niveau, de l'ajustement structurel» tant de concepts que le citoyen lambda a appris à ses dépens; souvenons-nous chaque fois que Michel Camdessus, le directeur du FMI- devenu par la suite conseiller de Jean Paul II- venait à Alger, les Algériens se demandaient quels «conseils» il venait encore nous imposer...Chez nous ce sont des pans entiers de l'industrie que nous avons bradés parce que non rentables, pas au niveau, et qui sont loin des normes Iso dont on parle de moins en moins. Ce qu'il faut savoir, c'est que nous avons jeté le bébé avec l'eau du bain. Nous avons liquidé des sociétés et nous avons liquidé un savoir et un savoir-faire irremplaçables et qu'il faut tenter de réhabiliter.
Il y aura plus de guerres
Les défis futurs qui nous attendent sont multiples et il ne faut surtout pas croire que nous sommes protégés, que nous allons nous en sortir «par la protection de la rente». Nous devons tout faire par l'émergence de l'intelligence, pour affronter ces défis. Sans vouloir jouer les Pythies ou l'oracle de Delphes, il nous faut nous convaincre qu'il y aura de plus en plus des guerres pour l'énergie, il y aura des guerres pour l'eau. On parle de plus en plus d'empreinte aquatique avec les réserves d'eau réelles et les réserves d'eau virtuelles que nous achetons à l'étranger quand nous importons des biens de consommation. Il faut savoir, à titre d'exemple, que le boeuf que nous achetons d'Argentine a nécessité 16 m3 d'eau par kg de viande.
Il y aura de plus en plus des guerres pour l'espace et pour la nourriture. A titre d'exemple, avec leurs dollars de la rente,les roitelets du Golfe achètent des territoires entiers en Afrique pour se prémunir de futures disettes en cultivant et en «exportant» vers leurs pays le produit d'une terre qu'ils ont achetée. La Chine en fait de même.
Notre pays doit pouvoir prendre, à temps, les virages rendus nécessaires par l'évolution du monde. Jusqu'à présent, les médias lourds ne sont pas utilisés d'une façon intelligente pour expliquer la difficulté, quels que soient les gouvernants, à évoluer dans un monde de plus en plus complexe. Les intellectuels, sans être des intellectuels organiques au sens d'Antonio Gramsci, auraient pu, par leur mobilisation, faire preuve d'imaginaire pour expliquer les tenants et les aboutissements de la complexité du monde actuel
Il y aura de plus en plus des changements climatiques dont les coûts humains et financiers seront terribles si on ne s'y prépare pas en associant à travers les médias lourds les citoyens aux enjeux. «Khoudhou Hadhrakoum» est-il dit dans le Coran. Cela devrait être notre credo, notre cap et à propos de cap, s'agissant de l'énergie, il nous faut une stratégie, un modèle énergétique qui puisse enfin nous donner une vision en termes de futur. Le plan Obama pour l'énergie prévoit de tourner graduellement le dos aux énergies fossiles en investissant dans un premier temps 150 milliards de dollars dans les énergies renouvelables, en clair dans la création d'entreprises donc de richesses à même de diminuer l'addiction américaine aux énergies fossiles.
Ce cap nous permettra de faire un état des lieux sans complaisance sur la réalité de nos réserves, sur l'importance des nouvelles découvertes par rapport à notre production, sur la nécessité de lister toutes les énergies dont le développement pourrait générer de la création de richesse. Nous ne pouvons pas continuer à gaspiller, - le mot n'est pas trop fort, - l'énergie. Savons-nous que le prix de l'essence est six fois moins cher qu'en Europe ou chez nos voisins? - ce qui explique le trafic aux frontières-, savons-nous que le diesel qui et bradé d'une façon incompréhensible coûte huit fois moins cher qu'en Europe? Le prix de l'électricité est étrangement bas ce qui incite objectivement au gaspillage! Il y des mécanismes- en dehors de toute démagogie- qui permettent de protéger les citoyens à faibles revenus.
Ces énergies ont un coût et, une calorie épargnée est une calorie disponible pour l'exportation génératrice de devises qu'il faut faire fructifier à bon escient ou encore mieux, c'est une calorie épargnée pour les générations futures, c'est ainsi que nous comprenons le développement durable. De même le prix de l'eau, qui sera de plus en rare, devrait être un juste prix qui permettrait de lutter contre les stress hydriques prévus dans les prochaines années. Nos gestes devront être de plus en plus économes et écologiques. Ce n'est pas, il faut le regretter, avec le budget dérisoire dévolu aux spots publicitaires sur les économies d'énergie qu'il y aura un changement de mentalité. Quand on pense que le budget des opérateurs téléphoniques est cent fois plus important, on comprend l'addiction coûteuse en devises des Algériens à bavarder...
Ce cap auquel il faut associer toutes les Algériennes et tous les Algériens, devrait aboutir à un consensus le plus large possible sur une vision nouvelle. L'Université algérienne, qui a été tenue soigneusement à l'écart du monde économique, devrait être associée à part entière. C'est d'elle que viendra ou ne viendra pas le salut du pays quand la rente ne sera plus au rendez-vous. C'est elle qui sera responsable de diplômés créateurs de richesse. Cette stratégie permettra de créer des milliers de start-up, notamment dans le domaine des énergies renouvelables où tout est à faire. A titre d'exemple, les milliers de logements à construire pourraient être dotés de chauffe-solaire qui pourront permettre la création de milliers d'emplois pérennes mais aussi d'épargner du gaz naturel dont on fera un meilleur usage.
La stratégie énergétique n'est pas du ressort unique du ministère de l'Energie et des Mines mais doit concerner tous les départements ministériels. Ce cap tracé à titre d'exemple, outre le fait qu'il nous oblige à bouger et à tordre le coup à cette mentalité paresseuse de rentier, donnera, à non point douter, une espérance à ce pays. Les jeunes par millions et les diplômés par centaines de milliers ne se sentent pas concernés par le fonctionnement des gouvernements plus isolés que jamais et voient passer avec amertume le train du progrès. Nous aurons peut-être une autoroute, des logements, un aéroport, mais nous serons toujours à l'origine concernant la sédimentation du savoir et du savoir-faire. L´Algérie n´a jamais autant vendu de pétrole pour acheter des gadgets et pourtant elle est redevenue cruellement sous-développée. Les emplois créés par les dollars de la rente algérienne l´ont été pour les travailleurs en Chine, au Japon, en Corée, en France, en Turquie...
Quand Boumediène proclama à la face du monde que l'Algérie était souveraine et prenait en main son destin, les choses n'étaient pas simples. Les pressions et les contraintes, voire les menaces étaient aussi importantes qu'actuellement. Cette nouvelle vision du développement de l'Algérie serait, si elle était mise en oeuvre, un nouveau 24 Février qui fera émerger d'autres légitimités celle de la compétence, du mérite, de la récompense à la réelle valeur ajoutée de l'intelligence et non à la capacité de nuisance.
75% des jeunes sont nés après 1962. Il est nécessaire de leur parler un nouveau langage où ils se reconnaissent. D'un Algérien pris en charge, on peut en faire soit un nihiliste, un exclu de l'école, candidat au maquis ou à la harga, ou si on le veut, un Algérien bien dans sa peau, en paix avec son identité culturelle et religieuse, en phase avec la réalité du monde qui ne demande qu'à vivre dans son pays et y apporter sa contribution par son intelligence. C'est possible, cela ne sera pas facile avec les empêchements de tout ordre. Tout le secret de la gouvernance est justement de mobiliser le plus grand nombre autour d'une utopie seule capable de sauver l'Algérie quand la rente ne sera plus là.
(*) Ecole nationale polytechnique


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