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L'innocence qui côtoie la jungle humaine
JOURNEE MONDIALE DE L'ENFANT
Publié dans L'Expression le 01 - 06 - 2009

La place d'un enfant ce n'est pas la rue: sa fragilité, sa vulnérabilité, son innocence et son manque d'expérience ne lui permettent pas d'occuper un endroit aussi difficile qu'hostile et où sévissent les forbans et les délinquants endurcis.
Eux, ces créatures faibles, ont besoin d'être bien entourées, bien dorlotées et bien encadrées par des tuteurs soucieux de leur santé et de leur éducation, de leur formation physique et intellectuelle, de leur présent et de leur avenir. Cet encadrement et cette affection ne peuvent s'accomplir que dans un espace sain et chaleureux. Et pourtant, ces êtres délicats sont abandonnés à leur triste sort. Ils sont livrés à la rue: c'est là qu'ils vivent, qu'ils passent leurs nuits et leurs journées parmi les loups, les hyènes et les charognards. Que faire quand aucune opportunité ne se présente, quand il n'y a pas d'assistance, quand personne ne répond à leur appel de détresse? Ils n'ont pas le choix; ils se trouvent contraints de s'acheminer bon gré mal gré vers cette jungle humaine.
Le chemin de la délinquance
Ils ont entre 7 et 16 ans, ces mômes viennent de partout et de nulle part.
Ces enfants sont en âge d'aller à l'école, mais n'y vont pas. Ils sont là où ils ne devraient pas être, ils font des activités qui leur sont très préjudiciables et qui altèrent profondément leur santé. On les trouve dans les zones hostiles à leur nature...avec ce que cela suppose comme tentations. On les croise dans les stations de transport vendant du chewing-gum, des journaux et du chocolat, à proximité des bars vendant des cigarettes aux viveurs et aux amateurs du paradis artificiel, ceux qui fuient la réalité désolante et se réfugient dans l'alcool, ou encore dans les stades où ils animent le marché noir des billets. Ils sont engagés par les maîtres de ce trafic illicite. Et s'ils ne sont ni gigolos ni petits commerçants, ils sont alors petits délinquants. Ils pratiquent le pickpocket, l'agression à l'arme blanche, le cambriolage. La chose n'est pas nouvelle, elle date depuis des siècles, puisque le monde n'a pas changé, il garde toujours et encore le même visage hideux de l'injustice, de l'exclusion, de la discrimination, il affiche la même nonchalance à l'égard de ces victimes. L'exploitation de ces êtres chétifs et inoffensifs continue en dépit des slogans lancés çà et là prétendant qu'ils bénéficient d'une bonne protection. Les choses n'ont pas changé depuis les eunuques des temps anciens jusqu'aux travailleurs et délinquants mineurs de la nouvelle époque, celle du progrès. Le principe de travestissement de l'enfance est toujours de rigueur, seuls ont évolué les procédés assurant ce projet malveillant. Déjà au XIXe siècle, l'écrivain anglais Charles Dickens nous en a livré un exemple, nous a donné un modèle, celui d'Olivier Twist dans son oeuvre portant le nom de ce héros de roman noir. Le sort qu'a connu cet enfant lui a été scellé par la misère: il était issu d'une famille miséreuse, ce qui en a fait une proie facile pour les mafieux qui l'ont récupéré et fait de lui un criminel. C'est le cas de Lotfi, un enfant naturel. Depuis sa venue au monde, il était condamné à une vie de malheur et de souffrance. Son âge, c'est à l'adolescence qu'il l'a su grâce à Baya qui l'a pris en charge, et l'a inscrit à l'état civil. C'est ainsi que Lotfi a pu accéder au rang de citoyen, qu'il a reçu la preuve de son existence et de son appartenance à la société, il a fallu le concours d'un citoyen pour qu'il ait enfin un extrait de naissance comme tout le monde, depuis 2001. Il sait qu'il est né en 1985, une date approximative, bien sûr. Seulement cette reconnaissance ne dépasse pas le simple statut, car pour ce qui est des droits il n'en a rien reçus.
Après cette prise en charge très brève qui a duré six mois, il a retrouvé la rue, l'espace où il a grandi. Baya qui est mère de trois enfants, tous adolescents, était obligée de mettre un terme à cette protection qu'elle lui a offerte, car il était devenu un danger pour son fils à qui il a appris les mauvaises habitudes contractées dans la rue telles que sniffer de la colle. Il est perdu. A cet âge relativement avancé, il est très difficile de l'éloigner de ces pratiques très nuisibles et lui faire éviter cette déchéance, à moins qu'on le fasse bénéficier d'une assistance sociale assurant sa rééducation. Mais les seuls soins dont il jouit lui sont offerts par la police qui vient le chercher sous les arcades de la ville où il passe ses nuits avant de la traduire devant la justice pour des délits qu'il est supposé commettre, et à chaque fois, il est condamné à un an ou deux de prison.
Pour éviter les descentes policières nocturnes, il change parfois d'abri en se réfugiant dans les couloirs des immeubles de la rue Gambetta; la cachette dure quelques jours, puis elle est découverte suite aux dénonciations des habitants. C'est ainsi que Lotfi passe sa vie, il fait continuellement la navette entre la rue et la prison, la destination qui lui est dictée par la police qui ne trouve pas mieux que cet endroit pour le redresser. L'innocence est perçue comme étant un crime qu'il faut châtier. Pour condamner quelqu'un, les autorités sont tenues de procéder à des investigations, elles ne doivent pas se contenter de traiter des faits, de juger sur la mine, d'appliquer les mêmes règlements à tous les individus indistinctement.
La déperdition, un phénomène inquiétant
D'après les statistiques, plus de 1000 élèves quittent l'école chaque année, parmi lesquels 600 du deuxième cycle de l'enseignement de base.
Excepté quelques privilégiés qui sont inscrits à l'école privée, les autres qui sont la majorité, se retrouvent dans la rue. Leurs parents n'ont pas les moyens de répondre favorablement à leurs besoins, alors ils se trouvent obligés de quitter la maison paternelle et tenter leur chance ailleurs; ils se prennent en charge eux-mêmes. Bien qu'ils soient encore mineurs, leur entrée dans la vie adulte se fait précocement. Certains d'entre eux plus ambitieux avec des idées plus audacieuses s'orientent vers l'immigration clandestine et tentent leur chance en dehors des frontières. Ils empruntent la barque de la mort à laquelle très peu échappent pour se retrouver entre les griffes des autorités étrangères qui les renvoient à la misère des centres de rétention tant redoutée. Les dernières interventions opérées par les éléments des gardes-côtes dans les eaux territoriales de la wilaya de Annaba, se sont soldées par le repêchage de plus de 85 prétendants à l'immigration clandestine en moins de 72 heures, parmi eux 11 mineurs âgés entre 16 et 17 ans. C'est pour dire que l'inconscience de ces jeunes, associée à l'absence d'un minimum de prise en charge, notamment en matière de réinsertion, a fait que ces jeunes encore enfants ignorent les conséquences de leurs agissements, au point de chercher l'autonomie au détriment de leur propre vie.
Ces milliers d'enfants et de jeunes livrés à eux-mêmes, n'ayant aucune culture et fréquentant des endroits malfamés sont des candidats potentiels à la délinquance et à la criminalité.
Le grand danger auquel ils sont exposés et qui, par ricochet, menace la société dans sa totalité est leur récupération par les dérives extrémistes. Les maîtres de la rue, activant au profit des barons de la drogue prospectent le terrain à la recherche de jeunes recrues pour être «insérées» dans le milieu du banditisme et le trafic en tous genres. C'est là la première marche d'une longue carrière dans les milieux hostiles, réprimés par la loi et traqués par les vigiles des droits de la société.
De ces droits, ces enfants n'auront connu que le droit à la maltraitance, la mal-vie et la prison. Si aujourd'hui la Journée mondiale de l'enfance est célébrée pour un tel événement aussi universel que traditionnel, l'enfant est le moins concerné, car ils sont des dizaines, voire des centaines à ignorer que le 1er juin est leur journée.


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