Une fois encore, les Fennecs ont offert à 35 millions d'Algériens une nuit de gloire dans un extraordinaire climat de fête. Klaxons, feux d'artifice, youyous, cris de joie, chants mais aussi larmes de bonheur, embrassades et jubilation jamais égalés. Telle a été la nuit inoubliable de dimanche à lundi. Une nuit de liesse tout en couleur offerte généreusement par les Verts aux millions de supporters à travers les quatre coins du pays. «C'est le plus beau jour de ma vie. Merci à nos joueurs qui nous ont rendu le sourire et réconcilié avec l'espoir», clamera, des larmes plein les yeux, Chérif, jeune supporter de 19 ans, qui a tenu à exprimer sa joie en se bariolant de couleurs vives et en brandissant le maillot de l'équipe nationale. «Cela n'est que la preuve que même de petits Fennecs peuvent battre de grands Pharaons avec un tonitruant score de 3 buts à 1. Nous sommes fiers de nos braves frères qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes pour relever le restige de notre Algérie», a explosé Ghani, jeune architecte de 37 ans, venu de la wilaya de Tissemssilt pour soutenir ses idoles. Quant à Abderrahmane, la vingtaine, il avoue: «Je suis venu de Tizi Ouzou avec douze compagnons, tous des cousins et des amis. Nous sommes arrivés à Blida tard dans la soirée de samedi. On a dormi à la belle étoile, avec des jeunes venus de différents endroits d'Algérie. On a tout partagé: argent, nourriture et même des drapeaux et des banderoles.» Tout ému et contenant difficilement sa joie, il ajoute: «Outre l'amour et le plaisir du football, ce match nous a permis de nous lier d'amitié avec tous ces jeunes de régions, de niveaux, de cultures et de tendances politiques différentes». Quelle plus grande preuve d'amour et de tolérance que celle-ci? Le football, longtemps décrié n'est pas seulement une source de violence, il est également un ciment solide entre les enfants de ce pays et les liesses de la soirée de dimanche ont tout résumé. Abritant la rencontre dans le cadre des doubles éliminatoires: Coupe du Monde et Coupe d'Afrique des Nations au su stade Mustapha-Tchaker, Blida n'est pas près d'oublier ces moments forts. Elle a été la nuit dernière, le théâtre des plus belles images d'un bonheur et d'une fierté longtemps désirés. Des moments d'un bonheur intense comme seuls les Algériens savent en faire. Des moments qui ont rappelé les grandes joies historiques de ce pays: le 5 Juillet 1962, jour de l'Indépendance, les Jeux méditerranéens de 1975 quand l'Algérie avait battu l'équipe de France ou alors le 16 juin 1982, jour de la victoire de l'équipe nationale contre l'Allemagne. Ressemblant à une jeune mariée parée de ses plus beaux atours, la ville des Roses a vécu, à l'instar de toutes les villes et jusqu'aux villages les plus reculés d'Algérie, l'une des nuits les plus folles de son existence. A peine l'arbitre a-t-il donné le coup de sifflet final de la rencontre, que des milliers de supporters, hommes, femmes et enfants ont investi les rues et les placettes de toutes les villes algériennes pour fêter «l'honneur sauvé». L'exploit a été retentissant, il valait la peine et il restera gravé dans toutes les mémoires. «Je ne comprends rien au sport, encore moins au football. Seulement, je suis sortie avec mes enfants et mes voisins pour manifester toute mon allégresse. Je suis heureuse de savoir que l'Algérie peut se permettre de relever la tête. Merci à nos enfants qui ont su être dignes de notre confiance», a avoué Saliha, cette Blidéenne à la soixantaine passée, qui conduisait une Peugeot Partner où étaient entassés, tant bien que mal, des jeunes et des moins jeunes. Car un triomphe de cette taille, et de surcroît face à une équipe qui a éliminé la nôtre à deux reprises, ça se fête par les supporters, à tout prix. Et comment! Une précieuse victoire tant attendue leur a été offerte par l'équipe nationale algérienne face à son éternelle rivale égyptienne. Matmour, Ghezzal, Djebour et leurs compagnons étaient les acteurs de cette nuit de bonheur qui s'est étalée jusqu'au petit matin. Le retour chez eux des fans de l'Equipe nationale, venus d'un peu partout, a été des plus joyeux et s'est fait avec force exhibition d'une joie bon enfant dans une ambiance de partage et de complicité. De nombreux supporters véhiculés ont offert, de déposer d'autres jeunes moins infortunés, venus assister au match avec les poches vides mais avec un coeur rempli de toutes les émotions et d'espoirs les plus fous. Hier encore, la joie se lisait sur les visages. Dans les cafés, les marchés et les administrations, la discussion ne tournait qu'autour des prouesses de Antar Yahia, Halliche, Belhadj et leurs camarades qui ont «gagné le match avec l'art et la manière». Toute l'Algérie bénit ces valeureux joueurs qui ont pu, contre vents et marées, redorer le blason du football algérien, et ouvrir une voie plutôt favorable aux qualifications pour le Mondial et la CAN. Alors bravo Saâdane, et mille mercis à ses protégés qui sont, désormais, les protégés de 35 millions d'Algériens.
