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Une médecine à double vitesse
SANTE
Publié dans L'Expression le 12 - 10 - 2009

Qui d'entre nous n'a jamais eu maille à partir avec nos services hospitaliers?
Que ce soit pour un proche parent ou pour soi-même, la moindre admission passe souvent par le bon vieux piston, et le niveau de l'intervention se situe d'année en année de plus en plus haut, voire au niveau du ministre. Sans remettre en cause les substantiels progrès enregistrés ces dernières années dans l'accueil, l'orientation et la prise en charge médicale des patients au sein des hôpitaux du pays, il faut reconnaître que les chantiers ouverts par la Réforme des hôpitaux sont encore immenses. Un peu partout et presque dans tous les services, on observe d'énormes nuisances et d'indescriptibles perturbations. Des dysfonctionnements (parfois effarants) qui, si aucune réponse concrète et rapide ne leur est apportée, iront en s'amplifiant et ouvriront plus largement la voie à deux médecines distinctes. Une médecine imposée aux plus pauvres et une médecine payante pour ceux qui ont les moyens de se soustraire aux affres du secteur médical public. Deux pratiques médicales parallèles qui mettent déjà à mal, voire ruinent les principes d'équité et de justice sociale auxquels semblent pourtant tenir fermement les plus hautes autorités médicales du pays. Pendant que les nantis pourront ainsi bénéficier d'une prise en charge digne et efficace dans les cliniques privées, les couches sociales les plus défavorisées et tous les laissés-pour-compte seront obligés de faire face à l'énervement des services administratifs mais aussi parfois, au zèle et au mépris de certains personnels soignants. Tout cela pour recevoir des soins qui ne seront que rarement conformes aux standards internationaux. Trop de patients rencontrés par notre Commission évoquent «la galère du bureau d'accueil», «les délais d'attente interminables» ou encore «l'énervement et le stress de personnels soignants dépassés».
Même une fois admis à l'hôpital, les pauvres patients ne sont pas au bout de leur peine. A l'intérieur des services médicaux, les malades sont confrontés à des fléaux comme l'absence de diligence, le mépris, les retards et même l'absentéisme de certains médecins. Parler des pénuries en tous genres, des interminables pannes techniques serait, dans ce contexte, presque anecdotique. Le plus grave, c'est que certains médecins n'hésitent plus à «orienter» leurs malades vers des structures privées qui, nous l'imaginons très bien, savent se montrer «reconnaissantes» avec ces «rabatteurs» d'un nouveau genre. Conjuguée à l'incivisme et au manque d'éducation de certains de nos concitoyens, cette situation engendre un climat qui, tout le monde en conviendra aisément, n'est pas du tout propice à une pratique médicale sereine mais aussi au processus de guérison des patients hospitalisés. Comme nous l'expliquait si bien un patient auquel on refusait depuis de longues semaines une prise en charge médicale, «les personnes qui ont des connaissances ou des relations atteignent leur but sans coup férir, que ce soit pour l'obtention d'un rendez-vous en vue d'une consultation, ou pour bénéficier de soins urgents ou d'une place pour un malade». Comment expliquer ces attitudes anormales, ces comportements aberrants (qui confinent parfois au ridicule) dans des structures censées donner réconfort et procurer espoir et courage à ceux qui s'y rendent? On peut bien entendu évoquer la fatigue et le manque de moyens humains, mais notre expérience du terrain nous permet de penser qu'il s'agit avant tout d'un problème de gestion des admissions en milieu hospitalier.
Comme tout le monde a pu le constater un jour ou l'autre, les différents hôpitaux d'Alger sont saturés et même au bord de l'asphyxie pour certains. Entre les malades qui «débarquent» de leur propre initiative dans un service spécialisé sur simple «recommandation» d'un ami médecin, et les patients décédés en cours d'évacuation en raison d'un aiguillage hasardeux, les grands hôpitaux de la capitale sont en effet plongés dans un chaos indescriptible. Sans doute en raison de son image, au demeurant fausse, d'unique centre médical d'excellence du pays, la capitale n'arrive plus à absorber le flot de patients. S'il est difficile de faire admettre à une personne qui souffre qu'elle a emprunté le mauvais parcours ou qu'elle a sauté une étape du processus de prise en charge médicale, je pense qu'il est en revanche possible de prévenir ce désordre quasi organisé en agissant en amont. Un travail de prévention qui passerait d'abord par un état des lieux des réelles capacités de gestion des hôpitaux de tout le pays. Ce petit audit nous montrerait certainement le large fossé qui peut séparer la théorie de la pratique, mais nous révélerait également une multitude d'habitudes néfastes qui parasitent le processus de prise en charge des patients. Cela peut sembler très étonnant, mais certains spécialistes de l'intérieur du pays ne disposent pas d'une carte sanitaire à jour. En effet, notre Commission a plus d'une fois observé des habitants de grandes et importantes wilayas du pays être dirigés vers le CHU Mustapha ou l'EPH de Aït-Idir pour des pathologies légères qui auraient très bien pu être prises en charge localement, et cela avec les mêmes équipements de pointe et les mêmes compétences médicales. Comme l'expliquait notre Commission dans l'une de ses précédentes communications, ce désordre généralisé pourrait très bien être évité grâce à la simple mise en place d'un réseau télématique, qui permettrait aux médecins spécialistes et aux structures de santé qui «alimentent» les services de santé spécialisés de connaître en temps réel les disponibilités d'accueil de ceux-ci. A côté de cet important problème d'intendance, la «fuite» de nos plus éminents spécialistes pose également un problème de taille. Chirurgiens, pédiatres, cardiologues... gynécologues émérites: ils sont chaque année plus nombreux à quitter leur poste en milieu hospitalier pour de meilleurs horizons, souvent dans le privé et de plus en plus fréquemment, à l'étranger. S'il est évident que le secteur privé aura toujours des arguments sonnants et trébuchants pour attirer les compétences, l'administration sanitaire doit toutefois avoir à l'esprit que la notion de «médecine de qualité» est indissociable de la notion de «coût». Un coût qui doit impérativement reconnaître à sa juste valeur les compétences et les valeurs humaines du spécialiste de santé. Sans aller jusqu'à demander les sommes «faramineuses» offertes aux médecins occidentaux, on peut par exemple proposer un alignement des salaires de nos compétences médicales sur celles de nos plus proches voisins, des pays (comme le Maroc et la Tunisie) qui ont su retenir leurs meilleurs médecins.
Des pays auxquels nous n'avons rien à envier tant sur le plan des compétences que sur le plan des moyens. Parmi les autres mesures que l'on peut envisager pour retenir et stimuler nos meilleurs éléments, on peut notamment penser à la création de nouveaux «centres d'excellence» à travers le pays. Ces centres de soins spécialisés et performants pourraient être plus facilement alimentés en moyens humains en proposant aux médecins affectés dans ces régions reculées une meilleure prise en charge de leurs besoins matériels et un certain nombre d'avantages en nature. Quoi qu'il en soit, un travail d'apparence colossal mais cependant d'une solution très simple, attend les responsables de la santé, et cela à tous les échelons. Ce défi est d'autant plus actuel et important qu'il intervient au moment où des informations concordantes font état d'un probable mouvement de personnels dans les structures de santé publique.
Un mouvement qui toucherait les directeurs d'hôpitaux ainsi que les directeurs de santé de wilaya. Espérons juste que ce changement de cadres dirigeants ne s'apparentera pas à un simple jeu de chaises musicales, sans qu'aucun objectif précis et qu'aucune notion de compétence, d'éthique et de qualités personnelles ne soient associés à ces nouvelles affectations.
Comme nous venons de le voir, la qualité des soins repose sur l'engagement de tous. Du simple agent de sécurité au professeur le plus compétent, en passant par les responsables administratifs, tout le monde doit se placer au service des patients. Il en va de l'avenir du secteur national de la santé et, par-delà, du bien-être de notre population. Pour ce qui est de notre Commission, (contrairement aux autres institutions étatiques dotées de moyens matériels et humains importants), elle reste ouverte aux préoccupations médicales de nos concitoyens à travers son numéro vert: 3045. Il s'agit d'une ligne d'écoute et d'orientation, entièrement gérée par des bénévoles qui, en dépit des aléas techniques, essaient tant bien que mal de répondre aux sollicitations dont ils sont l'objet.
(*) Président de la Commission nationale de la santé et des droits du malade (ASCA)


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