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Matoub aurait 54 ans aujourd'hui
ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DU REBELLE
Publié dans L'Expression le 24 - 01 - 2010

Beaucoup de questions ne cesseront jamais de tarauder l'esprit de ses fans, ceux qui l'ont aimé et admiré de son vivant et ceux qui ont respecté sa mémoire.
Toute la Kabylie aura une pensée particulière pour le Rebelle, aujourd'hui, à l'occasion de l'anniversaire de sa naissance. Il est toujours déplorable que ces dates symboliques ne soient pas accompagnées de festivités à la hauteur de ce qu'il était et de ce que symbolise Matoub Lounès. Beaucoup de questions ne cesseront jamais de tarauder l'esprit de ses fans, de ceux qui l'ont aimé et admiré vivant et de ceux qui ont respecté sa mémoire depuis 1998. Si Matoub était là! Une réplique qui revient sur les bouches, à chaque fois qu'un événement nécessite une prise de position courageuse et digne. Depuis sa disparition combien de fois n'a-t-on pas entendu et lu qu'il ne reste plus grand chose de la chanson kabyle de qualité. Depuis le départ prématuré de la locomotive du combat identitaire amazigh, il n'y a plus de véritable voix discordante. Matoub Lounès aurait 54 ans aujourd'hui si les forces du mal n'avaient pas décidé de s'en prendre à l'innocence et à la sincérité personnifiées. La frustration engendrée par la disparition de Lounès Matoub restera vivace car l'artiste qu'il était, le militant et l'homme qu'il était sont irremplaçables. Cette mort absurde nous a ravi un artiste exceptionnel qui est allé au fond de lui-même pour donner le meilleur qu'un barde puisse livrer à ses compatriotes. Quand il drainait les foules au début de sa carrière, à la fin des années soixante-dix, personne ne prenait au sérieux ce montagnard qui s'en foutait éperdument des apparences et de la diplomatie. Idir, en lui donnant un coup de main lors de l'enregistrement de son premier album, ne s'attendait pas à ce que Lounès aille aussi loin, qu'il allait révolutionner à sa manière la chanson et la poésie kabyles et détrôner tout ce qui était présenté comme étant «des génies» en la matière. Matoub était d'une spontanéité déconcertante dans la gestion de sa carrière artistique. Spontané mais il avait évolué avec beaucoup d'intelligence. Ce n'est pas un hasard s'il a commencé par une strophe prémonitoire dans sa chanson Assagui ligh. Il était loin d'ignorer à quoi il s'exposait en décidant de toucher au feu. Rabah Ou Ferhat, un artiste ayant connu Matoub adolescent, témoigne que déjà à l'époque, il était courageux. Il n'en faisait qu'à sa tête. Rabah Ou Ferhat nous a confié que Matoub Lounès était quelqu'un qui n'avait peur de rien, ni devant les attaques ni devant les dangers. Une seule chose pouvait ébranler et mettre Matoub Lounès dans tous ses états, selon notre interlocuteur: l'indifférence: «Il ne pouvait pas supporter qu'on ne lui adresse pas la parole», témoigne Rabah Ou Ferhat. Lors de son passage à Bordj Menaïel et aux Issers, Matoub avait déjà mis le pied à l'étrier artistique. Il ne lâchait pas sa guitare alors qu'il n'avait pas encore bouclé ses seize ans. La prise de conscience identitaire précoce de Matoub Lounès reste mystérieuse. Pourquoi Matoub était-il révolté à ce point du fait que sa langue était exclue de tout espace public? La question requiert plus d'une réponse. A partir de son premier album, sorti en 1978, Matoub a donné le «la». Ceux qui pensaient que ce premier album allait faire long feu se trompaient. En effet, une chanson de fête Ahya tulawin qui a eu un succès retentissant, a failli faire oublier le reste. Le reste est constitué de chansons plus profondes et thématiques. Une poésie élaborée et un lexique recherché qu'on ne trouvait nulle part ailleurs dans la poésie kabyle. Des mots que Matoub allait puiser dans le terroir et dans les lexiques réalisés à l'époque par l'académie berbère. Les fans allaient découvrir que la langue kabyle était riche d'un vocabulaire insoupçonné. Matoub allait briser le recours excessif aux emprunts, largement pratiqué à l'époque par la quasi-totalité des poètes, y compris par le précurseur Si Moh Ou Mhand que Lounès admirait tant. Sur le plan poétique toujours, Matoub n'a pas hésité à faire usage de vers de Si Moh ou Mhand afin d'illustrer sa pensée. Matoub avait compris mieux que quiconque que la meilleure oeuvre artistique est celle qui puise sans complexe aucun dans tout le patrimoine de ses prédécesseurs. Matoub a ainsi longuement écouté et analysé l'oeuvre de sommités comme El Hadj Mhamed El Anka et Cheikh El Hasnaoui. C'est en se mesurant à ses aînés que Matoub a pu s'élever à un niveau jamais égalé auparavant dans le domaine artistique. Matoub avait une force qu'il puisait du fond de son être et de son âme: c'était celle de transformer les malheurs de la vie en des forces le poussant à aller encore et encore plus loin dans la création. Le mépris que lui réservaient les intellectuels de sa région n'avait fait qu'attiser sa verve. Ceux qui lui dressaient des bâtons dans les roues ne comprenaient rien à ce phénix qui ne cessait de renaître de ses cendres. A ce Rebelle qui ne craignait rien, même pas la mort. Il ne fuyait pas le danger car il était pur. L'art était ses béquilles. Jamais dans l'histoire de la chanson kabyle, un artiste n'a été aussi prolifique. En 1979, il a produit quatre albums en moins d'une année. Jamais, il n'avait failli à la tradition de rebondir avec des oeuvres magistrales qui résistaient au temps et à l'invective. Sauf en 1995, après avoir vécu quinze jours l'enfer, entre la vie et la mort, à la suite de son kidnapping, Matoub Lounès a affronté tous les usurpateurs que la Kabylie, comptait. Contrairement à ce qui pouvait être pensé, les détracteurs de Matoub se comptaient parmi les siens. Ceux qui faisaient de tamazight un cheval de bataille voyaient en Matoub Lounès un danger car il mettait à nu leurs desseins malsains dans ses albums et lors de ces spectacles animés dans les différents stades de la Kabylie. Avant 1988, Matou était exclu par tout le monde sauf par son public. Il était indésirable auprès des médias, d'activités artistiques mais aussi dans les actions que menaient les militants de la cause berbère qui faisaient mine de ne pas prendre conscience de l'aura de Matoub. Parallèlement à la percée naturelle de Matoub Lounès, les laboratoires fabriquaient des artistes qu'on présentait comme étant engagés et auxquels on servait des cachets faramineux, logements et locaux commerciaux pour services rendus. Matoub Lounès dénonça cette pratique dans son album Arwah Arwah. Car au moment où on remplissait l'escarcelle des artistes de service, on colportait des rumeurs folles sur le Rebelle. Ce dernier était accusé d'être un pion du système parce qu'il n'avait pas été arrêté en 1985. Ce genre de rumeurs, prête à rire aujourd'hui. En écoutant les chansons de Matoub sorties dans les années quatre-vingt, on se demande s'il y a eu un autre artiste qui est allé aussi loin dans la dénonciation des pratiques dictatoriales de l'époque et du fanatisme religieux d'une façon aussi directe.
Mais Matoub dérangeait, car il avait désigné la vérité comme un élément sacré. Cette vérité faisait peur à tous ceux qui avaient quelque chose à se reprocher. C'est pourquoi, Matoub allait évoluer en autarcie mais son public lui a donné tout ce qui lui a été enlevé. Même au-delà du public, l'histoire a fini par lui donner raison car il n'y a que la vérité qui triomphe. Pour le confirmer, il suffit de faire un tour aujourd'hui dans son village à Taourit Moussa.


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