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«L'Etat doit affirmer davantage sa présence»
MALEK CHEBEL À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 22 - 08 - 2010

«la liberté c'est un combat. C'est plus un ordre sociétal qu'il faut gagner. C'est un combat des lumières contre l'obscurantisme qui ne touche pas la charia du tout et qui va au-delà de la charia même.»
«L'Islam est porteur de modernité», c'est partant de ce constat que s'articule la pensée de Malek Chebel, anthropologue des religions et philosophe algérien né en 1953 à Skikda. Rencontré à l'hôtel El Djazaïr, ex-Saint Georges, Malek Chebel s'est évertué à nous démontrer ce qu'est l'Islam des lumières en nous proposant une brèche afin de sortir notre pays de sa crise. Ecoutons-le.
L'Expression: Quelle est la place que peut occuper la liberté dans l'Islam d'aujourd'hui sachant que celui-ci est basé sur la charia laissant peu de place au libre arbitre?
Malek Chebel: Vous confondez la charia qui est un code juridique, vous restreignez la liberté à ce que le dogme veut bien nous laisser. En fait, la liberté c'est un combat. C'est plus un ordre sociétal qu'il faut gagner. C'est un combat des lumières contre l'obscurantisme qui ne touche pas la charia du tout et qui va au-delà de la charia même. La charia c'est un dogme de gestion, de gouvernance de la société musulmane et puis c'était plus valable au temps des khalifa, nous ne sommes plus à cette époque. Nous sommes dans des Etats de droit, des Etats-nations qui fonctionnent sur un droit positif.
Pensez-vous que l'Islam peut s'accommoder de la laïcité dans les pays musulmans?
Moi, je dépasse la laïcité, je parle de modernité. Je pense que l'Islam est porteur de modernité. Indéniablement, et là encore, on ne peut pas le mettre à la sauce stricte de la laïcité. On le voit bien de toute façon car les gouvernants même sont plus ou moins contaminés par le phénomène religieux, ce qui fait qu'il n'y a pas de séparation entre les deux corps. C'est un peu utopique de penser que la laïcité peut être à l'ordre du jour ici.
Quelle est donc votre définition de l'Islam moderne?
L'Islam des lumières, c'est un Islam qui est compatible avec le progrès et avec tous les éléments que la civilisation matérielle des hommes est capable de proposer à ses citoyens. C'est un Islam qui est compatible avec les différents types de gouvernements auxquels on peut s'attendre. Finalement, c'est un dépassement de l'Islam de crise dans lequel nous sommes.
Je ne sais pas si vous avez vu le documentaire Musulmans de France de Karim Miské, si tel est le cas, qu'en pensez-vous?
J'ai une idée très précise sur les musulmans de France. C'est une communauté qui cherche sa place, qui ne la trouve pas et ne peut pas la trouver dans les termes actuels du débat.
C'est assez pessimiste comme constat...
Tant que l'Islam, dans les pays où il est chez lui, ne propose pas une image positive et flatteuse de ce qu'il est et de ce que sont les musulmans, je ne vois pas comment les musulmans de France vont arriver seuls à dépasser la contradiction civilisationnelle entre l'Occident et l'Islam.
Les musulmans sont une petite minorité, un petit groupe. On n'est pas nombreux par rapport au milliard six cent millions de musulmans dans le monde. Je peux vous dire que tant qu'il y a la confrontation et la tension est forte dans les terres musulmanes, l'Islam de France ne sera pas protégé et donc, de ce fait, ne sera pas intégré comme il devrait l'être.
Et pourtant, c'est la deuxième religion en France...
C'est la deuxième religion de France mais tout est relatif. Les chrétiens sont 60 millions et les musulmans quatre millions, cinq millions tout au plus, les juifs, cinq cent mille. C'est donc abusif de dire ça, c'est uniquement pour colmater car au fond, on est peut-être la seconde religion en nombre mais la dernière en poids.
Justement, comment avez-vous perçu cette affaire de la burqa en France et celle de l'imam polygame. Ne pensez-vous pas que c'est trop de bruit autour, a fortiori, sur des éléments symboles de l'Islam?
C'est attristant. C'est attristant des deux côtés. Qu'on arrive en 2010 à traiter des questions comme la burqa, cela veut dire qu'il y a vraiment un vide abyssal en termes de concept et en termes de volonté de résoudre les problèmes. Je pense qu'on est pris dans le cercle vicieux de la gouvernance morale du fondamentalisme musulman parce que la burqa n'est pas un item maghrébin de l'Islam occidental, encore moins français bien sûr.
C'est un item comme je dis «afghanistanais» c'est-à-dire un mélange entre Afghanistan et Pakistan. C'est un vêtement national ethnique qui n'a rien à voir avec l'Islam. Que des idéologues musulmans arrivent à l'imposer comme un vêtement universel de l'Islam, je trouve cela...chapeau!
Comment expliquez-vous donc cette généralisation du voile en Algérie? Car si le terrorisme a diminué, le phénomène du voile a pris de l'ampleur, une sorte de rééquilibrage des moeurs?
Le phénomène est beaucoup plus complexe et l'Algérie n'est que la caisse de résonance de tout ça. Il y a une idéologie globale qui prend en charge la gouvernance de la planète musulmane et l'Algérie n'est qu'un lieu d'expression.
Que faut-il faire alors pour sortir notre pays, l'Algérie, de ce marasme?
Les pays musulmans, dans leur ensemble, ne pourront sortir de la crise que s'ils trouvent et développent des mécanismes économiques et politiques suffisamment solvables et crédibles aux yeux de leurs citoyens et du monde. Sans cela, je ne vois pas de sortie de crise dans l'état actuel du rapport de force. Il y a un rapport de force actuellement plutôt défavorable
Notamment vis-à-vis de la femme...
La femme est le lieu d'expérimentation de toutes les hypothèses de travail.
Je dirai que vous l'avez bien «travaillé» dans vos recherches. Vous en arrivez à quelle conclusion?
Déjà pourquoi les parenthèses, j'ai toujours travaillé sur la femme de façon claire, explicite et sans ambages et sans jamais mettre un frein à ma curiosité. Je peux vous dire que dès l'instant où on me pose un interdit le matin, le soir j'ouvre un dossier dessus.
On me dit c'est un tabou. Le soir il y a déjà un dossier qui est ouvert dans mon ordinateur. La femme est un groupe social qui m'intéresse beaucoup parce qu'il est le lieu exactement de confrontation de toutes les idéologies. De son statut, de la nature de son évolution, du positionnement qu'elle occupe dans le champ social on peut déterminer très facilement les orientations futures.
On le voit depuis 10 ans, l'islamisme a pris le pas largement sur les autres formes de socialité, en tant qu'idéologie et de ce point de vue là, je pense que nous n'avons pas d'idéologie de rechange, sinon d'aller vers plus de méthodes dans les systèmes de gouvernance et peut-être revoir de fond en comble les systèmes éducatifs et surtout, à mon avis, repositionner le curseur moral. Il faut que l'Etat affirme son positionnement et sa place dans tous les cas de figure.
Il faut que l'Etat affirme sa présence partout et par tous les moyens possibles. Toutefois, je pense qu'en Algérie il y a beaucoup de gens qui sont passionnés par la notion de gouvernance et ils savent le faire.
Je ne viens pas en Algérie pour formuler à la place des protagonistes ce qu'il faut faire pour sortir leur pays de la crise.


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