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L'excellent symbole de ‘Aouinet El Foûl
LA BRÈCHE ET LE REMPART DE BADR'EDDINE MILI
Publié dans L'Expression le 03 - 11 - 2010

Une reconstruction littéraire pour restituer toute l'authenticité de la tragédie dont avait souffert le peuple de Constantine en l'année 1837 et après, est une oeuvre pie.
L'an de grâce de l'ère chrétienne avait, en ces journées de malheur porté aux Constantinois par les trois colonnes d'assaut du corps expéditionnaire français fort de ses généraux (Valée, Rulhières, de Caraman,...), de ses colonels (Lamoricière, Combes, Corbin,...) et de ses compagnies d'élite (1200 hommes dont 100 hommes de la légion étrangère, plus 400 de réserve, des zouaves y compris), failli à la double tradition religieuse et humaniste de l'Occident de répondre au cri de grâce des populations civiles à bout de forces, tandis que la Ville aux assaillants surarmés redoublait du côté de la brèche ouverte dans la muraille par l'ennemi...Autant de symboles éclatants ont été tirés de cette Résistance populaire spontanée dans le premier roman de Badr' Eddine Mili La Brèche et le rempart (*). Ce titre nous oriente directement vers la pertinence du sujet: histoire, société et civilisation de la Constantine de la Seconde Guerre mondiale à l'indépendance du pays. Une saga familiale fantastique y évolue et nous entraîne dans de multiples histoires individuelles qui ont du sens.
Dans Le Second Faust, V, Johann Wolfgang Goethe s'était persuadé «que tout ce qui passe n'est que symbole». Sans doute, ce membre éminent des «Illuminés de Bavière» et humaniste incontesté, n'ignorait pas que le symbole est le fruit de la réalité et de l'idéal. Autrement dit, s'il avait connu l'oeuvre négative de la colonisation française en Algérie et ce qu'elle avait fait là, à Constantine (il est mort le 22 mars 1832 à Weimar, à l'âge de 83 ans, un mois après avoir achevé son Second Faust et 20 mois avant la prise de Constantine le 13 octobre 1837), il ne se serait pas rangé du côté de «l'homme pressé qui cherche la porte et passe devant». Ce n'est pas avec la batterie de 24, les obus de 12 et la mousqueterie des Français enflés de rage et tenant en mépris les soldats de Ahmed Bey et la population constantinoise et «après un sanglant combat de rues et au prix de lourdes pertes humaines» (Mathilde Larrère, historienne) que l'on tend la main pour civiliser un peuple libre, particulièrement cultivé et paisible!...Comment donc la brèche pratiquée dans le mur d'enceinte de la ville par l'artillerie de l'armée française assaillante ne resterait-elle pas une blessure profonde dans les esprits d'aujourd'hui qui savent l'Histoire?
Aussi est-il bon, je pense, de lire, d'une part pour comprendre combien sont heureuses, justes et précieuses les recherches méticuleuses de Badr'Eddine Mili et, d'autre part, ce qu'en écrivait, dans ses souvenirs en 1855, le maréchal de Saint-Arnaud, alors capitaine de la légion, sous le colonel Combes, pour se faire une claire opinion sur l'agression militaire française de 1837 contre le peuple de Constantine: «À un signal donné, chaque peloton de cinquante hommes devait s'élancer de la batterie au pas de course, traverser l'espace de cent mètres qui nous séparait de la brèche et la franchir. [...] L'explosion avait, dans son désastre, eu ce côté avantageux pour nous qu'elle avait [...] facilité l'entrée de la ville; une porte, une voûte, et plusieurs maisons avaient sauté. [...] À droite était la brèche, mais à environ trois cent pas. [...] Cette rue, frère, c'est la rue marchande de Constantine, garnie de chaque côté de boutiques sans étages [...] C'est dans cette rue où l'on marchait jusqu'aux genoux dans des cadavres et dans le sang, que nous avons perdu le plus de monde. [...] Mes hommes tombaient et pour ne plus se relever, car toutes les blessures étaient mortelles [...] Cet obstacle nous venait d'une grande maison à droite, à plusieurs étages, et qui semblait en feu tant elle nous envoyait de mitraillade dans des fusils de remparts, des tromblons, etc. J'ai su depuis que c'était la caserne des soldats du Bey. [...] Quelle scène, frère, quel carnage, le sang faisait nappe sur les marches...pas un cri de plainte n'échappait aux mourants; on donnait la mort ou on la recevait avec cette rage du désespoir qui serre les dents et renvoie les cris au fond de l'âme... [...] J'ai vu là bien des morts, j'ai fixé bien de ces terribles et poétiques figures de mourants qui me rappelaient le beau tableau de la bataille d'Austerlitz. [...] C'est là, qu'à côté de moi, se promenant tranquillement au milieu de la rue, encourageant tout le monde de l'exemple, du geste et de la voix, l'intrépide [colonel] Combes fut atteint d'une balle...»
Mais il me faut revenir à la belle oeuvre de Badr'Eddine Mili. D'emblée, il nous installe face au décor et à la vie de la Constantine suppliciée: «Aouinet El Foul, littéralement La Petite Fontaine des Fèves, est le nom donné à ce quartier populaire, accroché à une ravine située en contrebas de la ville de Constantine d'où se lança à l'assaut de la cité, le 13 octobre 1837, la deuxième colonne militaire française commandée par le colonel Combes...» Nous entrons dans un univers, à la fois, extraordinaire et merveilleux et au sens plein de chaque terme. C'est plus qu'un récit, plus qu'un roman, une histoire authentique, dénaturée par des historiens d'une époque révolue, reprisée par Badr'Eddine Mili, délicatement au fil de vérité de l'art de conter juste, semblablement à ces «gouals versés dans l'art de la ciselure des rythmes». Formé au journalisme professionnel, rompu à la vie politique et syndicale, féru d'histoire, de sociologie et d'ethnologie, fin communicateur, dans ce premier essai réussi, il nous propose un genre littéraire intelligent, c'est-à-dire éducatif et instructif. Il procède d'une pédagogie qui défie toutes les doctrines installées dans les laboratoires hors champ social: il nous parle avec son coeur et avec beaucoup de raison. Et l'on pourrait constater ici et là un couple d'idées amies inséparables se tenant par la main de l'art d'agir: la politique et l'idéologie. Est-ce là une autobiographie, peut-être, dans la mesure où l'auteur ranime la légende du jeune Mustapha Hamadène à travers un siècle mouvementé où les petites tribus d'autrefois (les Ouled Ali, les Mechati,...les Kebaïl-El-Hadra, les gens du piémont) et d'aujourd'hui sont passées et passent en nous donnant en héritage leur nom, leur vie simple et saine, leur noble obsession de sauvegarder et d'enrichir inlassablement notre patrimoine identitaire dans toutes ses formes de civilisation. Nous retiendrons un nom mirifique «Stopha», héros de la saga, et les nombreuses allusions, - au vrai les nombreuses situations des dizaines de personnages qui défilent sous nos yeux illuminés d'un bonheur de lire des vies au destin merveilleux que seuls les souvenirs authentiques savent restituer aux authentiques lecteurs d'un livre au sujet plein de vérité et d'amour intime introduits par l'auteur pour dire nettement sa seule patrie.
Sans doute, à la fin du conte, à Stopha «ça lui fera un frisson dans le dos d'admettre qu'il avait rompu le cordon ombilical avec Dar-Errih et Aouinet-El-Foul...» Une ère nouvelle commence avec l'indépendance: naissent des espoirs, des illusions, des désillusions aussi. Des questions sont posées, incertaines: tant de choses à prendre, tant de choses à apprendre, tant de choses à oublier, tant de choses à inventer,...L'Algérie doit rester l'Algérie, celle de l'action créatrice de progrès et de justice. Sinon que seraient demain les personnages tels que Stopha (Mustapha, diminutif de «Mousmous, Fousfous, Fousseïfissa,...), Zouaki (Zakia, «la pure bien aimée»)... et Hamadène dont la famille historique tient à poursuivre son destin en ouvrant toujours plus grandes «les portes de la connaissance avec la volonté de préparer une succession intellectuelle aboutie et confortable»? Sans doute des réponses nombreuses seront données bientôt aux nombreuses questions qui se posent à l'Algérie d'aujourd'hui et déjà de demain... Le lecteur et l'auteur sont désormais liés par: La Brèche et le rempart!
(*) La Brèche et le rempart de Badr'Eddine Mili, Editions Chihab, Alger, 2009, 334 pages.


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