Après la générale donnée jeudi dernier, cette pièce sera programmée aujourd'hui à 16h et les dimanche, lundi et mardi à 19h. Femmes séquestrées, homme errant avec son bébé sur les bras à travers la ville et le pays, une autre femme agressée, violée et mise au pilori, cagoulée. D'autres femmes trouvées en lambeaux. Oppression et pression. Des intellectuels emprisonnés pour leurs idées et des Etats occidentaux qui tentent de réguler le terrorisme tandis que d'autres s'emploient à subventionner leur guerre civile tout en criant à l'aide et à la solidarité humanitaire. Des images de façade qui cachent mal des manipulations chimériques et d'ingérence occidentale qui pille et jalouse le pétrole de ces pays mêmes qu'elle prétend soutenir alors qu'elle subventionne les bras qui les chassent et les dépossèdent de leurs richesses. Une scène vide, un écran sur lequel est projetée une vidéo: un extérieur nuit, murs d'une cellule, une prison et puis le désert et son pipe-line... Un sujet fort qui n'est pas loin de nous plonger de plain- pied dans l'actualité politique qui secoue le monde. Les personnages sont anachroniques comme le temps de cette pièce que le public a eu à apprécier, jeudi dernier, lors de sa générale donnée au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi. Le rôle hypocrite des Nations unies, Le Congrès américain, le G8, l'ONU, la CIA et le Mossad, tous sont invoqués pèle-mêle et caricaturés dans leurs plus vilains vices et cruels desseins. Le metteur en scène de cette pièce, Hamma Meliani, dit utiliser un «théâtre d'éveil» pour parler de ce qui se passe dans le monde bien qu'il ait choisi volontairement «l'autocensure» comme il est suggéré dans le choix des noms des personnages. En effet, ces derniers s'appellent Zamilovitch, Habibouvitch, Eitch, Magdalina ou encore Jonas. De la Révolution russe à l'offensive majeure lancée par Anouar el-sadate dans les années 1980 contre les intellectuels égyptiens, au Printemps arabe 2011, l'Histoire ne fait que rebondir et gerber son mal-être, ses sempiternelles bêtises et à la face du monde. Le concept de choc des civilisation, lancé par les occidentaux à propos des pays musulmans est un concept de haine. On devrait parler plutôt de complémentarité des civilisations. Ce sont la CIA et le Mossad qui ont créé le terrorisme pour que les gens s'entretuent. Le metteur en scène jette une pierre dans la mare, place des indices, lance des phases parfois lourdes de sens, mais parfois dignes d'un sketch télé, qui feront assurément rire la salle et c'est là où le rythme de la pièce change. Une manière de délasser le public? Si ce dernier rit à gorge déployée en réponse à certains dialogues crus et dénués d'intérêt, il cède au final au silence à la seconde partie de la pièce où l'émotion prend le dessus et étrenne dans son sillage la réalité de façon mélancolique, ponctuée d'espoir et de poésie. La folie meurtrière et les tentatives désespérées d'immolation sont mises en exergue dans certains tableaux révélant toute la puissance scénique de Rêve du père. Sans doute un rêve de paix et de changement, de liberté et de tolérance pour tous. Une quête criée à haute voix par les protagonistes de cette pièce qui dérange par moment, happe l'attention parfois, mais ennuie par instant. «Après l'Afghanistan, l'Irak, voilà qu'on veut sauver la Libye tout en lorgnant sur ses biens, il y a beaucoup d'ingérence...», nous confiera M.Meliani de Batna. Au niveau de la distribution, ce sont une douzaine de comédiens qui ont pris part à cette pièce de théâtre qui décrit les enjeux et les bouleversements que connaît le monde musulman, tout en soulignant le combat de ces sociétés pour un avenir meilleur pour leurs enfants. Enfin, elle met en scène la souffrance humaine de ces populations qui, malgré une grande prise de conscience de sa situation, n'arrivent pas à se débarrasser et se libérer du joug de l'obscurantisme et des dictatures qui sévissent dans le monde. Né le 21 mars 1950 en Algérie, Hamma Meliani est auteur dramatique, metteur en scène connu et reconnu par ses pairs. Il compte à son actif une dizaine de pièces de théâtre dont des adaptations à succès, qui ont reçu de nombreux prix. rêve du père est programmé au TNA aujourd'hui à 16h et les dimanche, lundi et mardi à 19h.
