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«Mon policier est authentiquement algérien»
LE DOYEN DES BEDEISTES RACONTE SON HISTOIRE AVEC SA BD
Publié dans L'Expression le 11 - 05 - 2011

Haroun Tazieff a raconté sa terre, Mouloud Mammeri a bien relaté sa Kabylie. Le doyen des bédéistes, Saïd Zanoun, raconte ici ses histoires avec la bande dessinée.
L'Expression: Peut-on connaître, un tant soit peu, Saïd Zanoun?
Saïd Zanoun: Je suis né le 28 novembre 1934 à El-Mouradia, ex-La Redoute. J'ai eu une enfance malheureuse. Mes parents ont divorcé alors que j'étais âgé de trois ans. J'ai perdu mon père au moment où je commençais à m'habituer à la vie de citadin. Mon oncle paternel étant mobilisé dans l'armée française, pour subvenir aux besoins de ma famille, on m'a fait quitter l'école.
J'ai exercé comme cireur, porteur de couffins aux marchés Meissonnier et Clauzel. C'est d'ailleurs là que j'ai connu Madame Bernhard, étudiante en pharmacie qui m'a promis de me recruter dès qu'elle aura son officine. A l'âge de 12 ans, je travaillais comme livreur de vin dans la cave de Tireman à Alger. Peu de temps après, j'ai été engagé dans l'officine de Bernhard. A partir de là, plusieurs horizons se sont présentés traçant de manière claire ma vie. D'abord, j'ai suivi les cours du soir pour obtenir le CEP à l'école Lelièvre à Bab El Oued.
Faisant connaissance de Bertrand Fridman, fondé de pouvoir à Gazolux, une boîte de publicité du frère à mon patron, j'ai réalisé un travail titanesque qui lui a considérablement plu. Cela s'est passé en 1951, j'étais âgé de 17 ans.
Un jour, je trouvai dans une salle où je devais prendre des cours, le directeur d'une agence du Crédit lyonnais en retraite qui m'a aussitôt adopté. Une femme, encore une femme, véhiculée, habitant le Golf, me prenait avec elle matin et soir. Ces deux personnes m'ont été d'un apport important en me prenant totalement en charge. Le premier me prodiguait le soutien logistique chevalet, feuilles de dessin tandis que la femme m'assurait le transport au quotidien.
Vous avez exercé le métier de dessinateur dans plusieurs journaux coloniaux.
J'étais le premier à introduire la culture algérienne dans la presse coloniale. L'histoire a commencé tout simplement. Alphonse, un coiffeur exerçant dans le boulevard Bugeaud, m'a sollicité pour lui réaliser, le portrait d'une femme bien coiffée, le but étant d'orner la façade de son salon. L'ayant fait, j'ai signé l'oeuvre sous les initiales SAZ, Saïd Zanoun.
Le directeur de L'Echo d'Alger, client du salon, ayant remarqué l'oeuvre, est venu chercher après moi. Il m'a orienté chez Dimanche matin qui paraissait le dimanche. Là, ca n'a pas marché étant donné que je n'étais pas français.
Pierre Jacques, un autre client du même salon, le responsable de «La Dépêche magazine, qui dépendait de La Dépêche quotidienne appartenant à l'armateur Schaffino, m'a pris en concurrence. Mes dessins, illustrations humoristiques, bandes dessinées de Djeha, contes avec style algérien étaient tellement appréciés de tout le monde qu'ils ont fait le bonheur du magazine. Mes collègues, Albert Adret, Jean Jac, Edmmond Taddei, José et autres, m'ont voué une grande admiration. Je pars avec Jacques Arres à la Fantazia, nouvelle parution domiciliée à la rue Marrai de Belcourt.
Comment êtes-vous arrivé à la radio?
Encore une femme à l'origine, la chanteuse kabyle Kherfellah Ourida qui m'a incité à écrire pour la chaîne kabyle. En 1953, elle me présenta directement à Saïd Rezzoug, responsable de la chaîne kabyle qui me mit en contact avec Madjid Bennaceur et Hamid Benhalla, animateurs de la revue du dimanche. Ils adaptaient en kabyle mes travaux que j'écrivais en français. J'ai interprété bien des rôles aux côtés des grands artistes comme Arezki Nabti, Chérif Nadir et Ali Abdoun. Ce fut le grand départ à la radio. En 1956, j'écris en français l'Affaire Marrouche, pièce policière.
C'est Ali Abdoun qui s'est chargé de la transcription en kabyle. De 1956 jusqu'à 1959, j'ai réalisé avec ce dernier treize pièces.
Parlez-nous un peu de votre célèbre oeuvre intitulée Bururu, le hibou?
Les Anglais ont le loup garou, symbole de la rage, les Français, Dracula, le Vampire, Quasimodo, qui sont créés sur la base d'électrodes et autre robotique, la momie égyptienne est synonyme de remords. C'est là que naquit l'idée de faire quelque chose de propre à nous, Bururu.
Mais pourquoi spécialement le hibou?
Il a certes l'apparence moche, horrible mais pour moi, c'est le plus bel oiseau du monde parce qu'il a plusieurs costumes avec ses divers plumages, de beaux yeux et la meilleure tête. Il est doux et serein. Il est critiqué parce qu'établi dans les cimetières. Mais il ne faut pas se leurrer, ces cimetières sont des lieux de quiétude et de paix. L'homme, qui a quelque chose à se reprocher, a peur de se rendre dans les cimetières. Le hibou a bien compris cette évidence, raison pour laquelle il a choisi ces endroits sachant que personne ne viendra l'embêter. Quand il se met à draguer, c'est un Roméo séducteur. L'homme, de par ses superstitions, croit que les cris nocturnes du hibou sont des appels à la mort. La pauvre bête, s'adressant à sa dulcinée, la chouette, ne fait aucun mal. D'ailleurs, cette chouette lui répond du plus profond d'elle. Je dirais encore mieux, le hibou protège la santé de l'homme en tuant les vecteurs de plusieurs maladies comme la peste.
Dans votre oeuvre, vous avez, pour ainsi dire, changé beaucoup de règles en choisissant d'écrire sur la joie et le bonheur, étiez-vous en quête de votre propre style?
Dans ma vie, j'ai toujours aimé, su et pu relever les défis et amateur des intrigues que je voulais mettre en scène. Le Kabyle qui est voyageur, conteur et nostalgique regorge, de ce point de vue, de beaucoup de belles choses. Je me suis alors dit pourquoi pas faire autre choses que la misère, la pauvreté, l'orphelinat. L'idée de créer le «Commissaire Saïd Amara» a alors pris les dessus.
Dans cette oeuvre, j'ai tenu à ce que mon policier soit authentiquement algérien. Les officiers et commissaires anglais et français mangent du cochon, le mien consomme du mouton et du boeuf. Ils boivent du whisky, le mien, qui est amateur du couscous, prend du café. Le message transmis par mon policier est que le commissaire algérien était apte à signer les grandes enquêtes en utilisant toutes les technologies de pointes. L'oeuvre, signée et créée en 1956 a eu un franc succès.
Peut-on connaître votre palmarès, ne serait-ce qu'approximativement?
Plus d'un demi demi-siècle de labeur a été couronné par pas moins de 283 textes radiophoniques en langue amazighe, 34 autres textes radiophoniques en arabe, 9 autres en français et 7 textes filmés pour la Télévision.
On dit que Mohamed Hilmi vous a été d'une grande aide, est-ce vrai?
Faux et faux, c'est de l'affabulation. Contrairement à ce qu'il a rapporté dans son livre, Mohamed Hilmi ne m'a jamais aidé dans quoi que ce soit dans la réalisation de mes oeuvres. Au départ de mon parcours, Ali Abdoun traduisait mes oeuvres que je réalisais en français. Puis Saïd Rezzoug, voulant imposer un nouveau style dans la radio, m'a incité à écrire mes oeuvres en kabyle. Chose que j'ai fini par bien faire.
Pensez-vous rassembler vos oeuvres dans un travail biographique?
Effectivement. Je suis déjà dessus. Trois personnes se chargent du projet et chacune d'elle s'attelle à une période précise de mon parcours. Les enquêtes du commissaire Amara Saïd passeront en priorité.


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