Le tube de l´été, chanté sur tous les tons, revient en force en cet hiver maussade avec de nouvelles pénuries prévues par-ci, des hausses de prix annoncées par-là. Rengaine certes connue et usée jusqu´à la moelle mais qui, pourtant, revient avec constance tous les trimestres. Quand ce n´est pas le lait, c´est la semoule, ou l´huile, ou vice-versa, ou c´est la pomme de terre qui joue quasiment aux divas, faisant éclater la mercuriale et atteignant des prix qui placent le tubercule au rang des raretés dignes de figurer aux enchères de Sotheby´s. Certes! Ceci dit, reste toutefois la question lancinante: mais que fait donc le gouvernement quand la priorité qui l´interpelle depuis des mois reste cette hausse injustifiée des produits de large consommation? Il fallait voir, mardi soir à Alger, les impressionnantes queues pour le lait pour se convaincre que quelque chose est bel et bien pourri dans la République, nous faisant revenir à la triste époque du PAP (le fameux Programme anti-pénurie). Le lait cela fait des mois qu´il tient, sans désemparer, le devant de la scène sociale sans qu´une solution ne lui soit trouvée dans un sens ou dans l´autre, les promesses du gouvernement de prendre en charge les différentiels (entre le prix réel et le prix affiché) étant demeurées sans effet, sinon sans lendemain, selon les producteurs. Ce qui les a incités à mettre à l´arrêt leurs unités de production, privant le consommateur de ce produit très sollicité. Tout cela pour quelques dinars que le gouvernement semble encore hésiter à sortir et à mettre sur la table au moment où les caisses de l´Algérie n´ont jamais été aussi bien fournies. Ce n´est même plus une économie de bas de laine, car cela va à l´encontre de toute politique sociale qui prenne en compte aussi bien les besoins des consommateurs que les demandes des producteurs et transformateurs des biens de consommation. La récurrence de ces affaires de lait, pomme de terre, semoule, huile et autres denrées de consommation, participe en vérité d´un mauvais scénario dans lequel le gouvernement fait montre à tout le moins d´un laxisme avéré quand il n´estime pas prioritaires les préoccupations sociales des Algériens, sinon comment comprendre cette persistance du problème. Or, ces affaires de pénurie, ou de hausse des prix, sont devenues, par leur force répétitive, un rien triviales mettant en exergue l´impuissance du gouvernement à maîtriser la mercuriale et surtout à apporter les solutions appropriées et «en temps réel» aux problèmes récurrents que posent les produits de large consommation dont l´Algérie est une grande importatrice. Ce qui -notons-le- met en danger la souveraineté même du pays. En effet, il n´est pas du tout normal que l´Algérie importe près de 80% de ce qu´elle mange (que cela soit en produits finis, semi-finis, ou de matières premières telle que la poudre de lait importée à 100%). Aussi, l´urgence du moment pour le gouvernement est bien de réfléchir à la manière de réduire notre dépendance vis-à-vis de l´importation et voir comment valoriser la production nationale pour qu´elle réponde plus et mieux aux besoins du pays. Dès lors, la priorité est celle-là, ne peut être que celle-là pour mettre un terme aux crises du lait, de la semoule ou autre pomme de terre.