Saâdane est depuis mardi en pèlerinage aux stades européens pour une dernière «prospection» pour un éventuel renforcement de l´effectif des Verts. Voilà en vérité, une situation peu banale qui voit le coach national aller ratisser les fonds de tiroirs des clubs européens pour tenter de trouver l´oiseau rare. Pour avoir été de ceux qui ont mis en exergue l´apport, ô combien bénéfique, qu´a constitué l´émigration algérienne aux résultats - à tout le moins - flatteurs des Verts, force pourtant est de s´interroger sur le soudain afflux tous azimuts vers un Onze national dont nous n´avons pas souvenance qu´il ait attiré autant de convoitises. Certes, c´est là une bonne chose pour l´Algérie de «récupérer» ses meilleurs cadres évoluant à l´étranger, d´autant plus qu´aucune équipe africaine, l´Algérie également, ne peut aujourd´hui se passer de ses joueurs exilés, sans lesquels l´Afrique ne ferait pas le poids dans les joutes internationales. Les éliminatoires pour le Mondial 2010 et la dernière Coupe d´Afrique des Nations (CAN) en Angola l´ont d´ailleurs largement démontré pour y revenir. L´injection aux EN des joueurs professionnels émigrés est devenue un paramètre incontournable pour le football africain aujourd´hui. Le faible niveau des équipes et clubs «locaux» africains, notamment algériens, montre bien, hélas, que le football africain intra-muros n´est toujours pas compétitif et concurrentiel et n´a aucune chance de s´imposer au plan mondial dans une période plus ou moins prévisible. Les sensations créées en 1982 par l´Algérie en Espagne - victoire sur le colosse allemand, l´un des meilleures teams de l´époque - la récidive en 1990 par le Cameroun en Italie, qui mit au pas la grande Argentine, le tonitruant succès en 2002 du Sénégal en Corée, qui fit plier et redescendre sur terre le champion en titre, la France, sont autant de faits d´armes éclatants, dus essentiellement aux joueurs expatriés. Même s´il faut nuancer pour l´Algérie de 1982 où il y eut une excellente osmose entre joueurs locaux et joueurs émigrés. Ce n´est plus le cas en 2010 où l´Algérie s´est alignée sur cette norme pour ne pas périr. Toutefois, ces victoires - ô combien exaltantes pour les ego nationaux africains - ne doivent pas cacher le vide abyssal en Afrique en matière d´infrastructures, d´investissements et de formation. Et l´Algérie n´échappe pas à ce schéma qui privilégie la facilité de «l´importation» de joueurs performants «prêts à l´emploi» plutôt que de former par ses propres moyens ses futurs cadres du football. La formation cela coûte cher, certes, mais c´est une action qui dépend d´abord des clubs. Or, ceux-ci, singulièrement les clubs algériens, sont des gouffres à finances qui n´ont été d´aucun apport au relèvement du niveau des footballs africain et algérien locaux. L´Etat algérien a alloué des milliards de dinars au sport en général, au football en particulier, sans que cela se traduise sur le terrain de l´investissement rentable et de la formation. Combien de clubs algériens - qui pourtant brassent des milliards à perte - disposent de centre de formation: l´alpha et l´oméga du football moderne? Au point que ce qui est normal partout ailleurs en Europe, (les centres de formation des jeunes footballeurs) devient une curiosité, un phénomène, en Algérie, où l´on vient d´Europe pour voir l´Académie de football du Paradou AC, à laquelle les médias français ont consacré des documentaires. Un leurre en fait, l´arbre qui cache la forêt, quand il en faut des dizaines pour parler formation. En réalité, dans l´euphorie de la victoire de 1982, l´Algérie avait abandonné ce qu´elle avait commencé à entreprendre par la réforme de 1977, dont les premiers fruits furent justement l´équipe de 1982 qui faisait alors écho à la première et seule présence de juniors algériens à une Coupe du Monde (Japon 1979). De demi-mesures en demi-mesures, on a ainsi perdu de vue l´essentiel, se rabattant sur l´accessoire. Le voyage européen de Saâdane participe à donner aux Verts de faire bonne figure en Afrique du Sud.