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“Il faut un institut de stratégie globale”
M. ABDELHAK LAMIRI, CONSULTANT EN ECONOMIE, A LIBERTE
Publié dans Liberté le 23 - 02 - 2009

Le bouleversement écologique planétaire est une réalité que nous subissons de plein fouet. Agir pour l'environnement sous-entend aujourd'hui la conception et la mise en pratique de nouvelles règles politiques, économiques et sociales. Du discours politique au terrain, il y a une littérale rupture : les préoccupations environnementales sur le plan économique, notamment, achoppent sur des velléités d'un réel changement. Le docteur Abdelhak Lamiri, spécialiste des questions économiques, nous explique la raison de cette léthargie.
Liberté : L'économie environnementale en Algérie, qu'en est-il concrètement ?
M. Abdelhak Lamiri : Il faut dire qu'il est extrêmement complexe de faire un état des lieux. Je dirai que nous sommes en phase de commencer à prendre conscience de l'importance de cela. Il fut un temps, dans les années 1970-1980 – et jusqu'aux années 1990 – où l'on disait «il faut se développer et ensuite penser à investir dans l'environnement». Or, cela pose un véritable problème aujourd'hui. Car si l'on se développe d'une manière qui consomme beaucoup d'énergie, on ne respecte pas l'environnement, si l'on n'investit pas dans la dépollution, ce sera trop tard. C'est le cas des pays de l'Est qui ont fait des technologies très arriérées en matière d'environnement. Aujourd'hui, c'est une tâche colossale que de revenir à des normes de respect de l'environnement qui soient au moins au niveau de celles des pays développés qui cherchent encore à améliorer les leurs. Jusqu'à une certaine époque donc, nous avons priorisé le développement et occulté la dimension écologique. Ce n'est que ces cinq dernières années qu'on commence à prendre conscience de l'impact de l'environnement sur la qualité de vie et sur l'économie – je ne dis pas qu'on a fait de grands progrès – avec la création du ministère de l'Environnement et avec la budgétisation d'un certain nombre de programmes. On ne se rend pas compte que c'est économiquement rentable d'investir dans l'environnement. Il est évident que lorsque nous investissons pour l'environnement, nous engageons des dépenses qu'on «voit». Ce qu'on ne voit pas, c'est que cela a profité au tourisme, à l'environnement, à l'écologie locale et à la santé humaine. Ce qui nous fait économiser des milliards sans le savoir. Le problème avec l'écologie, c'est que les gens regardent et peuvent estimer ce qu'ils dépensent mais ne quantifient pas ce qu'ils gagnent.
Pourquoi accusons-nous encore du retard ?
Je vous l'ai dit, c'est inhérent à une culture, à une mentalité qui disait qu'il faut se développer d'abord, l'environnement ce sera pour plus tard. Dans les années 1970, 1980 et 1990, l'économisme a prédominé. C'est-à-dire, on considérait que si l'on s'industrialisait et qu'on créait beaucoup d'usines, on se développerait ; et en se développant, on règlerait tous les problèmes. On a oublié que le développement n'est pas une question d'usine mais une question de culture, de management, d'organisation, de stratégie et de développement humain. Tous ces aspects on été occultés au même titre que l'impact sur l'environnement. Cet état de fait a donné des générations d'universitaires qui ne sont pas réceptifs à cette idée d'environnement. On en parle peu, et quand on le fait, l'environnement devient le problème des pays développés. Alors que les grandes questions commencent par les petites usines, des petites émissions de CO2, etc. Et même si nous ne sommes pas à l'origine du péril environnemental planétaire, nous restons pollueurs dans le contexte de l'environnement algérien en termes de gaspillage de ressources... Le problème, c'est qu'on ne les quantifie pas. C'est un travail de longue haleine à faire notamment au niveau des structures éducatives. Il est aujourd'hui impératif de dispenser des cours d'économie de l'environnement et sur le principe du pollueur payeur par exemple. Qu'on introduise ces modules dans le cursus universitaire. Cela ne se fait toujours pas ! Il n'y a aucun module de gestion de l'environnement ou «économie de l'environnement». C'est aussi le cas des sciences économiques et des études de gestion, ces modules sont inexistants ! On va avoir des gestionnaires qui maîtriseront les outils de la comptabilité analytique mais n'en maîtriseront aucun pour réfléchir sur l'environnement. C'est sur le terrain que les gens sont sensibilisés, parce qu'il y a des lois qui obligent ces entreprises à respecter ces normes. On commence à signer des protocoles internationaux qui nous obligent à mettre un certains nombre de garde-fous au niveau de nos entreprises. Tout cela est plus mu par une pression internationale que par une réelle prise de conscience nationale.
Existe-t-il en Algérie des organismes certificateurs de l'environnement ?
Certificateurs, non. Mais il existe des consultants, voire des accompagnateurs qui aident les entreprises à faire des procédures, etc. Mais le certificateur on ne l'a pas.
Est-il normal que nous en soyons toujours là ?
Non, en effet. Car comme on commence à avoir une prise de conscience, celle-ci doit se traduire par les faits. Ce qui est important aujourd'hui, c'est d'aider à monter des bureaux d'études spécialisés en gestion de l'environnement. Nous n'en avons quasiment pas. Ils sont sinon extrêmement rares en Algérie. Nous devons aujourd'hui travailler avec des consultants, voire des gens qui ont fait le terrain, qui ont des magistères, assurer leur formation par nos amis allemands et italiens, etc. De cette façon, il sera possible de labelliser des bureaux d'études. à ce moment-là, ces gens vont former nos managers et les aider à mettre en place des dispositions qui font respecter les normes internationales en matière de gestion de l'environnement. Le second axe est d'introduire tel que précité des modules dans le système éducatif. Les solutions existent. Les pays scandinaves et l'Allemagne, pour ne citer que ces deux pays, sont très respectueux de leur environnement. Il faut copier d'une manière intelligente les réussites. Il faudrait avoir des dizaines de programmes spéciaux. Il faut faire un transfert intelligent de savoir-faire. Ce qui se passe aujourd'hui au niveau des programmes internationaux de l'environnement, c'est qu'on prend un programme d'action qu'on oriente vers une institution, comme la cimenterie de Meftah par exemple. Cette façon de cibler le «mal» s'est avérée efficace.
L'Ecolabel, un concept inconnu chez nous…
Malheureusement, oui. Je ne connais même pas d'association qui travaille sur cela. Mais on doit y arriver : avoir des labels écologiques, des produits bio. Nos amis marocains en profitent énormément. Ils ont créé des centaines d'entreprises bio qui exportent vers l'Europe où les sols sont dégradés. Il faut savoir que les produits bio coûtent de 60 à 70 % plus cher.
Il faut dire aussi que l'économie marocaine est basée sur l'agriculture
Mais nous avons de bonnes terres ! Cette année, par exemple, nous avons 40 milliards de dollars d'importations. On pourrait consacrer 10 milliards à des jeunes sortants des grandes écoles d'agronomie. Nous avons notre agriculture à développer ! En Algérie, nous créons 70 entreprises par 100 000 habitants par an. Les pays qui sont semblables créent un peu plus de 350 entreprises par 100 000 habitants par an. Cela est inhérent au fait que nos banques privilégient, voire financent, l'importation à la création d'entreprises. Si nous créons des PME, nous permettrons à nos ingénieurs de se former et de développer des créneaux intéressants, et alors il sera possible de développer une économie basée sur le respect de l'environnement et des normes environnementales internationales. Et c'est beaucoup moins coûteux pour l'Etat en termes de dépenses publiques. Il faut agir maintenant pour éviter de devoir rattraper plus tard le retard.
L'Algérie a toujours signé les conventions internationales et toujours été partie prenante dans les projets environnementaux internationaux. Or, sur le terrain, la réalité est autre ?
Il faut savoir une chose : par définition, un pays sous-développé est un pays qui ne respecte pas ses propres lois et qui ne respecte pas ses propres engagements. Nous avons signé un engagement pour la préservation du parc d'El-Kala, pourtant… C'est facile de signer des conventions.
Peut-on concilier entre tourisme, environnement et impératifs économiques ?
On ne peut pas, quand on fait du tourisme de masse, éviter d'avoir des conséquences nuisibles sur l'environnement. Mais si l'on respecte les normes et un certain nombre de dispositions, on minimise l'impact. En revanche, l'Algérie est un pays qui peut développer plusieurs formes de tourisme avec un minimum d'impact sur l'environnement. L'Algérie est le pays qui a le plus de ruines romaines dans le monde après l'Italie, elle se classe parmi les 20 pays qui ont les meilleures potentialités touristiques au monde. Mais nous n'avons pas la culture, ni la stratégie, ni l'investissement pour tirer profit de cela. Nous avons le tourisme religieux, nous avons saint Augustin, c'est le second saint du christianisme après Jésus-Christ, et ce sont nos voisins tunisiens qui l'exploitent. Nous avons le seul paysage lunaire au monde – le Hoggar Tassili – qui dérange le moins l'environnement, mais c'est faute de stratégie unique qu'il est mal exploité. Car ce qui se passe chez nous, c'est qu'au lieu d'avoir un «cerveau», voire un institut de stratégie globale qui planifie tous les secteurs, nous avons des ministères et chacun d'eux ne gère que son secteur, occultant ainsi les préoccupations environnementales. Avec l'institution précitée, la stratégie de défense de l'environnement irait de paire avec la stratégie industrielle, par exemple, etc. Il faut une réelle refondation. Il faut aller vers des villes écologiques, il faut initier l'approche. Il faut un rêve, un projet grandiose pour donner envie d'avancer. Comment voulez vous développer un pays, avoir des infrastructures écologiques et parler de développement durable ? Nous avons un système universitaire et un système de formation professionnelle délabrés, c'est une équation impossible. La première priorité est le développement humain, la modernisation de la gestion, notamment au niveau communal.
N. R.


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