Nous avons saisi l'occasion de la commémoration du drame du Boeing 737-200 d'Air Algérie qui a coûté la vie à 102 passagers pour recueillir le témoignage de Feriel, actuellement étudiante en commerce international qui ambitionne de marcher sur les traces de sa défunte mère. Un bouquet de fleurs à la main, Feriel Youcefi, aux côtés de sa sœur Imène et de sa tante, s'avance d'un pas décidé vers la stèle érigée à la mémoire des victimes du crash du Boeing d'Air Algérie en mars 2003 à Tamanrasset pour y déposer les fleurs tout autant qu'une immense douleur accentuée par les résultats de l'enquête de l'accident. “Erreur humaine” résument-ils sans aucune chance de convaincre ni les parents ni les témoins du crash qui, sur les lieux même ont vu des pièces se détacher des ailettes attestant d'un problème technique de l'avion qui a fait l'objet d'une panne au niveau d'Alger, accusant un retard de plus de trois heures. Ces détails, les proches des victimes se les racontent sans lassitude avec pour chacun la petite histoire, un coup de fil par-ci de la part du père de Raissi à son fils avec qui il avait rendez-vous pour assister à un match. Mais le père Raissi avait un tout autre rendez-vous qu'il n'avait pas prévu. La rencontre avec la mort fut plus forte et nul ne peut aller à contre-courant de l'ordre établi. “Je serai pilote comme l'a été ma mère et tout comme l'est encore mon père”, nous confiera Feriel du haut de sa fougue de ses vingt ans non dénuée d'une maturité acquise au prix fort d'un destin tragique. Une profonde tristesse mais point d'amertume, les filles Youcefi restent sur cette image de cette mère très attentionnée dont le métier, pourtant prenant, n'a jamais empêché de remplir son rôle d'épouse et de mère et pas n'importe quelle maman. “Très complice et très attentionnée et prévoyante qui laissait des petits plats avant de partir”, nous raconte Imène se rappelant la fameuse recette de gâteau de maman qu'elle garde toujours sur elle. Les filles Youcefi attendent l'aide d'Air Algérie tout comme les autres qui ont offert leur vie comme leur carrière à la compagnie. Raissi a passé 25 ans au sein de cette compagnie qui aujourd'hui emploie sa fille évoluant sur les traces de son père si estimé de tout le personnel de la compagnie. L'inconsolable maman de Khalida Kaced serre les photos de sa fille, cette belle hôtesse de l'air qui préparait ses noces. “Elle ne devait pas prendre cet avion, elle était en alerte au sol, je ne réalise toujours pas ce qui s'est passé”, a-t-elle déclaré avant de fondre en sanglots. L'instant est difficile pour tous, y compris pour les journalistes dont certains ont déjà couvert le crash en 2003, et s'en souviennent, partageant ainsi la douleur de ces gens et pour que nul n'oublie… “Ce qu'aucune vie ne vit toujours et de ce que les morts ne se relèvent jamais et de ce que la rivière la plus lasse finit par atteindre la mer”. Puissent toutes les victimes reposer en paix. N. S.